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Channel: Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
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Adresse de l’ancien médiateur des VDN aux 3 de Decanter : « Le Roussillon est une terre de mission pour une nouvelle génération de vignerons… vous êtes aveugles ! »

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Suffirait-il de s’asseoir face à une paillasse sur laquelle sont déposés 80 flacons pour avoir la prétention de porter un jugement définitif sur les vins du Roussillon ?


Bien sûr que non, car la réalité de ce territoire ne peut être saisie et comprise au travers d’une dégustation, fusse-t-elle à l’aveugle et effectuée par des dégustateurs patentés. Pousson a totalement raison lorsqu’il écrit « l'exercice de dégustation à l'aveugle et de classement des vins «est parfaitement ridicule, dépassé, ringard» «quand un système déconne, mieux vaut en changer!» «Comprendre que « le meilleur », ça n'existe pas, c'est stupide, irréaliste. Il y a des vins pour chacun, et pour chaque moment.»


Je partage aussi le point de vue de Sylvie Tonnaire dans Terre de Vins « le Roussillon est le plus beau vignoble du Sud de la France voire de l’Europe. Pourquoi ? Pour trois raisons simples : la géographie, la géologie et le patrimoine ampélographique… link


Mais, comme toute bonne dégustatrice, elle ne fait pas grand cas de l’histoire réelle du vignoble du Roussillon lorsqu’elle écrit : « Ces trois raisons simples se conjuguent à l’Histoire de la viticulture, c’est ici que sont nés les vins doux naturels, miraculeux de longévité. S’ils sont passés de mode aux yeux du plus grand nombre, pour les autres, ce n’est que du bonheur… »


En effet, l’histoire de la viticulture du Roussillon ce fut avant tout celle des VDN de masse, grandeur et chute d’une économie viticole dominée par de grandes marques. Une petite rente pour la grande masse des viticulteurs du Roussillon qui ne prédisposait guère à l’appréhension des attentes des consommateurs.


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L’Indépendant de Perpignan le soulignait dans son article « Dans son "combat" Vincent Pousson a trouvé un allié de poids en la personne de Jacques Berthomeau, contrôleur général du Ministère de l'Agriculture, bien connu en Roussillon pour avoir joué en son temps le rôle de médiateur dans un problème financier des muscats. »


Ironie du peu de mémoire du journaliste car au temps où je fus médiateur les muscats étaient l’espoir du renouveau des Vins doux, demandez-donc à Jean-Luc Pujol, alors jeune et brillant vigneron à Fourques dans les Aspres, président de la Confédération Nationale des VDN, link et le Rivesaltes devenu Grand Roussillon le désespoir des vignerons.


Lorsque je fus dépêché, en plein mois d’août, par le Ministre de l’époque Louis le Pensec, sur le conseil d’un certain Jean-Luc Dairien actuel directeur de l’INAO, c’est les stocks de Rivesaltes avaient atteint la limite du supportable et que le château de cartes artificiellement tenu par le CIVDN s’écroulait. C’était chaud : un vigneron fut embastillé pour avoir balancé un cocktail Molotov dans les chais d’un négociant qui cassait les prix. Le président du CIVDN de l’époque Bernard Dauré ne contrôlait plus rien.


L’économie de la viticulture roussillonnaise était l’une des pires de France, le revenu viticole était le plus bas de France, bref, il fallut faire sauter le CIVDN, créer le CIVR pour fédérer les vins secs et les vins doux. Faire comprendre, y compris aux politiques de l’époque la SOCODIVINS, que l’avenir du Roussillon ne se trouvait pas dans le renouveau des VDN de masse.


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Ce petit rappel historique pour dire l’état de la viticulture roussillonnaise  à l’entrée du XXIe siècle. Je n’irai pas au-delà de ce constat pour ne pas apparaître comme un ancien combattant mais j’ai passé 18 mois de ma vie, à raison de 2 ou 3 jours par semaine à sillonner le Roussillon profond. Pas pour y faire du tourisme ou de la dégustation, mais pour me frotter aux hommes de ce pays. J’ai même connu en ce temps-là un certain Hervé Bizeul en son fief qui n’avait pas encore découvert la Petite Sibérie…


Quelques questions en vrac :


-          Les Vignerons catalans, qui s’en souvient ?


-          La Martiniquaise what else ?

 

-          Le Grand Roussillon c'était quoi au juste ?


-          L’économie de Banyuls a-t-elle été sauvée par le Collioure ?


-          Celle du Maury et de sa coopé « soviétique » a-t-elle raté le bon wagon ?


-          Demandez-donc à Jean-Luc Thunevin ce qu’il pense de la rentabilité de son investissement à Maury ?


-          Quel est le poids de la coopération en Roussillon ?


-          Le Mas Amiel joue quelle carte ?


Comme le répète souvent mon vieux mentor Michel Rocard « la prise en compte de la réalité économique ne saurait nuire à la compréhension de l’avenir… » 


L’avenir économique des vins du Roussillon, les vins secs comme on dit là-bas, le « revenant bon » pour les vignerons, passe par un travail collectif de fond – qu’il ne faut pas assimiler à celui des OPA actuelles et officielles – de la nouvelle génération de vignerons pour que leur notoriété toute fraîche, bien fragile, ne soit pas détériorée ni par une engeance de dégustateurs hors-sol, ni par le poids d’une histoire qui n’est pas encore soldée… 

 

Comme mes archives sont bien tenues, mieux que celle des journalistes de l'Indépendant de Perpignan, les copies des articles sont d'époque novembre 1998 et avril 1998. La note au Ministre est elle du 9 mars 1999.


Le Taulier découvreur d’étoilé : Les Climats avec Julien Boscus accroche sa première au Michelin et je suis fier d’être bourguignon

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Qui c’est qui a titré le jour de l’ouverture : « Le restaurant les CLIMATS la plus belle ambassade des vins de Bourgogne dans notre capitale. » ?link 


Ma pomme, en dépit des ricanements d’un petit second couteau de la blogosphère du vin !


« Comparaison n’est pas raison mais pour moi « Les Climats » de Bourgogne, chers à Aubert de Villaine, sont la préfiguration de ces mondes complexes qui nous semblent impénétrables et où, comme l’aurait dit monsieur de La Palisse, il suffit d’ouvrir la première porte pour y entrer. C’est elle qu’ont choisi courageusement Carole Colin et Denis Jamet pour vous faire découvrir la merveilleuse complexité d’une Bourgogne chère à leur cœur. C’est un pari un peu fou que de vouloir faire passer le seuil d’un restaurant à des clients en ne privilégiant qu’une seule origine des vins servis en accompagnement des plats. En effet, le vin au restaurant est souvent le parent pauvre – même si son prix ne l’est pas  – simple marqueur d’une position sociale cher aux buveurs d’étiquettes. »

 


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Bravo à Carole et Denis, et bien évidemment chapeau bas au chef Julien BOSCUS, à toute son équipe, et à toute la salle des climats. En plus, ils sont sympas, Franck-Emmanuel le souriant et compétent sommelier, en tête… Il connaît mes goûts mieux que quiconque.


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Moi qui fait un peu partie des meubles, j’adore ça, je suis heureux pour eux tous !


Combien de fois ai-je seriné aux Bourguignons qu’ils tenaient avec Les Climats la plus belle ambassade de leurs vins à Paris ?link


J’ai croisé aux Climats François Rebsamen et Michel Houellebecq, ça n’a rien à voir avec le film mais j’attends François Patriat le boss de la Région.


«Être étoilé pour un chef, c’est accéder à un statut royal» par JACKY DURAND de Libé


INTERVIEW : à l'occasion de la parution du palmarès 2015 du guide Michelin, le géographe Gilles Fumey analyse les raisons d'un succès ancré dans le territoire et dans le terroir.


Internet n’a pas tué le Michelin. Pourquoi ?


La messe n’est pas encore dite, rien n’assure que le guide résistera avec la génération Y. Alors qu’ils sont très à l’aise avec les GPS, quel intérêt les geeks auraient-ils à avoir un guide alphanumérique en papier ? Michelin a dû anticiper ce déclin en lançant chaque édition avec la complicité des blogueurs qui tombent dans le panneau du buzz. En faisant de l’entrée de certains chefs dans le guide un honneur équivalent aux mots acceptés à l’Académie. En diffusant un peu d’adrénaline avant chaque sortie, la firme clermontoise se révèle très roublarde avec le Web.


La totalité de l'interwiew ICI link


Carole embrasse Lolo de ma part : link


Pour finir 2 autres chroniques du Taulier sur les Climats :


1 - Je me sens des fourmis dans les idées : j’en ai rêvé et dimanche « Les Climats » l’on fait, paroles et musiques du Taulier link


2 - Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse ! link



Un chef en cuisine, 1ère étoile Michelin par arnaud-serre

Qui m’aime me suive dans la nouvelle maison de Pierre Jancou Heimat laissons de côté la critique pour la basse-cour à bijoux…

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Comme le chantait Alain Souchon dans Poulailler’s song :

 

Dans les poulaillers d'acajou,


Les belles basses-cours à bijoux,


On entend la conversation


D'la volaille qui fait l'opinion.


Ils disent :


« On peut pas être gentils tout le temps.


On peut pas aimer tous les gens.


Y a une sélection. C'est normal.


On lit pas tous le même journal… »


Le journal, il en est un, celui de l’aîné du père Marcel Dassault, qui appointe un type « réputé et craint » qui y sévit depuis 25 ans et qui n’aime pas les blogueurs qui se prennent pour des critiques gastronomiques. Grand bien lui fasse mais, entre lui et François Simon, c’est toute la différence entre un tâcheron et une plume de talent. Il a beau se targuer d’être né entre les casseroles de ses parents ce n’est pas pour autant que son avis fait autorité sauf du côté de la basse-cour à bijoux de NAP. Faut assumer son lectorat coco !


« Parmi les blogueurs, il y a des imbéciles heureux, mais aussi des gens de talent. Comme dans le journalisme, en somme. » déclare-t-il. Ça c’est bien vrai… mais la différence entre l’imbécile heureux et vaniteux qu’il est, c’est que le blogueur que je suis est un client qui vient se restaurer au restaurant et que son avis vaut largement celui d’un gars qui ne fait que ça : un mangeur hors-sol en somme qui a ses têtes…


Que du bonheur que de démonter un gus qui dit faire l’opinion alors qu’il n’est que le poteau indicateur pour les moutons de Panurge en mal d’inspiration… et qui n'ont que le Figaroscope à se mettre sous la main.


Revenons à Heimat et à son couple : Pierre Jancou-Michele Farnesi en cuisine.


J’ai fait l’ouverture au déjeuner avec mon ami Claire et la semaine suivante un dîner en solitaire au bar, avec vue sur la cuisine, pour mieux m’imprégner du lieu.


Pierre Jancou s’est fait, pour les besoins d’un film, une tête de preux chevalier du Moyen Âge, et derrière son bar il manie le goulot des bouteilles de vin nu avec la même dextérité que la Durandal la lourde épée de Roland de Roncevaux.


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« Heimat, en allemand, c’est son chez soi, le pays où l'on naît, le village où l'on a grandi, la maison où on a passé son enfance… Vaste programme qui va bien à la grotte à manger de Pierre Jancou.


« Il y eut une époque où la langue allemande opposait "Heimat" à "ELEND", la misère. "Elend" vient de l’ancien allemand "ali-lenti" et signifie littéralement "l’autre pays",  l’étranger. Vivre "à l’étranger" était donc synonyme de vivre "dans la misère". Ce qui, implicitement, faisait de "Heimat" un équivalent de "bonheur" » link


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Dès la rue Montpensier, qui borde le jardin du Palais Royal, la discrétion de l’enseigne est de mise puisque le premier jour je suis passé à vélo sans la voir. Lorsque j’ai poussé la porte j’ai été agréablement surpris par le lieu, les photos que j’avais vu sur la Toile me donnaient un sentiment de froideur alors que dans la réalité la disposition des espaces, la simplicité, l’éclairage qui donne à la pierre un ton chaud, le bar avec vue sur une belle cuisine « ruche » m’ont de suite plu.


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Le personnel est jeune, accueillant et attentif aux clients. En cuisine Michele Farnesi qui a travaillé chez Rino ou au Caffé Stern est assisté de Federico Azzolini Stern et crippa (alba***) et de la jeune pâtissière Marion Goettle, ça tourne avec beaucoup de talent.


Et dans l’assiette me direz-vous ?


Menus à 34 € (déjeuner) 55 € (dîner) et formule à 26 € au déjeuner.


L’excellence du choix des produits et la maîtrise des cuissons sont la marque de tous les plats que j’ai consommé, pas une anicroche, un seul petit reproche : mon goût immodéré des bulots aurait été rassasié par une seconde brochette. Le minimalisme n’imposait pas cette unicité.


Deux plats emportent mon adhésion et mon enthousiasme :


-          Les linguines/couteaux/radis noir/raifort à me damner !


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-          Le poulet : yaourt/estragon/pomme de terre suave, goûteux, merci papa Godart !


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Deux autres plats, moi qui suis un frère de la côte nourri au meilleur de la mer par une mère cuisinière, m’ont aussi enchanté par leur finesse et leur justesse :


-          Les saint-Jacques/crème de salsifis/poireaux : admirables !


-          Le maquereau/ricotta fumée/puntarelle : une alliance juste magnifiant la lisette.


