Cher Olivier,
Non, tu n'es pas martien et si tu le souhaites, tu peux planter à peu près ce que tu veux en France aujourd'hui (et à peu prés où tu veux...), pourvu que tu ais des droits de plantation. Comme il y en a pas loin de 3 00 hectares dispo, je crois, dans le portefeuille national, si tu prends la peine de comprendre comment ça marche, oui, tu peux planter ce que tu veux, même en zone AOC, sans que l'INAO puisse s'y opposer, en tout cas au sein d'une longue liste...
Ah, bien sûr, et c'est le thème de ce billet, en qq sorte, ne vas pas réclamer une AOP si tu mets un cépage hors AOP dans une AOP. Ni t'amuser à faire croire qu'il vient d'une région connue pour d'autres types de vins, même en rusant. Mais tu seras libre de mettre le nom du cépage (c'est la langage que comprend le monde, qu'on le veuille ou pas), le millésime, ton nom, mais pas la mention "clos" ou "château". Enfin, pour l'instant, parce que les Américains sont en train de nous faire rendre gorge et que je vois pas comment, quand on les aura autorisé, on pourra nous interdire. Dans beaucoup de cas, tu pourras même avoir une mention IGP (que le grand public confond totalement avec une de nos 400 et qq AOP, vu qu'il n'y que deux lettres de différence...) et donc une mention d'origine tout à fait honnète et utilisable, surtout à Pékin ou à Dallas, où tout cela, vue de très loin, est de toute façon bien peu important, le cépage étant l'essentiel...
Sur le deuxième sujet, si tu penses que parce qu'il y "grand" sur l'étiquette, c'est un signe de hiérarchie ou de qualité, je te renvois aux milions de GRAND VIN DE BORDEAUX à 1 euro la quille en ce moment sur les linéaires, ou aux Crus Classés en 1855 qui n'ont pas l'autorisation d'indiquer "Grand" suite à une malheureuse affaire... C'est la France, c'est particulier...
Et non, dcnc, tu ne viens pas Mars, mais tu es conditionné par des tradtions et tu crois que certaines AOP sont au dessus des autres, dans un système pyramidal : Champagne et au même niveau de "qualité" ou de "hiérarchie" que Limoux, puisque dans l'AOC, il n'y pas de hiérarchie (sauf dans qq cas, arrachés au forceps et vite arrétés...). Il n'y a que des délimitations de plus en plus petites et des règles de plus en plus serrées...
C'est notre esprit, nos chaines mentales qui créent ces hiérarchies, rien d'autres. Et, je l'espère, bien sûr, les qualités intrinsèques de certains vins, que je ne remet abolument pas en question. Mais la Loi, elle, ne dit rien de tout cela.
Il est donc tout à fait possible, aujourd'hui, dans le système actuel, de tenter à nouveau la création de nouveaux grands vins. Ne manque que la volonté, les moyens, le talent et la persévérence (ou les quatre) d'autant qu'Internet, tant au niveau communication qu'à celui de la relation client, permet tant de choses que les Cisterciens n'avaient pas ;-)
Mais il faut pour cela sortir de schémas et de carcans, comme celui qui dit que le Pinot Noir ne peut être bon ou grand qu'en Bourgogne, par exemple, entre mille...
P.S. : cherr Luc, dans mon Tradition 99 (que de souvenires...), il y avait 90 % de Lliadonner Pellut, 9 % de grenache et 1 % de Syrah ;-) Et son degré réél n'était pas si éloigné que tu le penses du degré marqué sur l'étiquette (un problème d'information du consommateur qui n'est pas du ressort de l'INAO, à ce que j'en sais), compte tenu de la tolérence et des incertitudes de l'analyse ;-) Sur la difficulté pour le producteur de garantir les pourcentages de cépage au % près, c'est compliqué... Le sait-il lui même ? Au moins autant pour le dégustateur de l'affirmer ;-) Tu dois toujours passer un jour à la maison, non ? N'attend pas que j'ai pris ma retraite, quand même ;-)