Quantcast
Channel: Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
Viewing all 7671 articles
Browse latest View live

« L’ambassadrice d’Uruguay montre sa culotte à Buckingham Palace » tribulation d’un cordon bleu chez Franco, Brejnev et la Queen Élizabeth II « Aujourd’hui caviar, demain sardines »

$
0
0
« L’ambassadrice d’Uruguay montre sa culotte à Buckingham Palace » tribulation d’un cordon bleu chez Franco, Brejnev et la Queen Élizabeth II « Aujourd’hui caviar, demain sardines »

S’il est un livre dont j’ai savouré chaque page, dont je me suis délecté en souriant, c’est bien «Aujourd’hui caviar, demain sardines» de Carmen et Gervasio Posadas, aux éditions de l’Épure. Sœur & frère, enfants de l'ambassadeur d'Uruguay, dotés d’une mère capable « avec quatre sous, beaucoup d’imagination et en mettant tout le monde à l’ouvrage, du premier au dernier membre de la famille (d’où le Posadas Inc.), pour nettoyer, peindre et cirer… capable de transformer une ruine en ambassade de rêve. »

« L’ambassadrice d’Uruguay montre sa culotte à Buckingham Palace » tribulation d’un cordon bleu chez Franco, Brejnev et la Queen Élizabeth II « Aujourd’hui caviar, demain sardines »

Madame l’ambassadrice d’Uruguay était aussi un cordon bleu capable de faire prendre des vessies pour des lanternes à ses invités pour pallier les petits moyens que leur octroyait leur Ministère des Affaires Étrangères. Ainsi, son gâteau de fausse langouste confectionné avec de la lotte était du plus bel effet présenté avec des carapaces de langoustes vides qui pouvaient resservir plusieurs fois. Plat dont raffolait le redoutable Manuel Fraga Iribarne, Ministre du Tourisme et de l’Information sous un Franco qui commençait à sucrer les fraises, membre du conseil des ministres qui refusa la grâce à Julián Grimau, dirigeant du Parti communiste Espagnol, arrêté, torturé, défenestré, condamné à mort et exécuté en 1963 que Fraga qualifiera alors de criminel et justifiera son exécution. En 1964, il se baignera à Palomares sur la côte d'Almería à l'endroit où un avion militaire américain a perdu accidentellement quatre bombes H, pour y démontrer que les eaux n'y sont pas polluées par la radioactivité.

 

« … quelles que soient mes résolutions, chaque fois que je viens ici, je mange comme un ogre… c’est impossible de respecter un régime. »

« Nous supposâmes qu’il s’agissait du régime alimentaire, car il commença immédiatement à manger et se resservit de l’entrée le fameux gâteau de fausse langouste… »

 

L’humour est au coin de chaque page, pour preuve l’épisode d’un déjeuner chez une vieille marquise, l’une des plus célèbres de Madrid, dans un palais décrépi, aux murs recouverts de Greco, Velasquez et Goya, où elle fut accueillie par un majordome dont la bouche « s’ornait d’une moue de lassitude et d’un mégot » lui contant l’histoire de la rencontre de Fabiola « fille des marquis de Cas Riera, l’une des meilleures familles de Madrid… Je n’ai jamais vu fille aussi laide et avec aussi peu de grâce… Comme elle était très croyante, tout le monde pensait qu’elle entrerait au couvent… » et de Baudoin au ski en Suisse. Celui-ci « très croyant voulait à tout prix se trouver une fiancée en Espagne parce que c’est le pays le plus catholique du monde et il eut la chance de tomber sur la femme la plus catholique d’Espagne. »

 

« Je suis allé au mariage à Bruxelles. C’était spectaculaire. La robe de la mariée était une merveille de Balenciaga, mais Dieu que la mariée était laide. Je ne sais ce que l’on va penser dans le monde d’une reine aussi peu gracieuse… »

 

  • Vous savez comment on appelle maintenant les 2cv Citroën ? demanda l’une des invitées qui n’avait pas ouvert la bouche jusque-là.

  • Comment ?

  • Les Fabiola, parce qu’elles sont très laides, mais très fiables.

L’épisode moscovite est aussi un petit bijou que nos petits enfants pour qu’ils puissent mesurer ce qu’était l’enfer bureaucratique de l’ex-URSS.