Les desserts de Marion Goettle sont à la même hauteur, inventifs et succulents. La brioche perdue/oranges/sorbet coriande n'a pas été perdue pour tout le monde... Top !

 

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Bien évidemment, la carte des vins c’est du Jancou à faire pâmer le Guillaume Nicolas-Brion. Mention très spéciale à Prologue de Christian Ducroux : à ne pas mettre entre les lèvres du coiffeur (au sens des mecs qui cirent le banc de touche) des basse-cours à bijoux.


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La nouvelle adresse de Pierre Jancou tient ses promesses, et surtout sa jeune équipe dispose du talent qu’il faut pour progresser, inventer sans se laisser entraîner dans un minimalisme outrancier. Mon penchant pour une belle satiété me fait toujours plaider pour la possibilité, à côté des assiettes bien dressées, d’un petit rajout que je n’ose appeler rab, quelques pommes de terre ou un petit fagot de puntarelle. Innovation bienvenue, sans grande incidence économique mais avec ce côté petit plus qui fait les belles maisons, le bonheur quoi : Heimat !  

 

J'ai inscrit Heimat sur mes tablettes : qui m'aime me suive !


La puntarelle est la chicorée des Pouilles link


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Tavernier servez-moi un vin sans cépage la com ça me saoule !

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De nos jours tous les vins, ou presque, affichent leurs cépages, même les AOC monocépage, sur l’étiquette bien souvent, sur leur contre-étiquette très souvent, sur leurs fiches dites techniques gracieusement expédiées par l’agence de communication, avec des % évidemment, dans le baratin du vigneron ou du préposé à la dégustation, ça me saoule !


Et qu’on ne vienne pas me chanter, comme la messe d’autrefois, que c’est une information consommateur, sauf sur la contre-étiquette, c’est au mieux un cache-misère, au pire la marque de la grande dilution dans laquelle se noient les vins baptisés un temps, vins de qualité VQPRD (les autres étant bien sûr de la daube). Lorsque les aides à la reconversion du vignoble furent de mise, dans les zones de vin de table, on arracha à tour de bras pour replanter des cépages dit améliorateurs : les grosses cylindrées des appellations installées : merlot, cabernet-sauvignon, syrah, sauvignon, chardonnay…


En son temps, Robert Skalli, eut l’intuition que ce réservoir de cépages internationaux devrait permettre au grand vignoble du Languedoc de consolider sa reconversion, il fut le vrai père des vins de pays d’OC, sans pour autant installer la marque internationale dont il rêvait et de finir par vendre sa boutique à JC Boisset le bourguignon. Les seules marques existantes sont nationales et liées au circuit GD.


Alors, avec ses 850 millions de cols mis en marché l’IGP Pays d’Oc est-elle, elle une marque ?


C’est son ambition, à la demande des metteurs en marché l’interprofession a lancé un appel d’offres pour la création d’une nouvelle identité visuelle, « destinée à positionner Pays d’Oc comme une marque et unifier la communication produit avec la communication institutionnelle. »


« C’est la proposition de l’agence parisienne Venise qui a été retenue. Pour écrire Oc, celle-ci a dessiné trois anneaux concentriques fermés- le O de Oc - entrelacés dans autant d’anneaux de même taille, mais ouverts -figurant le c de Oc. Et en dessous : « Pays d’Oc, Indication géographique protégée, Vins de cépages ».


Moi, j’avoue que je me perds dans ce maquis : IGP, signe de qualité, de provenance, emballé avec vin de cépage au pluriel ça nous donne une marque. Sans doute une marque ombrelle : j’adore les belles sous les ombrelles pas tellement les cépages et puis au-dessus de l’ombrelle y’a un grand parasol : Sud de France


Si ça fait vendre plus de vin, et à des prix rémunérateurs pour ceux qui les font, ça ne me dérange pas mais, très concrètement, aussi bien sur les murs de vin de la GD en France, qu’à l’export j’ai du mal à croire que le consommateur final y soit très sensible.


L’unification entre la communication produit et la communication institutionnelle ça plaît beaucoup  dans les AG d’ODG car ça permet aux gestionnaires de CVO de justifier leur ponction financière et l’utilisation des fonds.


Attention, je ne suis pas en train d’écrire que la gestion collective d’une IGP, celle de Pays d’Oc comme tout autre, est inutile, bien au contraire, mais se parer des attributs d’une marque c’est masquer la grande hétérogénéité des vins mis en marché à la fois par des particuliers, des coopératives et des négociants.


La communication institutionnelle est une chose « le nouveau logo apparaîtra progressivement sur tous les supports de communication institutionnels y compris sur les stands sur les prochains salons Prowein et Vinexpo » celle du produit en est une autre et l’apparition du nouveau logo sur les étiquettes des bouteilles et les Bag-in-Box ne me semble pas de nature à modifier sensiblement le comportement des consommateurs face aux vins de cépages d’Oc.


L’impact sur le consommateur de la communication collective, quels que soit ses vecteurs, est extrêmement faible et peu déclencheuse d’actes d’achat, car son niveau de bruit est très faible faute de moyens importants (la loi Evin y est pour rien) et sa lisibilité ou audibilité (radio) hors de portée du consommateur lambda.


Alors la nouvelle campagne de communication sur le thème « Pays d’Oc libère les sens » fera sans doute plaisir au Président, aux présidents, à certains vignerons des Pays d’Oc, moins au Pr Rigaud mais là on s’en fout, quand à madame Michu et monsieur Marcel pas sûr que ça leur donne envie…


Les cépages sont à tout le monde dans le Monde, pas sûr que leur origine prime ni chez nous, ni dans les pays où ils sont la référence : que le meilleur gagne ! Maintenant que le Gamay est de Bourgogne, que les joyeux de vin de France des adeptes des vins nus jouent avec les cépages, vouloir les capter à son seul bénéfice est, à mon avis, une entreprise assez vaine.


Le Languedoc ne pourra s’épargner à terme, en laissant de côté ses diverses boutiques, une réelle réflexion stratégique sur son socle, la base de sa pyramide : son AOC régionale et ses vins de Pays d’Oc. La confusion et l’ambiguïté ne font pas bon ménage avec les différents positionnements sur les marchés. À force de vouloir mettre tout le monde, tous les vins, dans le même sac ou plus joliment sous la même bannière on ne bâti pas une réelle notoriété et Dieu sait que le Languedoc souffre grandement d’une image qui ne reflète pas la réalité de l’excellence de ses vins.


Le récent bashing british sur les vins du Roussillon est là pour nous ramener sur terre, la communication c’est bien mais, comme le dit fort justement Hervé Bizeul : « tant que nous ne PRENDRONS PAS DE PLAISIR à VENDRE des produits dont nous serons FIERS, nous irons vers la disparition... » du moins, avec un peu d’optimisme, je dirais nous ne profiterons pas de toutes les opportunités du marché.

 

Lire cette chronique de 2013 : S’envoyer en l’air avec les Vins de Pays d’OC : une vidéo qui en dit plus long qu’un long discours…

 


 

La Rolls des pâtes d’Italie les croxetti de Ligurie chez Alessandra Pierini à déguster avec du pesto genovese et un grand blanc de Loffredo Sabino en Campanie

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Avec ce temps enfin d’hiver, pour chevaucher ma flèche d’argent, emmitouflé je suis, même la goutte au nez, et, lorsque j’arrive dans la caverne exquise d’Alessandra, tout près de l’église ND de Lorette, je goûte la douce chaleur du lieu, aussi bien celle des sourires que des calories.


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Je viens récupérer un précieux et rare flacon et je tombe nez à nez en entrant avec les Croxetti d’Alessandra, pour être franc je découvre une petite affichette où tout est dit sur les Croxetti.


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Pas le temps de respirer que me voilà embarqué dans une dégustation, sous les voutes de la belle cave de RAP, avec Loffredo Sabino vigneron à Pietracupa près d'Avellino, dans l’arrière-pays de la Campanie.


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Mais revenons d’abord aux croxetti ou corzetti qui font battre mon cœur d’ex enfant de cœur : pensez donc ces pâtes, les plus classes d’Italie selon Alessandra, ont la forme d’une hostie (2,5cm de Ø) décorées de motifs apposés à l'aide d'un poinçon en bois réalisé à la main.


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Alessandra est Génoise, et les croxetti « ont vu le jour dans les cuisines des riches familles patriciennes de la République de Gênes. Faites pour impressionner, ces pâtes étaient décorées à leurs armoiries : mets princiers pour maîtres puissants ! »


« Il ne reste plus qu'un seul artisan à perpétuer la tradition des croxetti, qui désignent à la fois les pâtes, mais aussi les poinçons en bois qui servent à imprimer les motifs qui les décorent. Pietro Picetti dont l'atelier se trouve à Varese Ligure, au sud de la Ligurie, grave ses croxetti d'étoiles, de rameaux d'oliviers, d'initiales ou de croix (qui sont avec les armoiries les motifs traditionnels et dont les croxetti tirent leur nom). Il se chuchote que l'empereur Akihito serait un client !


Ces poinçons ont deux fonctions. Le manche sert à découper la forme ronde des pâtes qui sont ensuite placées en sandwich entre le manche et la base du poinçon où sont gravés le motif qui va s'imprimer sur l’une des faces de  la fameuse hostie.


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Pour Alessandra « Les croxetti se dégustent idéalement nappés de pesto genovese. En effet, les rainures du motif absorbent et retiennent délicieusement la sauce. »


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Comme les vins de Loffredo Sabino m’ont séduit, de grand blancs sur 3 millésimes : 2003, 2008 et 2010, monocépage fiano et gréco qui sont typiques de la Campanie. Produit à 300 mètres d’altitude sur une fine couche d'argile et de sable recouvrant du compact tuf, héritage des anciens volcans les raisins prospèrent dans un climat certes très méridional mais bénéficie d’une amplitude thermique très importante.


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Ces vins, élégants, profonds, au merveilleux potentiel de vieillissement, les 2003 ont gardé une fraicheur exceptionnelle, sont d’une grande pureté, cristallins, avec une salinité remarquable pour le fiano et une pointe d’acidité que j’aime tant chez le gréco.


Les 2008 sont remarquables mais malheureusement quasi-introuvables. RAP bien évidemment vend les vins de Loffredo Sabino


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Belle découverte de 2 cuvées et d’un vigneron d’une grande simplicité…


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Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise : l’art de l’ivresse chez les poètes chinois, hommage à Liu Ling 3e siècle le plus grand buveur de l’empire du Milieu

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Qu’il est doux d’avoir de  bonnes amies qui vous prêtent des livres, Claire de la cantine d’altitude est de celles-ci. Avant même d'en avoir terminé la lecture, connaissant ma boulimie « Gutenbergienne », elle m’a confié « L’art de l’ivresse » poèmes chinois traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing Fun chez Albin Michel.  


Ils écrivent dans leur préface « Pour le poète chinois de jadis, le vin est aussi important que l’encre ou le pinceau. L’ivresse qu’il procure permet de s’accorder au cours naturel des choses (tao), d’entrer en communion avec les circonstances, d’être en phase avec le flux de l’instant éternellement présent. « Hic et nunc », comme dit le latin avec un sens évident de l’onomatopée. On dit souvent que le vin que le vin permet d’oublier. Il permet en effet d’oublier le passé, l’avenir, et de se consacrer entièrement au présent, dans une merveilleuse contemplation du monde. »


C’est le père Rigaud qui va être content, il va peut-être porter l’affaire devant les tribunaux pour incitation à lever le coude. Je compte sur le Jacques Dupont pour plaider la défense de Liu Ling, l’un des 7 sages de la Forêt de bambous, cette joyeuse compagnie de lettrés excentriques d’inspiration taoïste. « Liu Ling reste à jamais gravé dans les mémoires comme le plus grand buveur de l’empire du Milieu. »


Dans les nouveaux Propos et anecdotes du siècle, un recueil du 5e siècle, on rapporte à son sujet : « Liu Ling s’abandonnait souvent au vin. Libre et exubérant il se déshabillait et se promenait nu dans sa maison. À ceux qui lui rendait visite et l’en blâmaient il répondait : « je prends ciel et terre pour maison et ma maison pour pantalon. Qu’avez-vous donc messieurs à entrer ainsi dans mon pantalon ? »


En buvant du vin


dans le jardin à l’est il y a un pin vert


quand la végétation est luxuriante, sa belle allure


          est engloutie


mais lorsqu’il gèle, que tout le reste est flétri,


majestueusement apparaissent alors ses hautes branches


un pin au milieu de le forêt, personne


      ne le remarque


tout seul, il inspire l’admiration


j’emporte une gourde de vin et l’accroche à


      une branche froide


la vie s’écoule au milieu du rêve et de l’illusion


pourquoi rester prisonnier des filets du monde


      de poussière ?


Devant le vin


du vin de raisin dans des coupes en or


une belle de Wu de quinze ans, sur un cheval


     nain


ses sourcils peints d’indigo, ses bottes de brocart


     rouge


elle trébuche sur les mots, mais espiègle chante au banquet raffiné, ivre elle se

 

serre contre moi

 

« derrière la tenture aux nénuphars, je ne saurais te résister »


Inscrit sur le kiosque montagnard de l’ermite Ch’ui (Chan Chi)


un sentier dans les pivoines, la mousse est rouge


     vif

 

une fenêtre en montagne, emplie de bleu


    émeraude

 

je t’envie, ivre au milieu des fleurs,


papillon voltigeant dans le rêve


Inscrit dans ma cave à vin


je suis comme une grue sauvage qui s’est échappée


     de sa cage,


un frêle esquif dérivant au gré du vent


quand je me sens triste, je me rends dans un lieu


     animé


j’ai installé mes vieux jours dans la tranquillité


mon corps, que pourrait-il demander de plus ?


le ciel est généreux envers le vieillard


le vieillard, qu’a-t-il donc fait pour mériter, ainsi,


que sa cave à vin ne soit jamais vide ?


