Responsable d'un GDON (organisme spécialisé dans la lutte contre la Flavescence Dorée), je souhaiterais apporter quelques éléments techniques au débat :
- Les recherches menées par Caudwell sur le "rétablissement" des vignes atteintes de Flavescence Dorée (FD) ne sont pas occultées par la recherche ni par l'Etat, vous pouvez par exemple lire la thèse de Julien Chuche (2010) sur le Comportement de Scaphoideus titanus, conséquences spatiales et démographiques, pages 61-62, chapitre "phénomène de rétablissement", en libre téléchargement sur le net. Les résultats de Caudwell sont présentés. Vous vous apercevrez qu'il existe également des résultats qui contredisent ceux de Caudwell.
- L'importance des phénomènes de "rétablissement" est dépendant
a) du cépage, et plus précisement du couple / cépage porte greffe
Certains cépages ne se rétablissent quasiment jamais, d'autres sont peu sensibles.
b) des phénomènes de ré-inoculation
On ne peut débattre du sujet sans connaissance en parallèle des populations de S. titanus présentes sur les parcelles. Les pieds qui semblent rétablis sont-ils situés sur des parcelles avec présence régulière de l'insecte, (dans les commentaires, beaucoup de vignerons précisent maintenir les traitements obligatoires et laisser les pieds en place). Une fois sortie des obligations de traitement, les populations de S. titanus vont petit à petit se reconstituer, et entrâiner un nouveau phénomène de nutrition / réinoculation. La maladie pourrait alors connaître une nouvelle expansion sur le long terme car...
c) il faut différencier pied guéri, pied malade asymptomatique et porteur sain
Les Portes Greffes sont quasiment tous asymptomatiques (on ne voit aucun symptôme quand le pied est porteur de la maladie) mais peuvent être contaminés puis transmettre la maladie par l'intermédiaire de S. titanus.
Il est possible de trouver le phytoplasme de la FD sur des rameaux sains de pieds malades (infectés sur d'autres rameaux). Certains cépages ne subissent que très rarement des dégâts (syrah), mais participent à la transmission de la maladie.
L'absence de symptôme ne prouve pas que la maladie a été éliminée par le cep, mais peut également signifier qu'elle est supportée car les atteintes au phloème sont assez faibles pour ne pas perturber le fonctionnement du pied, et ce pour un fonctionnement physiologique donné. Rien ne prouve que l'acquisition / transmission du phytoplasme par l'insecte vecteur ne soit plus possible, ni que la tolérance du cep ne puisse s'effacer si d'autres éléments physiologiques surviennent (multiplication des repas d'acquisition via augmentation des populations de cicadelles de la FD après arrêt des traitements obligatoires, vieillissement naturel du cep, stress climatique...)
Il y a encore beaucoup de travail à faire...