 

« Ce pays devrait s’appeler l’Union bureaucratique. Il faut tout faire par l’intermédiaire de l’UPDK qui est l’organisme du Ministère des Affaires étrangères chargé de s’occuper des ambassades, évidemment avec ces initiales, on dirait plutôt une annexe du KGB. Vous voulez un menuisier ? UPDK. Vous voulez une voiture ? UPDK. Vous voulez faire réparer votre voiture ? UPDK, madame et quand on s’adresse à eux, ils disent toujours que ce qu’on demande est très difficile et qu’ils ne savent pas combien de temps ça va prendre. »

 

L’épisode du « domovoï » (revenant) de la résidence est aussi très drôle. L’ancien propriétaire, un commerçant riche à millions, « un porc réactionnaire » tomba amoureux de la plus belle des « zingari » (bohémienne) avec « d’immenses yeux verts de chat ». De retour plus tôt que prévu d’un voyage il la trouva dans les bras de l’un des zingari. Il les tua tous les deux sur place et « il donna le cadavre de l’amant à manger aux chiens et celui de la femme… il le découpa en morceaux et le fit brûler dans la cheminée de la bibliothèque. »

 

La recette du poulet à la Kiev, farci de beurre fondu, plat phare de la cuisine russe, délicieux, servi au restaurant Berlin, datant d’avant la révolution et qui gardait « son ancien charme, avec ses grands miroirs, ses candélabres et ses fresques du XIXe. »

 

À la recherche de l’Archipel du Goulag de Soljenitsyne :

 

« À l’entrée de ce qui était autrefois le quartier chinois (à côté des murs du Kremlin à quelques cinquante mètres de la fameuse Lubianka, le siège du KGB) se trouve un marché clandestin de copies artisanales de livres interdits, que l’on appelle « samizdat »

 

« Cela semble incroyable, mais il (son mari l’ambassadeur) raconte qu’un jour, il a rencontré là-bas Molotov, celui du cocktail, le célèbre ministre des Affaires étrangères de Staline, qui est aujourd’hui dans la disgrâce la plus totale. Ce que Luis n’a pas réussi à savoir, c’est s’il vendait de la littérature interdite, s’il en achetait, s’il promenait tout simplement sa nostalgie au pied du Kremlin ou s’il cherchait à se procurer un kilo d’oranges en contrebande »

 

« Ici, en Union Soviétique, il y a beaucoup de restrictions, de manques et d’incommodités, mais si tu ne cherches pas les problèmes et si tu regardes ailleurs, tu peux avoir une vie assez tranquille : les gens ont un logement assuré, même s’il est insalubre ; l’électricité et le chauffage ne coûtent pas cher et les gens travaillent très peur. Comme ils disent par ici : « Nous faisons semblant de travailler et l’État fait semblant de nous payer. » Mais si on affronte le système, la vie devient un enfer : harcèlement, perte d’emploi, prison et dans le pire des cas, traitement de « rééducation » en clinique psychiatrique. »

 

Mais le bijou d’humour est les pages consacrées à la présentation à la Queen Élizabeth II qui n’aime que les couleurs « vivacious » ou gaies. Donc pas de noir, « dans ce cas, elle pensera immédiatement que vous êtes en deuil, et elle vous présentera ses condoléances, ce qui serait une gaffe (en français dans le texte) très désagréable qu’il nous faut éviter. »

 

Je brûle de vous raconter l’épisode, mais je ne le ferai pas, vous laissant le soin d’acheter le livre pour 18€ seulement pour le découvrir tout à la fin de l’opus.

 

Accueillie à Buckingham par Lady Pirrit qui « aimait aussi les couleurs vivacious. Elle portait une très élégante robe en taffetas jaune poussin et un châle jaune canari… » l’ambassadrice avait choisi « pour l’occasion une robe en voile de mousseline fuchsia, très léger et printanier » qui lui allait très bien. Elle portait « bien entendu les gants règlementaires ainsi qu’un chapeau blanc et pour tout ornement, une longue et fine chaîne en or qui m’arrivait jusqu’à la taille et d’où pendait une médaille qui avait appartenue à ma mère. »

 

Alors pourquoi diable « Embassador’s Wife shows Knikers to the Queen? »

 

  • Petits incidents de travail qui arivent, me dit-elle (la Queen) avec un doux sourire, moi aussi j’en ai eu quelquefois “So, don’t worry, mistress Pilladas”.
« L’ambassadrice d’Uruguay montre sa culotte à Buckingham Palace » tribulation d’un cordon bleu chez Franco, Brejnev et la Queen Élizabeth II « Aujourd’hui caviar, demain sardines »

Les 2 Dupont, le Jacques et le Bompas explorent le territoire de « pruneau-land » où un baron a changé son eau en vin grâce à une pointe Bic…

$
0
0
Les 2 Dupont, le Jacques et le Bompas explorent le territoire de « pruneau-land » où un baron a changé son eau en vin grâce à une pointe Bic…

En ce temps d’élections cantonales, les 2 missionnaires du Point et du vin battent vaillamment la campagne encépagée de la rive droite. Est-ce un signe que le fléau de la balance va pencher à dextre dimanche prochain ? Je ne sais, mais ce que je sais c’est que ces deux beaux nez (les amateurs de contrepèterie sont priés de s’abstenir) ont le fessier fragile, oui rappelez-vous « le fameux siège de roto-faneuse en fer troué qui fit la gloire de la mécanisation au temps de la traction animale équipe également la Maison des vins... Les élus du syndicat de l'époque où fut adopté cet instrument de torture ne devaient guère passer de temps en dégustation... ».