Le banquet vient de se terminer


le petit banquet en quête de fraîcheur vient


    de se terminer


traversant le pont en planches, je rentre


     sous la lune


dans le pavillon, les orgues à bouche


    et les chansons se sont tues


on descend les torches du belvédère


c’est la fin de la chaleur, les cigales semblent


      pressées d’en finir


le nouvel automne ramène les oies sauvages


pour accueillir le sommeil naissant


avant de me coucher je bois une dernière coupe


Quémandant du vin (Yao He)


j’entends dire que tu as du bon vin


il serait avec moi en bonne compagnie


il doit déborder de la jarre, limpide


    comme de l’eau de source,


et coller à la coupe, presque comme de l’huile


non seulement il doit guérir les anciennes


     maladies,


mais aussi susciter de nouveaux poèmes


ce ventre rebondi, au bout du compte,


n’est rien d’autre qu’une jarre qui ne demande


      qu’à être remplie


Au kiosque du sud (Chao Ku)


le kiosque, dissimulé au milieu d’une profusion


     de fleurs, est désert


mélancolique, je réalise qu’il n’y a personne


     avec qui partager l’ivresse


j’écoute se dissiper la cloche du crépuscule, seul,


    assis


au bord de l’eau le vent printanier soulève les pans


    et les manches de mon vêtement


Sur le fleuve, bloqué par le vent


crépuscule de printemps, l’eau et le ciel


     sont sombres, le froid vif


une pluie fine, on ferme l’auvent et la lucarne


     de la barque


j’entends quelqu’un dire que le vin du pêcheur


      est juste mûr


le soir me ravit la tempête qui se lève


Invitation à boire (Li Ching-fang)


de celui qui n’est pas ivre  devant les fleurs,


les fleurs doivent sans doute se moquer


seul m’inquiète la pluie qui ne cesse


    de toute la nuit


un nouveau printemps est sur le point de passer


des affaires quotidiennes je ne vois pas le bout,


cet humble corps a ses limites


s’il n’y avait une coupe de vin,


comment se manifesterait ma nature véritable ?


Je viens de me réveiller (Yong Tao)


dans mon cœur la joie a momentanément


     chassé la tristesse


ivre je m’allonge, le vent frais effleure la natte


      d’automne en bambou


au milieu de la nuit je me réveille, dégrisé


       du vin nouveau


un croissant de lune est arrivé jusqu’à


       mon chevet


Laissant aller mon pinceau


l’hôte de la Pente de l’est, vieillard malade


     et solitaire


barbe blanche clairsemée, pleine de givre


     et de vent


mon fils, heureux de voir que mes joues


      sont encore rouges, se trompe


je ris, il ignore que c’est le vin qui m’empourpre


Le petit kiosque sur le lac


les raisins commencent à s’empourprer, les kakis


     deviennent rouges


accoudé à la balustrade du petit kiosque,


      un vent de dix mille li


il n’est guère étonnant que depuis cette année


      ma capacité en vin ait augmenté


ici je puis atteindre la grand vide

 

Cette anthologie paraît pour la première fois en format poche et c’est un livre indispensable. 8,50 euros


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Se fendre la poire oui, mais la poire de terre, ça vous changera de la pomme de Parmentier foi d’un Taulier adepte du poiré…

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Hier j’ai acheté, à Terroir d’avenir, des poires de terre cultivées par Bérurier mais, rassurez-vous, je ne suis pas en train de me fiche de votre poire, comme Frédéric Dard, car je suis trop bonne poire pour me fendre la poire à votre détriment.


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Que la langue française est riche d’expressions qui n’ont pas toujours été du goût du pouvoir. Les caricaturistes, déjà, ont été la cible de l’autorité et l’assimilation de la poire au visage vient de là. En 1830, avec l’avènement de Louis-Philippe, l’éditeur Charles Philipon se veut le fer de lance de la résistance au gant de fer royal en débauchant des talents de la pointure de Daumier. La caricature du visage du roi en forme de poire, fruit connu pour pourrir rapidement, enflamma le peuple et les initiales LP, Louis-Philippe, collaient très exactement avec La Poire, et valut à Daumier cinq ans de prison et cinq mille francs d'amende.  Bien avant notre Flamby, le roi de France fut brocardé comme étant « La Poire de la France »


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Mais revenons au sujet du jour : la poire de terre, Polymnia edulis, qui est une plante originaire d'Amérique du Sud, le Pérou, aux tubercules comestibles et charnus. Ces derniers ont une forme qui rappelle la poire et leur peau est rouge tachée de brun. Cette poire a un goût sucré rappelant celui de la poire, tout en restant pauvre en calories mais riche en inuline ce qui lui vaut d’être conseillée aux diabétiques.


Pour les jardiniers du dimanche, du côté culture de la poire de terre sachez qu’elle « apprécie une exposition ensoleillée, un sol meuble et riche. Procurez-lui beaucoup d'espace car elle aime s'épanouir en hauteur comme en largueur (très fort développement aérien, jusque 2m de haut et sous terre). Qui plus est, elle reste longtemps en terre, puisque sa plantation s'effectue après les saints-de-glace, et sa récolte avant les grosses gelées d'hiver. »link Voir la vidéo ci-dessous.


Pour les as de la queue de casserole, sachez quela poire de terre se cuisine comme la pomme de terre : cuite à l’eau ou à la vapeur, mais contrairement à la patate elle peut se consommer crue.


Du côté recette allez consulter le blog de ma consœur : mademoiselle banane cuisine link pour tout savoir sur le gratin de poire de terre qui, selon elle, va bien avec le veau.


Comme vous le voyez, en notre vieux pays grincheux, tout peut finir sur une côte de veau poêlée au gratin de poire de terre…

 

En froid je me suis concocté une petite salade d'endives de pleine terre, fines lamelles de poire de terre et de provolone fumé...


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Et avec tout ça vous prendrez bien un petit coup de poiré !


Et ne me dites pas que tous les Français sont des veaux sinon je vais vous en mettre plein la poire… 


poiré


Comme Patti Smith j’aime les petits livres à la manière des livres de prières indiens qu’on pouvait transporter dans sa poche « glaneurs de rêves »

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Tu te trouves accoudé à un bar et tu lis. Le lieu est magique, et ce que tu bois t’égaie le cœur et envoie ton âme en des lieux qu’elle seule peut visiter. Tu es loin de tout, dans un ailleurs qui est inaccessible à ceux qui ne sont pas des glaneurs de rêves.


Me voilà encerclé par les bras de Patti Smith, je m’abandonne, je crayonne, je glane et ma gerbe, enserrée par le fil de mes propres rêves, dresse un portrait qui lui doit tout.


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Ce sont ses mots, ses phrases réassemblés au gré de mon vagabondage, qui deviennent miennes.


« Rédigé en 1991, pendant une dépression, Glaneurs de rêves est la célébration, vibrante et merveilleuse, d’une acuité poétique née au cours de ses jeunes années. »


Patti Smith invoque un âge […] où les limites du réel, encore mouvantes, engendrent des visions irréelles. De ces « vérités sauvages et nébuleuses », elle tire un mystérieux flux poétique au sein duquel des lieux et des figures inquiétantes se déploient … » Emily Barnett les Inrocks


À tous ceux qui ne savent ni ne veulent se laisser entraîner dans l’entrelac de rêves partagés je conseille de passer leur chemin.


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Ma seule ambition est de vous donner envie de lire le n° 45 7,5x10 cm publié par Hanuman Books Woolgathering 1992, en français Glaneurs de rêves chez Gallimard 10€   


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photo Edward Mapplethorpe

 

« Parfois, je me laissais tomber dans le lit de verdure et je contemplais le ciel.


On aurait dit que la carte de toute la création était tracée là-haut et, distraite du rire des autres enfants, je basculais dans une immobilité que j’aspirais à maîtriser. Là, il était possible d’entendre une graine se former, d’entendre l’âme se replier comme une nappe blanche. »


 « … l’esprit d’un enfant est pareil à un baiser sur le front – ouvert et désintéressé. Il virevolte comme virevolte la ballerine au sommet d’un gâteau d’anniversaire avec ses étages de glaçage toxique et sucré… »


« … De l’esprit on ne peut jamais être certain.


Car il virevolte comme virevoltent le chien sauvage, l’amarante, la jante d’une roue… »


« … Comme il est large, le monde. Comme il est haut… »


« … Et là on serait attiré, telles la phalène et la luciole… »


«… Les glaneurs (de rêves) accomplissent leur tâche. Sans salaire, sans contrat, avec une grâce singulière et collective… »


« … ma tâche n’avait rien d’exceptionnel : arracher une pensée fugace, telle une touffe de laine, au peigne du vent… »


« … Des bribes d’esprit humain passées, on ne sait comment, entre les mailles du filet. Prises dans un tablier. Cueillies par une main gantée… »


« … Détendu, sous le ciel, il (le cow-boy) médite sur tout et rien […] le ciel lui-même avec ses masses qui se gonflent si près qu’on pourrait attraper un nuage au lasso pour y poser sa tête ou s’en remplir le ventre. Saucer les haricots et la sauce brune avec un morceau de viande de nuage, et s’allonger pour une petite sieste. Quelle vie ! »


« … Il a accepté la majesté de son sort avec un cœur sans questions et son cadeau repose encore enveloppé devant lui : la liberté, cette satanée liberté… »


« Planté là, il cligne  des yeux dans le soleil ; et tout est si beau, putain, que ça lui serre la gorge. Il examine le terrain, la paume de sa main et ce fléau doré pendant un petit instant de vérité et voilà ce qu’il a trouvé. »


« … mon imperméable vert qui jurait avec le décor de la pièce. C’était une guenille absurde que j’adorais, en taffetas vert pomme caoutchouté, que j’avais dénichée dans un tas de fripes quelconque. Assise dans la lumière changeante au centre de la pièce, j’ai recopié le Notre-Père en araméen, espérant que quelque chose se révélerait dans l’opération. »


« … Tous les hommes sont frères. Si seulement c’était vrai. Et le marin pourrait dormir en paix dans le cratère du désert et le musulman dans les bras d’un vaisseau chrétien… »


« … Au loin, sur l’eau, on voyait des bateaux, des dizaines de petits bateaux en bois avec des voiles impeccables. La flotte d’un énorme enfant, appuyé sur un nuage pour les poser, un par un, délicat comme une aile… »


« … J’avais une migraine terrible. Elle cognait sans cesse dans mon crâne, me précipitant dans ce royaume insensé où la guillotine semble la plus alléchante des issues… »


« L’eau bouillait. J’ai rincé une poignée de menthe et versé. Pour laver tous les maux, les faire aussi insignifiants que des notes de bas de page… »


« … Un gamin vendait des journaux à la criée : DE  LA NEIGE DANS LE DÉSERT… »


« … Soudain, la fatigue m’a prise. Le jukebox passait un mélange de jazz d’ascenseur et de rock garage des sixties. Riot on Sunset Strip était projeté sur le mur du fond et Mimsey Farmer, défoncée, se débattait dans sa minirobe à fleurs tandis qu’une bande de hippies surexcités s’apprêtait à la faire passer à la casserole… »


« … Un gamin vendait des journaux à la criée : EXCLUSIF INONDATION DANS LE DÉSERT… »


« … Rien ne collait, mais tout collait… »


« … J’ai commandé un Pernod avec de l’eau… »


« … J’ai tiré sur les lacets de mes chaussures absentes et j’ai foncé droit dans l’amour… »


« … Mon souffle formait le langage mais aucun son, tandis que le ciel clair se zébrait des traces estompées de prières et de poèmes qui semblaient échappés du moteur de l’avion d’Apollinaire… »


« … Après mes prières, quand tout était calme […] Je continuais ma communion en les guettant – les glaneurs de rêves – grattant les choses disparues pour les retrouver de nouveau, même la lueur la plus anxieuse… »


« … Ces moments étaient à part, uniques. Les silhouettes n’étaient pas si insaisissables, pas si furtives. Non, elles se tenaient côte à côte face à moi, et se préparaient, vêtues des manteaux et coiffes de leur espèce ; tissés d’un fil tremblant. Baignées dans la pâle clarté, elles ressemblaient moins à des êtres humains qu’à des rangées de trembles frissonnants dont les feuilles frémissent au moindre souffle. Elles traçaient, de concert, le mystère de leur ouvrage, conspirant dans leurs mouvements pour nettoyer et magnifier l’existence dans une chanson humaine. On aurait dit qu’elles ne prenaient pas, mais donnaient, et pendant un instant le monde entier semblait béni… »


« … Un serpent dans l’herbe avec des ailes… »

 

Photo de couverture : Patti Smith CM1, 1955, New Jersey


CHAP.15 opération Chartrons, l’inénarrable Wauquiez a ressorti Guy Mollet de sa naphtaline le général de Gaulle n'aurait jamais appelé à voter pour lui

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Lors de notre première réunion de la semaine, ce dernier lundi, comme un petit air de fête flottait dans l’air. Mes troupiers devisaient gaiement en sirotant l’excellent café préparé par Emmanuel. Moi je donnais le change, j’allais de l’un à l’autre, souriant alors que je me trimballais un vague à l’âme en béton. J’aurais voulu être à cent lieues de ce lieu pour oublier. L’oublier ! Surtout ne pas se plaindre, assumer, assurer, ne rien laisser paraître, contre-attaquer !


