Je me doutais bien que – vous avez compris le système, non ? – ma « petite » exgération susciterait une réponse. Il faut lire la dernière ligne du « post » (N° 2), qui remet les choses en perspective.
Néanmoins - et je pense la même chose pour mes amis de Touraine ou de l’Anjou, ou des vignobles allemands, qui pratiquent les tries - le rendement total d’un hectare est celui qui cumule le vin sec et le vin doux, plus parfois des effervescents, en somme TOUS les raisins qu’on y récolte. Mais c’est invérifiable.
Quand on dit A, il faut aussi lâcher B. J’y vais donc :
1) J’ai, pendant 20 ans environ, adhéré au grand barnum girondin. J’y ai eu des « amis ». J’ai mangé à la table familiale de Claude Ricard (le soir de mes 33 ans) et du Dr Nicolas et ai eu des contacts passionnants avec des personnages aussi différents que Jean-Claude Berrouet ou Pascal Delbeck. A une époque, j’ai eu en cave au moins un millésime de TOUS les crus bourgeois. La Belgique du vin était totalement cadenassée par le marketing des Chartrons et de Libourne, de Sauternes, par l’habileté des Corréziens et par le partisanisme de la Sopexa. Et tous les chroniqueurs belges participaient de ce clientélisme, certains étant réellement achetés.
Puis, pour des raisons multiples (ma participation à In Vino Veritas, mon enseignement au CERIA, l’osmose inverse) mais aussi car je passais de plus en plus de temps à la vigne (je veux dire, vraiment, l’outil à la main), j’ai pris conscience de la duperie et, inévitablement, j’ai rompu le lien.
2) Il serait crétin de prétendre qu’il n’y a pas de bon vin à Bordeaux. Ma désaffection - outre l’aspect « marketing » - tient à trois facteurs : le prix que rien ne justifie (en dehors des « overheads »), le cabernet pas mûr et chaptalisé que je déteste, les rendements démentiels.
3) J’élabore – depuis 7 millésimes – du vin d’AOP, en soignant moi-même le vignoble (10 ha), en assumant la cave à moi tout seul et en prenant en charge l’export. Il n’y a que le tractorisme que je ne fais pas, même si je me suis retrouvé inconscient sous mon chenillard retourné en 2006 (depuis lors, je limite ce petit jeu). J’ai pu ainsi vérifier certaines de mes conceptions, et affiner des perceptions.
Je ne bois plus JAMAIS de Bordeaux.
Cela étant, en toute franchise, je souhaite le plus de bonheur possible à toutes les propriétés viticoles familiales d’Aquitaine. Je leur souhaite des ventes, des bons millésimes, du développement. Et je souhaite en même temps – j’en perçois le caractère impossible hélas – la disparition pure et simple de l’agro-alimentaire du vin au main des institutionnels, des banques, des assurances et des groupes financiers.
Tu vois, Broustet, ce n’est pas de la jalousie. C’est simplement une expression moderne de la bonne vieille lutte des classes. Qu’on soit marxiste ou non – qui l’est encore ? -, qu’on le veuille ou non, c’est encore elle qui dirige la société, même devenue mondialisée.