J’ouvrais la séance :


« La vie de l’UMP, encore et toujours, est tout sauf un long fleuve tranquille, le retour loin d’être triomphal du petit connétable de Neuilly n’a pas apporté une once de sérénité, bien au contraire, ça va de mal en pis. D’autant plus qu’en face comme le caramel mou, face à l’épreuve, s’est révélé plus coriace, très duraille même, le Hollande bashing s’apaisait alors que la dernière du petit Nicolas, sa petite escapade à Abu Dhabi, le précipitait dans la raillerie et le discrédit. Et pendant ce temps-là, Juppé sur son blog, droit dans ses bottes, goguenard, se payait le luxe de brûler la politesse au boss en cavale en annonçant que, s’il votait dans la circonscription de Mosco,  ce serait pour le candidat du PS. Les résultats de la partielle du Doubs, une tuile qui, comme toujours, vous tombe sur le coin de la gueule au moment où l’on ne s’y attend le moins. Fallait dégainer le soir même, imposer son tempo, le Nico a temporisé avant de s’envoler sous des cieux cousus de beaux euros. Au bal des faux-culs Le Maire lui s’est encore distingué, toujours avec toujours son air de gendre idéal, propre sur lui mais avec un peu de merde dans la tête, pour nous asséner l’argument foireux qu’il faut respecter l’électeur de la Marine. Ça veut dire quoi au juste cette bouillie pour chats ? Ne pas insulter l’avenir, aller racoler l’électeur en le brossant dans le sens du poil, vendre sa belle âme pour une poignée de lentilles, Longueurs et Pointes, elle, n’a pas eu ce genre de coquetterie déplacée. Mais le pompon revient à l’inénarrable Wauquiez qui a ressorti Guy Mollet de sa naphtaline en nous assénant u péremptoire « le général de Gaulle n'aurait jamais appelé à voter, en pareil cas, pour son opposant politique, le socialiste Guy Mollet. J'aimerais que chacun réfléchisse à cela » concluait-il en guise de morale. Connard ! Comme l’a balancé Bussereau en plein Bureau Politique de l’UMP, à l’attention d’un autre indigent mental. Qu’un agrégé d’Histoire oubli de Gaulle a nommé Mollet dans son gouvernement d'union nationale en 1958 en dit plus long qu’un long discours. Wauquiez est un spécialiste d'approximations, d'inexactitudes et de mensonges. »


J’invite ma petite troupe à prendre connaissance de deux analyse : l’une de droite le pari risqué d’Alain Juppé d’Isabelle  Ficek des Echos et l’autre de gauche Alain Juppé au JT de France 2 : comment il a ringardisé Sarkozy sur le FN de Thierry de Cabarus sur le plus de l’Obs.


« Voter PS pour « faire barrage au FN ». Le positionnement dAlain Juppé est risqué disent certains. Totalement décalé, assènent d’autres, à moins de deux ans de la primaire à droite et au centre. Sauf que celle-ci est inédite : personne ne sait qui se déplacera pour voter en novembre 2016.


Sa position est clairement minoritaire à l’UMP quand 67 % de ses sympathisants sont pour le « ni-ni » et seuls 19 % d’entre eux pour le vote PS selon un sondage de l’Ifop pour « Le Figaro » publié ce mardi. Mais elle est dans la droite ligne de ses fondamentaux (qui ont évolué depuis les années 1990) et de sa défense d’une UMP ayant vocation à rassembler la droite et le centre, lui qui l’a fondée dans l’esprit de faire barrage au FN au lendemain du 21 avril 2002. »link


«Alain Juppé est sans conteste un homme libre et il semble prendre un malin plaisir à le montrer aux téléspectateurs, qu’ils soient de droite, du centre ou de gauche.


 On s’en est aperçu hier soir, pendant le JT de David Pujadas, sur France 2, où il est apparu à la fois serein, distancié, je dirais même rajeuni, sans pour autant ne rien céder sur ses convictions républicaines.


 Aussi bon que Sarkozy était mauvais


 À le voir ainsi poursuivre avec cohérence son bonhomme de chemin qui devrait le conduire à des primaires ouvertes à droite, à la fin de l’année prochaine, on ne pouvait que songer, par contraste, à la prestation calamiteuse qu’avait fournie son rival Nicolas Sarkozy quelques jours plus tôt, sur ce même plateau, quand il s’était cru obligé, à grands coups de mensonges et de surenchères sécuritaires, de rompre l’unité nationale après les sanglants attentats de Paris.


 À l’évidence, hier soir, Alain Juppé a démontré qu’il était sans doute « le meilleur d’entre eux », je veux parler des chefs de la droite et du centre, même si à l’UMP tout le monde, loin de là, n’en est pas encore convaincu.» link


Avant d’en terminer, à la surprise générale, je leur parle du juge Charles Duchaine, celui qui a mis Jean-Noël Guérini en examen, que j’ai bien connu au temps où il officiait à Bastia. Celui-ci dirige l'Agrasc à Paris, une agence qui s'intéresse aux biens criminels des petits et grands voyous. Depuis sa création, l’Agence a traité plus de18 252 affaires correspondant affaires à la gestion de 34 000 biens de nature très diverse (numéraires, comptes bancaires, véhicules, bateaux, biens immobiliers..), d’un montant total évalué à un demi-milliard d’euros. Chaque jour, en moyenne, elle est saisie de 20 affaires nouvelles et publie une saisine pénale immobilière.


Je conclue, en m’adressant aux plus jeunes, que l'Agrasc pour eux c’était une belle piste de job link  et link


Pour les vieux je leur propose encore de la lecture pour réveiller leurs neurones assoupis :


-         Chaffanjon : le poison Bygmalion Le Point - Publié le 05/02/2015


Nicolas Sarkozy ne voulait pas vraiment du poste de président de l'UMP, estime Charlotte Chaffanjon. Et cela commence à se voir dans ses décisions.


« Oui. Le comportement de Nicolas Sarkozy autour de cette histoire de consigne de vote est a priori incompréhensible. N'importe quel observateur prédisait un FN largement en tête au premier tour dans le Doubs. On en a parlé ici même la semaine dernière : c'était évident que la question se poserait, soit pour le PS soit pour l'UMP, d'appeler, ou pas, à faire barrage au FN. Eh bien, il semble que le sujet ait complètement échappé à Nicolas Sarkozy... Il n'avait tellement pas prévu le coup que, dimanche, à l'annonce des résultats, il a demandé un délai de deux jours avant de se prononcer sur la marche à suivre. Évidemment, les dirigeants de son parti n'ont pas attendu pour donner leur avis. NKM dans les médias, Juppé sur son blog, Fillon dans un communiqué, aucun évidemment n'ayant le même avis que l'autre... L'autorité de Sarkozy en a pris un sacré coup » link


Sarkozy, le Frankenstein de l'UMP par Renaud Dély publié le 04-02-2015 L’Obs. Politique


« Nicolas Sarkozy rêvait d'une "droite décomplexée". Il voulait bâtir une "droite sans tabou". Le voilà servi ! Douze ans de leadership idéologique sur son camp pour façonner une droite à sa main et l'ancien chef de l'Etat se retrouve débordé par ses fidèles d'hier devenus rebelles.


L'UMP n'a plus de tabou, c'est vrai, pas même celui du Chef qu'elle ose désormais défier et ridiculiser aux yeux de tous. Quelle réussite ! En s'écartant, un peu, du fameux "ni Front républicain ni Front national" pour inciter son parti à opter pour un "refus du FN" assorti d'une "liberté" allant de l'abstention au vote PS en passant par le vote blanc, l'ancien président aspirait à rassembler une droite de plus en déchirée par le cactus lepéniste. » link


Je sors, emmitouflé. Le froid me prend de face. J’enfourche mon vélo et je fonce vers nulle part. Oublier ! L’oublier !

Se donner des verges pour se faire fouetter : le Bordeaux bashing est-il une réalité ? Jacques Dupont répond…

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Comme chacun le sait, et le sieur Dupont Jacques ne cesse de le chanter sur tous les tons, non avec le chœur des vierges mais avec les confréries vêtues de longues robes, le vin est un produit de Haute culture. Culture avec un grand C, ce qui fait, qu’avant d’aborder un sujet très sérieux, je me permets de vous parler de cul avec un petit c, ça fera plaisir à Pousson qui adore les gros nichons.


L’expression « Donner, payer des verges pour se faire fouetter, pour se faire battre », signifie «fournir à l’adversaire des arguments, des armes contre soi-même».


« Une verge est une baguette de bois, longue et flexible. Elle servait à frapper, à corriger, à infliger une punition corporelle.


« Dans les livres d’images qui ont amusé mes premières années, on voyait passer le père Fouettard avec son paquet de verges sous le bras ; mais ce n’était à mes yeux qu’une métaphore (…) Jamais je déliai ma pensée en ce paquet de verges ; jamais je n’en tirai quelque baguette d’osier assouplie par l’eau, propre à couper du premier coup la peau délicate d’un enfant. »


« Propos » d’ALAIN (1921)


Mais, comme nous sommes à Bordeaux, le Bordeaux des châteaux, le Bordeaux des Grands Culs, pardon Crus, je ne dois de faire bon poids en mettant en avant les « Les Onze Mille Verges ou les Amours d'un Hospodar » de Guillaume Apollinaire.


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« Arrivé devant la porte du vice consulat de Serbie, Mony pissa longuement contre la façade, puis il sonna. Un Albanais vêtu d'une fustanelle blanche vint lui ouvrir. Rapidement, le prince Vibescu monta au premier étage. Le vice-consul Brandi Fornoski était tout nu dans son salon. Couché sur un sofa moelleux, il bandait ferme ; près de lui se tenait Mira, une brune monténégrine qui lui chatouillait les couilles. Elle était nue également et, comme elle était penchée, sa position faisait ressortir un beau cul bien rebondi, brun et duveté, dont la fine peau était tendue à craquer. Entre les deux fesses s'allongeait la raie bien fendue et poilue de brun, on apercevait le trou prohibé rond comme une pastille. Au-dessous, les deux cuisses, nerveuses et longues, s'allongeaient, et comme sa position forçait Mira à les écarter, on pouvait voir le con, gras, épais, bien fendu et ombragé d'une épaisse crinière toute noire. Elle ne se dérangea pas lorsqu’entra Mony. Dans un autre coin, sur une chaise longue, deux jolies filles au gros cul se gougnottaient en poussant des petits "Ah" de volupté. Mony se débarrassa rapidement de ses vêtements, puis le vit en l'air, bien bandant, il se précipita sur les deux gougnottes en essayant de les séparer. Mais ses mains glissaient sur leurs corps moites et polis qui se lovaient comme des serpents. Alors voyant qu'elles écumaient de volupté, et furieux de ne pouvoir la partager, il se mit à claquer de sa main ouverte le gros cul blanc qui se tenait à sa portée. Comme cela semblait exciter considérablement la porteuse de ce gros cul, il se mit à taper de toutes ses forces, si bien que la douleur l'emportant sur la volupté, la jolie fille dont il avait rendu rose le joli cul blanc, se releva en colère en disant :


- Salop, prince des enculés, ne nous dérange pas, nous ne voulons pas de ton gros vit. Va donner ce sucre d'orge à Mira. Laisse nous nous aimer, N'est-ce pas Zulmé ?


- Oui ! Toné! répondit l'autre jeune fille.


Le prince brandit son énorme vit en criant:


- Comment, jeunes salaudes, encore et toujours à vous passer la main dans le derrière ! Puis saisissant l'une d'entre elles, il voulut l'embrasser sur la bouche. C'était Toné, une jolie brune dont le corps tout blanc avait aux bons endroits, de jolis grains de beauté qui en rehaussaient la blancheur ; son visage était blanc également, et un grain de beauté sur la joue gauche rendait très piquante la mine de cette gracieuse fille. Sa poitrine était ornée de deux superbes tétons durs comme du marbre, cernés de bleu, surmontés de fraises rose tendre et dont celui de droite était joliment taché d'un grain de beauté placé là comme une mouche, une mouche assassine. »


Tout ce qui précède est à porter au débit, ou presque, de Jacques Dupont qui a osé titrer « Foire aux vins : la décrue des grands crus ! » et qui pourra être accusé par la place bordelaise d’ajouter quelques hectolitres – mesure caractérisant le Languedoc adepte du degré hecto – à l’affreux bashing dont sont l’objet les vins de Bordeaux.


Mais comme la défense de l’honneur des GCC est très efficacement assurée au Comité National des Vins et eaux-de-vie de l’INAO, par le très cher Hubert de Boüard de Laforest, l’homme au mille talents (pas 11000) je ne suis pas dans l’ardente obligation de plaider en défense pour contrecarrer l’injuste bastonnade dont fait l’objet les vins de Bordeaux.


De plus ça ferait double emploi avec l’autre Jacques qui I love Bordeaux puisqu’il est l’auteur du guide de référence des Vins de Bordeaux.


Comme je suis très malin, ça me dédouane (c'est excellent pour l'export), je cite la conclusion de son article :


« Les grands crus de Bordeaux en perte de vitesse dans les foires aux vins disparaissent peu à peu des cartes de vins des restaurants et de l'offre des cavistes. Cela ne semble pas pour le moment affecté les châteaux, tout comme la fin de l'eldorado chinois. Le millésime 2014 qui sera proposé à la dégustation dans quelques semaines en "primeur" ne devrait pas connaître une baisse importante qui pourrait influencer favorablement le marché (on s'attend même à l'inverse) et quelque peu modifier l'image "d'arrogance" de ces crus. L'annonce par quelques-uns, relayée dans la presse anglo-saxonne, qu'ils ne seront pas présents dans les dégustations de l'Union des grands crus, mais que les acheteurs éventuels devront venir au château s'ils veulent les goûter, risque fort même d'accentuer ce sentiment. L'explication pseudo technique qui accompagne toujours ces décisions ne suffira certainement pas à optimiser le jugement de l'un des participants qui nous confiait : « Peut-être qu'à l'avenir nous devrons aussi, pour les déguster, mettre un genou à terre ou faire la révérence ? »


Allons,  allons, cher Jacques, ce ne sont là que des propos de médisants qui n’ont pas d’hélico pour aller se poser sur les beaux parkings des châteaux, tu sais ceux qui donnent des points pour le classement de seins t'em mais qui donnent de l’urticaire aux architectes de nos beaux bâtiments nationaux qui sont d’affreux fonctionnaires qui font tout pour embêter les érecteurs de chais de GCC.

 

Les illustrations sont le choix du Taulier et non de Jacques Dupont, celle de son article étant bien plus " indécente", je vous propose sa prose entière ICI  link

 

 

«Boire, manger, coucher ensemble, c'est mariage ce me semble…»

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Rassurez-vous je ne vais pas m’aventurer sur le terrain miné du mariage, mon annexion temporaire de la formule d’Antoine Loysel (1) n’a pas d’autre but que d’amorcer auprès de vous une réflexion qui baguenaude dans ma tête un peu folâtre.


Lorsque j’ai porté le présent blog sur les fonds baptismaux – mon passé d’enfant chœur me fait maîtriser les fondamentaux sacramentaux – je lui ai accroché une enseigne « Vin&Cie l’espace de liberté » qui collait bien à ma petite entreprise.


Aujourd’hui, je m’interroge (prière de prononcer avec l’accent rouergat de Mgr Marty) ?


Dois-je changer de raison sociale ?


En choisir une nouvelle qui colle mieux avec ma nouvelle chalandise ?


En effet, je n’ai pas que le vin en magasin, ne traiter que du vin me saoule, alors de plus en plus je m’aventure sur d’autres terrains et, à ma grande surprise, le lectorat s’élargit.


Alors, je me tourne vers vous pour prendre votre pouls : qu’en pensez-vous ?


Si vous n’en avez rien à cirer ne sortez pas vos brosses à reluire je ne chalute pas dans les eaux d’Aquilino !


En revanche, si mon interrogation vous semble pertinente n’hésitez pas à vous mettre à votre clavier pour me dire si oui ou non je dois changer le nom de ma crémerie ?


Si c’est OUI, et c’est là où je veux en venir, auriez-vous la queue d’une idée pour m’aider à trouver une nouvelle appellation la plus incontrôlée possible ?


MERCI !


(1)    Antoine Loysel, né le 16 février 1536 à Beauvais et mort le 28 avril 1617, est un jurisconsulte resté célèbre parmi les juristes pour avoir collecté les principes généraux de l'ancien droit coutumier français. link

Règles pour organiser, comme JM Quarin, une petite dégustation à 19000€ de 7 millésimes des 4 grands de Saint-Émilion classés A conservés en Suisse.

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Y’a des jours où, en me levant, je me dis dans ma petite Ford d’intérieur, tu n’es qu’un pauvre niais, t’as raté ta vie, tu es à côté de la plaque, t’aurais dû faire organisateur de spectacle pour grands amateurs. Ça t’aurais fait voyager au sens propre comme au sens figuré. T’aurais ainsi rencontré plein de gens cultivés. T’aurais appris à faire des moyennes sur 20, à classer, à écrire des beaux commentaires du style « Couleur rouge sombre, d'intensité moyenne. Nez fin, fruité, subtil. La présence de cèdre annonce le début d'un bouquet. Bouche soyeuse, très savoureuse, à la note fumée et grillée et aux tannins fins. Densité normale. Persistance légèrement vive, mais savoureuse et distinguée. A perdu son excès de bois. On peut commencer à l'ouvrir et avant 2030. »


 

 

Trop tard pour te reconvertir les bonnes places sont déjà prises mais tu peux quand même te fendre de quelques conseils pour aider tes chers lecteurs à organiser, comme JM Quarin, une petite dégustation à 19000€ de 7 millésimes des 4 grands de Saint-Émilion classés A conservés en Suisse.


Ha ! Les bulletins de JM Quarin, à chaque livraison électronique je suis excité comme une puce, une guêpe au-dessus d’un bocal de confiture. D’avance je me pourlèche les babines. Je me hâte. Je me jette comme un mort de faim dans leur lecture. Ils sont à déguster sans modération, pas à l’aveugle bien sûr, mais dans les règles de l’art. Surtout ne jamais les laisser en carafe. J’avoue sans honte que très souvent j’atteins l’extase : je jouis en solitaire !


Comme je suis partageux, hors du sérail, je ne puis m’empêcher de vous faire profiter des lumières de JMQ qui, je l’espère, donneront de l’éclat aux dégustations que vous allez vous empresser d’organiser avec vos amis.


Bonne dégustation comme nous le serinent les sommeliers en habit de croque-mort 

 

1-      Avoir envie de réunir quelques amis autour des millésimes : 2009, 2008, 2006, 2005, 2004, 2003 et 1998  des 4 premiers grands crus classés A de Saint-Emilion : les 2 anciens Ausone et Cheval Blanc et les 2 nouveaux Angélus et Pavie.


 

2-      Disposer de vins achetés en primeurs, conservés en Suisse, à 850 km de Bordeaux afin de faire la démonstration aux ignorants qui « croient que les vins s'abiment parce qu'ils voyagent loin. »


 

3-      S’assurer que vos quelques amis veuillent allonger sur la paillasse environ 19 000 euros

 

 

4-      Pour les convaincre du bien-fondé de leur exercice dégustatif mettre en avant 2 questions essentielles :

 

-          Les deux crus historiques, Ausone et Cheval Blanc enchanteraient-ils ou décevraient-ils ?

 

-          Comment vont se comporter les deux nouveaux entrants : Angélus et Pavie ?


 

5-      Afin d’avoir un sujet de discussion après la dégustation demander à vos quelques amis assemblés de lire l'arrêté du 6 juin 2011 relatif au règlement concernant le classement des «premiers grands crus classés» et des «grands crus classés» de l'appellation d'origine contrôlée «Saint-Emilion grand cru» signé par Bruno Le Maire et Frédéric Lefèvre. link


 

6-      Suite à cette lecture faire semblant de croire, en pointant du doigt les incongruités de ce texte, que la plume de l’arrêté a été tenue par le Ministre et ses affreux fonctionnaires alors que tout le monde sait au village qu’il est le fruit des hautes réflexions de qui vous savez et qu’il a été gravé dans le bronze par les « moutons » du syndicat dit ODG.


 

« En choisissant d'instituer le bon goût d'une des régions viticoles les plus connues au monde à travers un règlement où la note sur le goût ne compte que pour 30 %, on peut se demander quelle mouche a piqué le législateur ? » 


 

7-      Disposer du petit matériel indispensable à toute bonne dégustation tire-bouchons pro, carafes bien rincées, verres propres, crachoirs ad hoc, blocs et crayons pour commentaires et notations.


 

8-      Se payer un préposé pour réaliser les opérations matérielles afin qu’aucun biais ne s’introduise dans l’exercice dit à l’aveugle.


 

9-      Indiquer à vos quelques amis, avant qu’ils mettent leur nez dans leurs verres, que la domination se jouera au ½ point près tout comme le niveau des 4 grands.


 

« Les deux premiers crus historiques (chacun 3 fois premier) dominent la dégustation. Un éclat gustatif et aromatique les caractérise. Ce référentiel aromatique, de parfums, de goût et de texture distingue aussi le classement des crus bourguignons. Je dirai même qu'il est le dénominateur commun des plus grands vins du monde. Dans sa courte histoire depuis l'introduction de la barrique dans ses chais en 1985, Angélus se remarque aussi pour sa capacité à offrir un goût éclatant, mais moins souvent. Pavie y échoue fréquemment. Il apparaît donc à travers ma dégustation l'idée que ces quatre premiers grands crus classés A de Saint-Emilion ne sont pas exactement au même niveau. »

 

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La chronique de JMQ link

Parlez-moi d'amour, dites-moi des choses tendres, l'amour est aveugle

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Tout le monde y va de sa petite cuvée, de son petit coffret, de son gros magnum spécial, de sa  petite étiquette avec des cœurs pour fêter un saint, Valentin, dont on dit qu’il est le patron des amoureux. Comme je ne suis pas Peynet mais que je tombe amoureux en permanence j’ai décidé ce matin de vous offrir, non de l’élixir du parfait amour, mais 3 histoires où l’on parle d’amour.


1-      L’amour  est aveugle


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Avec ses manières de macho Diego, un petit voyou de Vera Cruz, avait fait pleurer plus d’une amoureuse.


Jusqu’au jour où il tenta en vain d’attirer l’attention d’une demoiselle attablée dans une cantina.


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Vexé, il  s’invita à sa table et lui dit : « Je vous ai saluée trois fois et vous n’avez pas pris la peine de me répondre ». Elle répondit : « C’est sans doute parce que je suis aveugle ».


Honteux, il lui fit ses excuses. Marisol lui dit alors : « Rendez-vous utile, raccompagnez-moi ! »


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Sans doute pour la première fois de sa vie, Diego se sentit responsable de quelqu’un d’autre que lui.

Devant sa porte, il lui demanda s’ils pouvaient se revoir. Elle dit : « Mon chien est mort hier, le prochain n’arrive que dans un mois. D’ici là, vous pouvez me guider dans les rues ».


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Chaque jour, il la conduisait là où elle le désirait.

Un mois plus tard, il n’était plus question d’aller chercher le chien.


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Ils se marièrent et passèrent leur nuit de noce sur son territoire à elle : dans le noir complet.

Plus jamais ils ne se quittèrent. L’un était le guide, l’autre était sa lumière.


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Et si parfois, il lui arrivait de la regarder avec ses yeux…

… Marisol ne le vit jamais qu’avec son cœur.


2-      Pour le meilleur et pour le pire


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Giulia et Remo s’étaient unis pour le meilleur et pour le pire. Et malgré les années, jamais ils ne connurent le pire.


Ils tenaient un hôtel de charme, au sud de Florence, en plein cœur d’une forêt de Toscane. Ils se disputaient peu, s’entendaient sur tout, à tel point que leur entourage trouvait suspecte une telle harmonie.

 

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Giulia n’avait aucun secret pour Remo, mais Remo lui, avait son tiroir…

Tard le soir, après le service, Remo s’enfermait dans son bureau, où, sans que Giulia n’en sache rien, il tenait son journal intime.


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Les années passaient, paisibles, heureuses, mais jamais Remo n’oubliait son rendez-vous nocturne avec le tiroir.

Après la mort de Remo, Giulia n’avait eu ni la force ni l’envie de s’occuper seule de leur affaire, et la mit en vente. Le jour du déménagement, elle pénétra dans le bureau de Remo, fit emballer les meubles, et tomba sur ce tiroir…


 

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… Quelle fut bien obligée de forcer puisque personne n’en avait la clé.

Elle hésita un instant devant cet étrange volume mais saisie d’un pressentiment, s’interdit de l’ouvrir.


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Elle s’en débarrassa au plus vite pour s’éviter les affres de la tentation.


Si elle l’avait ouvert, elle aurait lu plusieurs centaines de pages, dont elle était le sujet unique.


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Les années qui suivirent, quand il lui arrivait de penser à ce curieux ouvrage, Giulia se disait qu’elle avait pris la bonne décision en le détruisant.


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usqu’à son dernier soupir, elle garda en mémoire le souvenir de Remo tel qu’il était vraiment, un homme aimant, toujours émerveillé dès qu’il posait les yeux sur elle, qui jamais ne lui avait fait le moindre reproche et qui savait contenir ses démons sans les lâcher sur des innocents.


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3-      Faire l’amour


Bernadette racontait à Helyett :


-          L’autre jour, y avait un film de cul à la télé. Y’m’dit : « Ça m’excite, on tirerait bien un p’tit coup. » Bof, moi, j’avais plus ou moins envie. Là-dessus on va au lit et, comme ça, juste avant qu’il me pénètre, j’arrêtais pas de gamberger à tous mes soucis, et on en a, et j’lui dis : « Dis, on n’a pas payé l’électricité ce mois-ci, faut payer car si on nous coupe, avec les gosses, on va pas être dans la merde… » C’est lui qu’en a été tout coupé, dis-donc ! Y’m’répond : « Ah oui ! Merde, j’y pensais plus », et il s’est mis à débander et plus moyen. Maintenant, quand y’m’fait chier pour me grimper dessus, j’lui dis c’qu’on n’a pas payé. Ça marche à tous les coups !


Elle rit et, avec un regard complice :


-          Après tout, baiser, c’est toujours la même chose, c’est lassant, y sont pénibles, les bonhommes, hein ?


 

(1)    Les 2 premières histoires sont tirées de l’album de Loustal & Benacquista Les amours insolentes 17 variations sur le couple chez  Casterman.


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(2)    La dernière est un extrait du livre de Roger Knobelspiess Le roman des Écameaux


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Réhabilitons les Pilchards qui paroissent en grandes troupes sur les côtes de Cornouailles : ode au petit commerce

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Par moment j’ai des illuminations subites, de là à en conclure que suis un illuminé il y a un pas que certains de mes « amis » de la LPV franchiront tout en pensant que je ne suis pas une lumière de goûteur de vin.


Il en fut ainsi pour le Pilchard !


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« Sur les étagères s’alignaient des boîtes de petit pois, des paquets de pâtes Lustucru et de biscottes Luc, les pains d’épice Gringoire, les bouteilles d’huile Lesieur, les pilchards le Pompon-Rouge, les sachets roses de la levure Alsa et les sachets bleus de sels lithinés qui désaltéraient si bien les moissonneurs, toutes choses qui imprégnaient la boutique de cette senteur mélangée si particulière aux épiceries d’antan… »


Mémoires de femmes par Gérard Boutet


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À la Mothe-Achard, l’épicerie Proust se situait au premier étage d’une grosse bâtisse, sur le flanc droit des Halles, pour y accéder il fallait emprunter un large escalier extérieur en pierre avec une rambarde de fer. La porte du magasin était une porte ordinaire qui, dès qu’on la poussait, déclenchait une sonnette. Il faisait sombre à l’intérieur. Ça sentait la réglisse et une multitude de fragrances herbacées, sur le mur de gauche de hautes étagères pourvues d’un escabeau afin d’atteindre les étages supérieurs, de grands tiroirs où étaient stockés les produits secs, pâtes, riz… les coupelles brillantes, des hauts pots de verre emplis de bonbons, à droite de grands sacs posés sur les tablettes pour les légumes secs vendus en vrac, dans des boites ouvertes les caramels à deux sous, les sucettes sur des présentoirs Pierrot Gourmand, et puis les rangées de boîtes de conserve tout au fond, derrière le grand comptoir avec la balance blanche, mais pas de caisse enregistreuse, rien qu’un simple tiroir. Louise Proust faisait aussi de la mercerie et, comme maman était couturière, je l’accompagnais pour acheter des bobines de fil ou des boutons mais nous faisions nos courses de conserves à l’épicerie Houiller tout à côté en vertu de la règle « il faut faire plaisir à tout le monde » qui  souffrait d’une exception : nous achetions notre pain que chez Remaud.


Bref, tout comme les enfants d’aujourd’hui, qui pensent que le poisson arrive tout droit en bâtonnet pané de chez Findus j’ai longtemps pensé que le Pilchard c’était la boîte de fer blanc Pompon Rouge et non une espèce de poisson.


Mais qu’est-ce donc que le Pilchard ?

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« Cette espèce est plus petite que le hareng commun, dont elle diffère principalement, en ce que son corps est épais et arrondi ; le museau est à proportion moins long et recourbé vers le dessus, et la mâchoire inférieure est plus courte ; le dos est plus élevé, et le ventre moins effilé ; ses écailles tiennent fortement à la peau, tandis que celle du hareng commun tombent facilement ; enfin la nageoire dorsale du pilchard est placée si bas, que si on l’y suspend la tête fait bascule, tandis que si l’on tient le hareng commun par cette nageoire, il reste en équilibre.


Vers la mi-juillet, les pilchards paroissent en grandes troupes sur les côtes de Cornouailles. Ils y séjournent jusqu’à la fin octobre, où il paroît  qu’ils se retirent à quelques distances du rivage dans les profondeurs, pour y passer l’hiver. Il y a cinquante ans qu’ils ne disparoissient qu’à Noël ; ce changement dans l’époque du départ est un fait très singulier, qui a été constaté par le docteur Maton. On a prétendu, mais sans raison, qu’à l’instar du hareng ils retournent alors dans les régions polaires. Car s’ils entreprenoient quelque émigration vers le nord, on sauroit en Angleterre s’il en a été vu ou pris à leur passage ; mais on en n’a aucun exemple authentique. Ils sont surtout en grand nombre près de l’île de Wight, dans la Manche, et près d’Ilfracomb, dans le canal de Bristol.


Le docteur Borlase fait de la pêche du pilchard le récit suivant : « Elle occupe un grand nombre d’hommes sur la mer et sur terre ; les femmes et les enfants sont employés à nettoyer, à éventrer et à saler les pilchards. Depuis 1747 jusqu’e 1756, inclusivement, les divers ports d’Angleterre en exportèrent tous les ans, celui de Fowy mille sept cent trente-deux muids ; Falmouth quatorze mille six cent trente-un, plus deux tiers ; Pensanze et Mounts-Bay douze mille quarante-neuf, plus un tiers ; Saint-Ives  douze cent quatre-vingt-quatre-vingt-huit ; ce qui fait en tout près de trente mille muids, à raison de 1 livre sterling 13 shilling 3 pence le muid, en adoptant un prix moyen ; de manière que l’esportation du pilchard rapportoit tous les ans près de 50 000 livres sterling »


Le docteur Maton, dans le premier volume de ses Observations sur les comtes de l’Ouest, raconte que lui et un de ses amis louèrent une chaloupe pour assister à la pêche au pilchard, à Fowy, près de Looe, dans les Cornouailles. « Les bateaux destinés à cette pêche, dit-il, dont le nombre est très grand, sont ordinairement stationnés à des endroits où l’eau a dix brasses de profondeur, et où il n’y a aucun brisant. De petites nacelles sont placées à quelque distance devant ces bateaux pour avertir  les pêcheurs de l’approche d’une troupe de pilchards. Souvent on établit aussi des hommes sur les rochers voisins pour observer la marche du poisson ; on les appelle huers, ou crieurs, des cris par lesquels ils avertissent les pêcheurs. Les filets, qui sont des sortes de seine, ont souvent deux cents brasses et au-delà de circonférence, et environ dix-huit de profondeur. On dit que quelque-uns de ces filets peuvent contenir deux cent muids, à raison d’environ trente mille hogs-heads dans une seule saison, si la pêche n’est que passablement productive ; mais il arrive aussi de temps à autre qu’elle manque totalement. » Dix ans environ avant que notre auteur eût visité ces lieux, les pêcheurs se virent forcés de vivre avec leurs familles de patelles, et d’autres coquillages, dont ils n’auroient pas voulu manger pour tout au monde dans tout autre temps.


Les requins sont les grands ennemis des pilchards ; ils en dévorent souvent des quantités immenses. »


Le Cabinet Du Jeune Naturaliste Ou Tableaux Intéressans De L'histoire Des Animaux ... de Thomas Smith 1818


 « Le pilchard est un poisson utile à l'agriculture maritime ; c'est lui qui dévore l'excédent de plancton qui risquerait d'entraver la libre respiration des océans.


Deux pilchards qui se rencontrent s'accueillent non par le banal « Comment vas-tu ? » mais par « Où se plancton aujourd'hui ? ». link


Il est possible de trouver du Pilchard dans le commerce sous la désignation Pilchard-sardines ou Pilchard-harengs, il est préparé à la tomate et à l’huile dans des boîtes ovale de 367g. Si vous n’en trouvez pas près de chez vous allez sur la Toile. Ce n’est pas cher 1,70€ la boîte en moyenne.


La recette : Rougaille de Poisson Pilchard à la tomate link


1 boîte de pilchard (hareng) à la tomate

1 oignon

1 tomate

Une cuillère à soupe d’ail et de gingembre écrasés.

Thym-Persil

Sel-poivre


Émincez l’oignon pour le faire revenir dans l’huile chaude avec l’ail et le gingembre écrasés. Ajoutez la purée de tomate de la boîte de pilchard  et la tomate coupée en dés. Bien mélanger le tout et laissez roussir. Ajoutez les pilchards. Salez et poivrez selon votre goût. Saupoudrez de persil émincé.


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Là-dessus vous pouvez vous offrir un canon de vin blanc bien sec, bien droit, moi j’opte pour 1 Clos Massotte Corail d’automne


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Mon hébergeur Overblog passe en force et m'impose de la publicité

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Mon hébergeur Overblog passe en force et m'impose de la publicité

Bonjour chers lecteurs,

 

Sous le prétexte d’un changement de plate-forme mon hébergeur sans me demander mon avis m’impose depuis ce matin des bannières publicitaires incongrues. Je viens de leur demander de les supprimer sous peine d’une plainte auprès de la CNIL.

 

En attendant, je vous prie de bien vouloir m’excuser de ce désagrément qui, je l’espère, ne sera que momentané.

 

Bonne journée.

 

Jacques Berthomeau un Taulier en colère


Petite piqure de rappel « Oui, le climat peut bousculer nos destins » Emmanuel Le Roy Ladurie

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Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueillera près de 200 chefs d'Etat et de gouvernement pour la 21e conférence sur le climat. L’objectif étant d’aboutir à un accord international visant à contenir en deçà de 2 degrés le réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle.


Pour mieux comprendre les enjeux cruciaux pour notre avenir, celui de notre planète, L’Express entreprend la publication d’une une série de grands entretiens sur cette question en commençant par avec Emmanuel Le Roy Ladurie, professeur honoraire au Collège de France et l'un des meilleurs spécialistes de l'histoire du climat.


Votre Taulier toujours curieux avait en novembre 2011 chroniqué sur « Les fluctuations du climat de l’an Mil à nos jours au travers des dates de vendanges et la qualité du millésime : du Le Roy Ladurie» link


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L’Express l’interroge d’emblée sur l’intérêt qu’il portait à ce sujet :

 

« Dès 1967, vous avez publié une Histoire du climat depuis l'an mil. La question du réchauffement vous tracassait-elle déjà? »

 

Sa réponse est claire :


Non, c'était plutôt dû à mes origines. Agriculteur en Normandie et député, mon père ne cessait de pester contre les pluies qui gâtaient les récoltes et endettaient les paysans. Plus tard, j'ai été nommé professeur dans le Languedoc, où la météo n'avait plus rien à voir. J'ai alors mesuré l'influence majeure du climat sur le blé, la vigne, et ses conséquences sur la vie des hommes. En me penchant ensuite sur l'histoire rurale, j'ai aussi découvert l'importance des crises de subsistance, qui, autrefois, pouvaient décimer des millions de gens. Elles étaient en grande partie liées au climat, or personne ou presque ne s'était vraiment penché sur la question. 


Du coup, je me suis lancé. Mes collègues ne prenaient pas ce sujet au sérieux, car ils postulaient que l'homme tout-puissant ne pouvait être soumis au déterminisme des aléas climatiques. Ils doutaient aussi qu'il y eût des sources fiables. Or les outils existaient bel et bien, et il a vite été confirmé que les historiens étaient même mieux armés que les climatologues pour remonter dans le passé météorologique, en particulier parce qu'ils maîtrisent le latin, langue indispensable pour avoir accès aux témoignages anciens. Ces travaux m'ont permis d'établir que les famines et les événements politiques, économiques ou sociaux qui les ont parfois accompagnées étaient souvent dus à la combinaison de guerres et de mauvaises récoltes. Oui, le climat peut bousculer nos destins.


La suite de cette interview est passionnante, je vous invite à la lire ICI link

« Adriano Celentano interprétant Svalutation, c'est un peu comme si Bernard Maris chantait la crise en se prenant pour Johnny… »

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Ainsi s’exprimait Rebecca Manzoni dans le Tubes & Co de France-Inter du vendredi 8 novembre 2013. Au début de cette année la voix de notre ami Bernard Maris s’est tue brutalement mais l’image est tellement belle qu’elle est maintenant éternelle.


Depuis fort longtemps je brûlais du désir de faire une petite chronique dominicale sur Adriano Celentano qui, avec Svalutation et I want to know à la fin des années 70, le début des années Giscard en France, alors que l’Italie en terminait avec ses années de plomb, occupait une place toute particulière dans ma discothèque où la chanson italienne ne tenait pas un grand espace.


Ce grand escogriffe, qui avait l’âge de mon frère aîné, Celentano est né en 1938, avec ses incroyables futals à pat’d’eph et ses bottines crème, me bluffait par son sens de la dérision mis au service d’un rock efficace. Celentano ce sont mes 30 ans et, je dois avouer que Rebecca Manzoni parle de lui beaucoup mieux que je ne le ferais.


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Je la cite :

 

« Ah ça ! Ce n’est pas tout le monde qui vous fait un tube avec le mot dévaluation entre 2 wouap dou wouap. Au mitan des années 70, Adriano Celentano réussit donc le tour de force suivant : faire un carton avec des considérations économiques et financières. Il chante l'incompétence du gouvernement italien, les salaires qui permettent de ne se payer qu'un café et cette Italie qui remplit les stades de foot pour oublier.


C'est alors 2 univers qui se télescopent : la crise de 76 chantée sur une musique qui accompagna la croissance économique d'après – guerre, j'ai nommé, le rockabilly fifties. Aussi, les premières notes de Svalutation sonnent – elles comme un hommage à ce morceau chanté 20 ans plus tôt.


Cela dit, la musique de Svalutation, n'est pas que nostalgie. La chanson de Celentano contient en son cœur une rupture. Un rythme syncopé, sorte de ska seventies, qui accueille des paroles optimistes.


À l'heure où les élites quittent la vieille Europe, cette chanson pourrait être écrite aujourd'hui. Enfin, Svalutation, c'est un peu comme si Ségolène Royale chantait la bravitude en se prenant pour Elvis. Parce qu'Adriano aussi, il invente des mots. En italien dévaluation, ça se dit : svalutazione. Et le truc d'Adriano c'est de nous américaniser l'affaire. Dans cette chanson, tous les mots en « ation » : assassination, lettation, scontration sont des anglicismes à la rital. Des mots inventés, comme un clin d'œil à un tube qu’Adriano chantait 4 ans plus tôt et qui s’intitulait « Prisencolinensinainciusol »


Ce titre est imprononçable et surtout, ça ne veut rien dire. Parce que cette chanson est entièrement écrite en yaourt. Ça veut dire que Celentano a commis un tube rien qu’en chantant du charabia MAIS avec l'accent anglais. Il se moquait ainsi de la fascination de ses compatriotes pour tout ce qui sonnait américain.


Svalutation qui resta dans les hits parades 5 mois durant, en France, en Italie, en Belgique, en Allemagne. Et même en Suisse. À partir de cette chanson là, Celentano se mit à faire de la télé pour parler écologie, morale, et politique.

 


Dans les années 2000, il fit aussi des shows anti – Berlusconi. Lors des élections législatives de Février dernier, il a appelé à voter pour le mouvement 5 Stelle de Beppe Grillo»


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Les Arènes de Vérone, en plein air, les 8 et 9 octobre 2012, Adriano Celentano, après dix-huit ans d'absence, à 72 ans remonte sur scène pour deux concerts historiques Rock Economy.


Exceptionnel, je vous invite à visionner la vidéo, presque 2 heures mais ça vaut le coup je vous l’assure, les superbes images de Vérone, des arènes, de la communion du public avec Adriano, c’est un grand et beau moment. J’aurais aimé y être.


Afin que le spectacle soit accessible au plus grand nombre de spectateurs (chômeurs, étudiants, retraités, etc.), Celentano avait insisté pour mettre, à chaque représentation, 6 000 places au prix symbolique d'un euro.


CHAP.15 opération Chartrons, DSK avait demandé une chambre avec Wifi, pas avec 8 filles.

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CHAP.15 opération Chartrons, DSK avait demandé une chambre avec Wifi, pas avec 8 filles.

Dois-je tout écrire ? Cette question me turlupinait depuis des semaines. M’épancher. Faire part de mes doutes, de mes espoirs, de mes amours, disons plus clairement de mon nouvel amour impossible. Allais-je continuer à l’exposer à la terre entière ce bel amour qui m’était tombé dessus pour mon plus grand bonheur. Je revivais, mais je balançais entre le vivre à la folie ou m’enfuir. Jusqu’à ces derniers jours, avec soin et précaution, je penchais pour la première branche de l’alternative : me priver d’elle serait mourir un peu. Alors me taire, pour ne rien vous cacher je n’y arrivais pas : c’est si dur de garder tout, et surtout ce feu dévorant, à l’intérieur de soi. À qui aurais-je bien pu me confier ? Non pas pour me plaindre ou geindre mais pour mettre des mots sur tout ce que je retiens ? Je ne sais. Ce que je sais c’est que plus rien n’est plus comme avant. Je veux tout et le contraire de tout. J’attends. Même pas de goût pour le travail. J’erre. Ma petite troupe m’observe en me ménageant mais je n’essaie même pas de lui donner le change. Je suis furieux contre moi-même. Comme l’impression de passer à côté de ce dont j’ai toujours rêvé. Par bonheur, un message me propulsait dans un café du côté de la Motte-Piquet et ce ne fut que du bonheur. Une embellie bleue marine, m’en foutait de tout, sortait de mon apnée, repartais, gonflé à bloc, demain serait un autre jour. De retour en nos locaux je me ruait sur mon clavier et je pondais.

 

« Cette semaine nous pataugions joyeusement dans la « démence mixte » au tribunal de Bordeaux avec le procès dit Bettencourt, la famille la plus riche de France, celle de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, âgée de 92 ans, une des plus belles fortunes mondiale ; et dans le stupre et la fornication rugueuse, à Lille dans le procès dit du Carlton. Le plus drôle, si je puis m’exprimer ainsi, c’est qu’au centre de ses deux minables procès correctionnels, où généralement on juge du menu fretin, deux hommes François-Marie Banier, le mondain vaguement artiste qui roule en scooter pour faire de la photo, et Dominique Strauss-Kahn qu’on ne présente plus, qui, d’une certaine manière, partageait une forme d’amoralité hautaine et méprisante. Tout leur est permis car ils s’estiment au-dessus du commun car se vivant comme des personnalités hors du commun. Banier, je ne le connais pas mais, avant même qu’il exerça son charme sur Liliane, je le considérais comme un dandy sans épaisseur, faussement décadent. Tout ce rien, ce vide, que Paris peut porter aux nues ! Pour DSK c’est différent, ce gus, je l’ai souvent côtoyé dans les soupentes de Solférino, à Bercy, à des soirées, et je portais sur lui un regard sans concession. C’est un ancien petit chose, assez revanchard, mais qui sait faire luire, avec succès, son vernis dans un sérail politique composé en majorité d’ignorants. Il sait s’entourer aussi. Je ne vais pas vous faire un dessin, c’est au FMI qu’il a pu exercer le plus efficacement sa duplicité et en imposer à tous. Nous savions tous, du moins les happy few de la grande maison, que le DSK tirait sur tout ce qui se mouvait en jupon. Des dossiers nous en avions mais, fut un temps, où n’en avions aucune utilité. Les affaires de cul n’émeuvent guère les bons français, surtout les mâles. Strauss s’est toujours cru tout permis, incapable qu’il est d’imaginer qu’une proie féminine puisse ne pas céder à ses avances. Pourquoi allez lui chercher des poux dans la tête, entre adultes consentants toutes les pratiques sexuelles sont possibles, même si une certaine morale les réprouve, il en va de la liberté de chacun au sein de la sphère privée. Le libertinage, l’échangisme, la zoophilie… et autres joyeusetés, la basse police en fait son miel mais, avant l’affaire de New-York, ça ne donnait pas matière à jeter DSK aux chiens.

 

Mais revenons à Bordeaux, la ville de notre poulain, où le petit monde des prévenus, dix, dont Éric Worth, a palpé des millions, voire des centaines de millions qui sont passés de main en main. Des chiffres qui font tourner la tête. Florilège !

 

À la barre, le petit-fils de Liliane Bettencourt, Jean-Victor raconte cette anecdote.

« Un jour, ma grand-mère me dit :

- Ta mère m'embête car j'ai donné un million à Banier !

- Non, plutôt un milliard.

- Ah, bon... Ça fait quand même beaucoup... »

 

Invitée à parler à la barre, l'ancienne secrétaire de Liliane Bettencourt aura cette réflexion qui fera hausser pas mal de sourcils au tribunal.

« Il m'est arrivée de remplir des chèques pour Madame Bettencourt à l'attention de François-Marie Banier. Mais c'étaient des petits montants, environ 50.000 ou 60.000 euros. »

 

L'artiste et collectionneur François-Marie Banier n’a pas moins de 300 tableaux de maître dans son coffre-fort. Mais il en accroche peu. Pourquoi ? A la barre, le prévenu aura cette réponse... poétique :

 

« L'œil s'use à regarder quelque chose. On met (les tableaux) dans des coffres pour les redécouvrir : je ne vais pas les accrocher les uns sur les autres »... So chic note le journaliste qui suit le procès.

 

Dans un enregistrement, on entend le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, lui soumettre des chèques à signer. Parmi eux, il y en a un pour Éric Woerth, un pour Nicolas Sarkozy et un autre pour Valérie Pécresse. Leur montant : 7.500 euros chacun (cela correspond au plafond légal). Une somme qui représente le salaire rêvé pour certains, mais qui, dans la famille Bettencourt, n'est que broutille.

« En ce moment, il faut qu'on ait des amis, assure Patrice de Maistre à sa patronne. Alors ça, c'est pour les soutenir, hein. Ce n’est pas cher, et ils apprécient. »

 

Et pendant ce temps-là, au tribunal correctionnel de Lille, c’est plutôt dans le glauque, limite vaudevillesque, que l’avocat de l’ancien directeur du FMI se mouvait en sortant de sa sacoche un document audio exceptionnel. Alors qu’on accuse Dominique Strauss-Kahn d’avoir commandé 8 filles lors d’une nuit de débauche, il s’avère en fait qu’il a appelé la réception pour demander… de la WIFI ! L’enregistrement de la conversation téléphonique présentée au juge atteste  effectivement de la demande : on y entend bien DSK demander qu’on lui active la WI-FI. « C’est la réceptionniste, originaire d’Espagne, qui n’a pas bien compris sa demande et a pris contact avec Dodo la Saumure pour lui amener 8 filles. Les 8 prostituées sont donc arrivées en lieu et place de la connexion sans-fil. DSK n’aurait alors pas pu refuser. C’est comme si on vous offre une bouteille de champagne déjà ouverte, je n’allais pas refuser…Comment peut-on imaginer une seule seconde, 8 bourgeoises en mal de sexe se ruer dans la chambre de DSK pour s’envoyer au 7ième ciel avec ce taureau sévèrement burné ? On frise l’obscénité, DSK a déclaré au juge qu’il ne comprenait pas que les « filles » se plaignent de leur condition et de certaines pratiques. En effet, certaines filles étaient payées jusqu’à 10.000 dollars pour une soirée de débauche. 10.000 euros la sodo, elles n’ont pas à se plaindre. En 2 soirées, elles gagnent autant qu’une caissière sur une année. Que voulez-vous, Dominique travaillait si dur alors il fallait bien qu’il se détende et, bien sûr, l’intendance c’était pour les petits calibres. Le Prince ne s’abaisse jamais à de telles vétilles. »

 

Mes troupiers m’avaient laissé seul. Je me sentais bien, apaisé, prêt à tout affronter, et si je posais mon sac pour me mettre sérieusement à écrire…

 

 

Mépris de classe ovidie dans 20 mn...

Je serai claire, s’il y a encore des personnes qui minimisent ce dont on accuse DSK, c’est parce que ces femmes n’étaient pas du même rang social. Si on apprenait par exemple qu’une personne du même milieu que lui avait été un jour neutralisée sur un lit pendant que celui-ci la sodomisait de force, croyez-moi que les réactions auraient été différentes. Alors qu’une domestique, des putes, ma foi, pas de quoi fouetter un chat. On se rappelle à titre d’exemple du très élégant « troussage de domestique » de Jean-François Kahn. Toutes ces histoires révèlent avant tout le problème de l’impunité, du pouvoir de l’argent, et de la domination d’une classe sociale sur une autre.

Comment nomme-t-on un Président de l’INAO ? Le fait du Prince !

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Comment nomme-t-on un Président de l’INAO ? Le fait du Prince !

L’INAO par ci, l’INAO par là, sur les réseaux sociaux on cause, on cause, mais très souvent on ignore de quoi on cause. Résultat, on raconte n’importe quoi.

 

Mon titre n’a rien de provocateur, il est le strict reflet de la réalité, le Président de l’INAO, tout comme les membres du Comité National Vins et eaux-de-vie (les membres des 2 autres Comités aussi) sont nommés par le Ministre de l’Agriculture, avec l’accord de celui du Budget. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait discrétionnaire pour les membres qui sont issus des Comités Régionaux, eux-mêmes choisis par les pouvoirs publics, il est tenu compte, autant que faire se peut, de la représentativité des personnalités nommées. Cependant, le lieu d’élection du Ministre peut influer sur certaines nominations : ainsi le Cognac fut richement doté sous Dominique Bussereau.

 

Pour le Président, c’est une tradition non écrite, le Ministre nomme qui il veut sans avoir à motiver sa décision. Bien sûr, nous sommes sous la Ve République et l’Elysée tout comme Matignon peuvent y mettre leur grain de sel.

 

La nomination de Jean Pinchon en 1983, par Michel Rocard, en apporte la preuve. Il la raconte dans son livre Mémoire d’un paysan publié chez L’Harmattan. Je n’étais pas encore arrivé au cabinet du Ministre mais j’ai vécu d’autres nominations, celle de René Renou et, d’une façon plus étrange et non racontable, celle de l’actuel Président de l »INAO par Bruno Le Maire. Je puis vous assurer que rien n’a changé sous les ors de la République.

 

Voilà ce qu’écrit Jean Pinchon qui deviendra Président de l’INAO à 57 ans et abandonnera ses fonctions à 73 ans.

 

« … En 1983, je suis devenu président de l’INAO dans des circonstances, comme cela est souvent le cas, un peu cocasses. Jusqu’à une époque tardive, j’ignorais pratiquement tout des AOC, et je restais même un peu méfiant à l’égard d’une procédure qui avait été mis en place « sous Vichy » (…) en 1982, j’entre à l’INAO, au titre du BNICE, et pour y représenter notre calvados. Au printemps 1983, Michel Rocard – que je connais grâce à son directeur de cabinet Jean-Paul Huchon – m’appelle et me prie de venir le rencontrer au ministère de l’Agriculture. Je me rends rue de Varenne, curieux de ce que l’on va me demander, mais sans réticences car je demeure toujours très attaché à cette maison que j’ai pratiquement dirigée durant trois ans. Michel Rocard, brillant et expéditif, vient au fait, dès le début de la conversation :

 

« Ecoutez, cher Monsieur Pinchon, j’ai un service à vous demander : je souhaite que vous deveniez le président de l’INAO ?

 

- Je vous remercie, Monsieur le ministre, mais je ne suis pas viticulteur, or l’INAO, même si les choses peuvent évoluer et elles le doivent, se préoccupe principalement du vin, à l’heure qu’il est…

- Certes, Monsieur Pinchon, mais vous faites un excellent calvados et vous connaissez de façon précise les problèmes de l’agriculture française, et comme vous le dites, l’INAO, va évoluer. Vous êtes donc mon candidat. »

 

La conversation se poursuit et je crois comprendre qu’une petite divergence existe entre le nouveau ministre de l’Agriculture et le Président de la République : François Mitterrand, dans un premier temps, voulait que soit nommé, à la tête de l’INAO, le directeur d’une cave coopérative de côtes du Rhône*, socialiste naturellement et qu’il connaît bien parce qu’il savoure fréquemment avec lui, quand il se rend dans le Midi, de délicieuses omelettes aux truffes… Or Michel Rocard a fait observer au Président que nommer un socialiste à la tête de l’INAO n’est peut-être pas très opportun, car, parmi les 80 000 viticulteurs français, il n’y a pas, à proprement parler, une majorité de socialistes. Le ministre a donc proposé mon nom au Président de la République et celui-ci a répondu :

 

« Ah, Jean Pinchon, l’ancien directeur de cabinet d’Edgar Faure ? S’il est d’accord ça me va. »

 

Michel Rocard conclut :

 

« Vous voyez bien : vous ne pouvez pas refuser ; tout le monde est d’accord, et je n’ai pas envie de reparler de cette affaire avec le Président !

 

« Encore une fois, je vous remercie, Monsieur le Ministre, mais j’appartiens à la société Louis-Dreyfus, et vous savez que je suis un homme fidèle.

 

Eh bien, demandez l’accord de Gérard-Louis Dreyfus : il vous le donnera d’autant plus volontiers que vous ne serez pris que par trois réunions annuelles. »

 

Voilà, il en fut ainsi et il en est toujours ainsi…

 

La cave coopérative dont il s’agit était celle de Sainte-Cécile-les-Vignes dont le maire était un certain Guy Penne proche de François Mitterrand, il est son conseiller pour les affaires africaines de 1981 à 1986…

 

à suivre une autre chronique sur l’INAO vu par Jean Pinchon.

Manger, boire et lire… « Je n’embarrasse pas ma mémoire des choses que je peux trouver dans les livres » Einstein

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Manger, boire et lire… « Je n’embarrasse pas ma mémoire des choses que je peux trouver dans les livres » Einstein

Enfant, tel Henri Miller, j’adorais lire aux cabinets.

 

« Quand j’étais jeune garçon, et que je cherchais un endroit où dévorer en paix les classiques interdits, je me réfugiais parfois aux cabinets. Depuis ce temps de ma jeunesse, je n’ai plus jamais lu aux cabinets. »

 

Il faut dire que les cabinets du Bourg-Pailler se trouvaient dans le jardin juste à côté de l’enclos des gorets et c’était un trône en bois sis au-dessus d’une fosse naturelle en béton. Les flaveurs puissantes, surtout l’été, ne m’importunaient pas. J’étais, le cul à l’air, dans ma bulle et, le plus souvent, je lisais la porte ouverte. Détail d’intendance, pour me faire de l’argent de poche, j’ai vidangé la fosse dans des conditions qui feraient frémir les mères d’aujourd’hui.

 

Depuis que j’habite la ville je ne lis plus aux cabinets car, même si je ne suis pas claustrophobe, j’y manque d’espace. En revanche, je peux lire partout, sauf dans le métro, mais comme je ne prends guère le métro ça restreint peu mon champ de lecture. J’adore lire dans le train, au bar dans le bruit des conversations, sur un banc public et bien sûr au lit.

 

L’un de mes profs de Droit à la Faculté m’a assuré qu’un bon juriste était quelqu’un qui savait bien utiliser sa bibliothèque. Ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, j’ai pratiqué ce sport avec constance. Mais pour savoir explorer sa bibliothèque il faut avoir lu les livres qui y sont rangés et être en capacité, non de retenir leur contenu, mais d’y puiser ce dont on a besoin pour réfléchir, écrire, converser…

 

J’ai toujours lu et je lis de plus en plus…

 

Mais j’adore aussi faire la cuisine : « Vous voulez savoir pourquoi je fais la cuisine ? Parce que j’aime beaucoup ça… C’est l’endroit le plus antinomique de celui de l’écrit et pourtant on est dans la même solitude, quand on fait la cuisine, la même inventivité… On est auteur. » Ce n’est pas moi qui le dit mais Marguerite Duras 

 

Je fais la cuisine à la couleur de mes envies, de ce que j’ai trouvé au marché ou chez mes fournisseurs attitrés. Je pratique une cuisine empirique fondée sur mes souvenirs d’enfance, maman aux fourneaux, et une forme de curiosité qui me fait noter sur des bouts de papier des embryons de recette. Les livres de recettes, tout comme les magazines de cuisine, n’occupent guère de place dans ma bibliothèque. Il faut dire que je cuisine simple. Lorsque je vais au restaurant je choisis toujours des plats que je ne sais faire chez moi.

 

Et je mange de tout contrairement à ceux qui ne jurent que par la tête de veau, le goret dans tous ses états, le gras, et qui conchient la cuisine de jeunes chefs inventifs sous prétexte que c’est de la mangeaille pour bobos. L’abondance du tour de taille de ces vieux cons – l’âge n’ayant ici rien à voir avec l’affaire – ne m’impressionne pas. Les défenseurs des chefs d’œuvre en péril sont le plus souvent que de purs réactionnaires, figés, confits. Pour autant je n’ai que peu de goût pour la cuisine fusion mais, comme dans d’autres domaines, je la laisse à ses admirateurs et elle ne m’empêche pas de dormir. Quant à la mainmise des grands groupes multinationaux sur l’alimentation le seul moyen de s’y opposer c’est de promouvoir des pratiques alternatives crédibles au lieu de faire des phrases creuses et redondantes pour la galerie.

 

Pour le manger, je suis, comme pour mes lectures, la musique aussi, absolument éclectique, au rythme des saisons et de la proximité. Tout a commencé dans le jardin du pépé Louis, dans la basse-cour, le clapier et le goret de mémé Marie, le poisson frais et les coquillages venus tout droit des Sables d’Olonne, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, des baies de l’Aiguillon et de Bouin, la viande du père Ratier, le pain de 4 livres du petit Louis Remaud, que du frais, que du bon, le clan des femmes qui gouvernait la maisonnée de Bourg-Pailler me bichonnait  comme une Formule 1.

 

En écrivant ce que j’écris je ne cultive aucune nostalgie du bon vieux village d’autrefois. Il n’y avait pas que du beau et du bon sur le marché hebdomadaire de la Mothe-Achard : le beurre vendu aux négociants n’y était pas toujours de la plus belle fraîcheur et d’une hygiène irréprochable. Moi je ne mangeais que le beurre baratté à la main par la tante Valentine car lorsque j’accompagnais mon père dans sa tournée des métairies je pouvais constater l’état de malpropreté des souillardes où l’on passait le lait et stockait le beurre. Le « c’était mieux avant à la campagne » me saoule surtout lorsqu’il émane d’une engeance qui, bien sûr, a quitté ce fameux village fantasmé. Fallait y rester mon coco ! Jouer au boulanger ou au boucher !

 

Comme d’un fait exprès, alors que j’écrivais cette chronique, la mort de l’inventeur du Nutella donne l’occasion au Pousson de déverser son aversion pour une population, dont il ignore quasiment tout, il ne la côtoie pas, il brasse des idées éculées, appuyées par les commentaires d’un mec qui a passé son temps à courir, avec son petit scooter, après les fameuses foodistas et de se prendre des râteaux carabinés. Moi ça me fait gondoler cette énième antienne contre, c’est un peu rance et à côté de la plaque. Réducteur ! Le genre vieux missionnaire qui sodomise, brillamment certes, les mouches en souvenir d’un continent perdu. Le fan club applaudit, on se congratule, on se tape sur le gras du bide, le cireur de pompes se dit qu’il existe encore. C’est beau comme un moulin à prières mais Dieu que c’est chiant ! 

 

Ce soir que vois-je, que lis-je, dans l’Opinion : que horreur & malheur Gros Mangeur, un pote de Pousson :

 

  • Aime David Toutainqu’adorent les foodistas, car il « est un formidable cuisinier, son parcours personnel avant qu’il ouvre son propre restaurant a été aussi impressionnant que sa dextérité et sa créativité. »

  • Aime le vin nature « Dans ce bar à vins, on n'a pas fait que becter, on a bu aussi et en particulier un vin tout à fait épatant, simple, assez rond et fruité, un blanc de Bergerac : Château Lestignac, le vin de table (1)L'étiquette est quasi illisible, je l'ai donc scrutée pour vous et vous dit ce qu'il faut en savoir: sauvignon, sémillon et muscadelle, un cépage vraiment autochtone, tout doux. Ça m'a rappelé avec force le vin de mon grand-père. J'avais toujours l'impression qu'il faisait beau quand je le goutais.

 

(1) Camarade Gros Mangeur il faut changer tes lunettes, c’est du Vin  de France que tu as bu...

 

Passé ce quart d’heure de foutage de gueule, rien qu’une petite colère pour libérer mes bronches, je signale que je n’ai jamais goûté de Nutella mais que dans ma mission de médiation laitière dans le Sud-Ouest j’ai eu l’occasion de discuter avec les Ferrero qui achetaient du lait liquide aux éleveurs de Cantaveylot. Pas facile de maintenir des éleveurs dans ces zones éloignées des grands centres de consommation. Mais bon, il est plus facile de bramer le cul sur sa chaise que venir se frotter aux basses réalités que vivent ceux qui s’accrochent à leurs hectares.  Je suis trop vieux pour me taper des leçons à la con sur ce que l’on appelait de mon temps : l’exode rural et démonter des démonstrations qui mélangent causes et effets. La monoculture est toujours d’une grande pauvreté.

 

Pour le boire ce fut plus compliqué, le vin du pépé Louis était de la piquette et le nombre très important de pochtrons vineux dans la population du canton ne nous donnait, mes copains et moi, guère envie de nous adonner à la boisson, vin compris. J’y suis venu sur le tard et, jamais au grand jamais je n’ai fait ma culture du vin ni dans les livres, ni dans les revues. Pendant fort longtemps j’ignorais jusqu’à l’existence de la RVF et le seul gus que j’ai lu qui écrivait sur le vin ce fut Paul-Marie Doutrelant qui pris la succession de FH de Virieu au Monde avant de filer vers le Nouvel-Observateur. Attention, je ne nourrissais aucune aversion pour ce type d’écrit mais, dans mes choix de lecture, je n’avais aucun temps à leur consacrer. Mon expérience du vin est de terrain, celui d’un buveur assis à table. Disserter sur la nature du vin m’a toujours paru vain, je n’ai ni les mots, ni l’envie. Malheureusement je ne suis pas le seul de cet acabit et je ne vais pas vous chanter mon fameux couplet : plutôt que de se taper sur le nombril entre initiés les amoureux du vin ferait mieux de se colleter à ceux qui n’y bitent que dalle !

 

Manger, boire et lire : Et qu’ai-je lu aujourd’hui ?

 

D’une traite, entre 22 heures et 23 heures, dans un lieu improbable, plein de bruits et de fureurs, un superbe petit livre de Marceline Loridan-Ivens « Et tu n’es pas revenu » chez Grasset. Une centaine de pages lues dans ma bulle, hors tout, sans que quiconque puisse m’en extraire. Lorsque j’ai refermé le livre une jeune femme m’a dit « vous êtes beau lorsque vous lisez… » Jamais compliment m’a fait autant de plaisir car cette « beauté » c’était celle de mon âme transportée par cet hymne d’amour d’une fille, elle-même déportée avec lui, à un père « disparu » – c’est l’appellation officielle » après avoir quitté Drancy le 13 avril 1944 pour le camp Auschwitz, transféré à Mauthausen et Gross-Rosen.

 

« Il y a deux ans, j’ai demandé à Marie, la femme d’Henri : « Maintenant que la vie se termine, tu penses qu’on a bien fait de revenir des camps ? » Elle m’a répondu : « Je crois que non, on n’aurait pas dû revenir. Et toi qu’est-ce que tu en penses ? » Je n’ai pas pu lui donner tort ou raison, j’ai juste dit : « je ne suis pas loin de penser comme toi. » Mais j’espère que si la question m’est posée à mon tour juste avant que je m’en aille, je saurai dire oui, ça valait le coup »

 

Qu’est-ce qu’une heure ou deux dans une vie à consacrer à la lecture d’un livre d’une justesse de ton et une vérité d’écriture absolus ?

 

Le temps de s’épargner une mauvaise émission de télé ou d’un match de foot…

 

Bonne lecture et bonne journée…

 

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Manger, boire et lire… « Je n’embarrasse pas ma mémoire des choses que je peux trouver dans les livres » Einstein
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