 

Le meilleur de leurs amis de Saint et Millions, Hubert le bourguignon, devrait leur offrir un coussin à ses armes pour qu’ils puissent continuer à décocher en toute sérénité leurs perfides flèches sur les nouvelles reines de beauté du classement qui fait jaser jusqu’à la concierge de cette charmante bourgade : « Nous n'avons pas encore goûté les montagne-saint-émilion ni les saint-georges. Mais les lussac et les puisseguin-saint-émilion se sont montrés remarquables, surtout si on les compare à certains saint-émilion grands crus qui semblent parfois manquer un peu de « racines » en s'affirmant davantage grâce aux pratiques œnologiques et au bois ».

 

Et toc, ce n’est pas de la langue de bois mais faudra tout de même qu’un jour on explique au bon peuple de la France qui boit ce que sont ces fameuses pratiques œnologiques ! Faire toute la lumière ce qui, un jour d’éclipse, va s’en dire.

 

Pour le reste si vous souhaitez suivre les tribulations des deux larrons chez le baron allez voir ICI. 

 

Confidence pour confidence j’ai toujours détesté les pointes BIC, ça écrit trop gros et ça bave, et, comme je ne me rase pas, et que j'allume mes roulées avec des allumettes, je n’ai guère contribué à arrondir la pelote du baron Bich

 

Aux dernières nouvelles Vin : les bordelais annoncent « un beau millésime 2014 »
 

L’appel du 21 mars pour vivre mieux mangez du printanier local c’est bon pour le moral et votre porte-monnaie…

$
0
0
L’appel du 21 mars pour vivre mieux mangez du printanier local c’est bon pour le moral et votre porte-monnaie…

Ça ne va pas tarder les bubons cramoisis d’Espagne vont débouler sur nos étals. J’ai toujours milité contre la fraise « bubonique » rouge cramoisie cultivées par des émigrés payés par des coups de pieds au cul, en provenance, via des gros camions qui puent, des tunnels d’Andalousie : « elles déboulent sur les étals dès avril, grosses, moches, grenues, rouge brique, empilées, entassées, venues par camions entiers de la province de Huelva en Espagne. « L’Espagne exporte chaque année vers l’Hexagone, selon les douanes, 68000 tonnes de fraises (60% des importations françaises), soit un ballet de quelque 22000 camions par an, sur 2500 km. Un bilan carbone désastreux… 

 

Les autorités ne cessent de nous bassiner avec leur slogan sanitaire « Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour ».

 

Oui, mais quels fruits et légumes choisir ?

 

Quels critères privilégier pour faire ce choix ?

 

Le goût, le prix, la variété…

 

Avec l’arrivée du printemps j’affirme que l’on a tout à gagner en achetant des fruits et légumes de saison en privilégiant la proximité.

 

Kurt Vonnegut, qui est étasunien, parle du moment où « Dame Nature boucle tout. Novembre et décembre, ce n’est pas l’hiver. C’est le verrouillage. Puis vient l’hiver, janvier et février. Diable ! Pour faire froid, il fait froid ! Qu’y-a-t-il ensuite ? Pas le printemps. C’est le déverrouillage. Qu’est-ce qu’avril pourrait être d’autre ? »

 

La terre, la vraie, pas celle de Pétain qui ne ment pas, l’humus, la glèbe, le terroir, revit sous la douce chaleur du soleil printanier. Tout pousse, c’est la renaissance de tout ce qui se cachait en son sein. C’est le moment de se gaver de légumes de saison !

 

Les légumes de saison… c’est quoi ?

 

Ce sont des légumes qui poussent dans une région ou un pays, en pleine terre ou sous abri non chauffé, les serres froides, les belles cloches en verre.

 

Oui mais les légumes de saison sont-ils bons pour notre porte-monnaie ?

 

Bien sûr le prix des légumes varie au cours de l’année en fonction de multiples variables, mais souvent hors-saison ils sont plus chers, leur qualité est moyenne car ils sont souvent importés ou cultivés sous serre chaude. Acheter vos légumes à des producteurs locaux, sur les marchés, reste la solution idéale pour avoir des légumes frais et pas trop chers.

 

Dans tous les cas de figure soyez attentif à l'origine géographique, et au mode de culture, des légumes proposés sur les étals des marchés urbains, de votre marchand de fruits et légumes, et si vous y allez, les rayons de la GD, mais aussi des magasins bio : les légumes locaux et de saison valent souvent mieux, dans beaucoup de cas, que des produits bio importés par avion !

 

Sans être un écolo forcené vous pouvez éviter les produits empruntant de longs transports par avion, bateau ou camion qui génèrent un grand nombre de nuisances environnementales : consommation de ressources non-renouvelables et pollution (il faut ainsi 5 litres de gasoil pour un kilo de fraises d'hiver), mais aussi embouteillages et accidents de la circulation (en Europe, un camion sur trois transporte de la nourriture).

 

De plus, au lieu de chialer hypocritement sur le sort des petits producteurs, ça permet à ceux de vivre et à des jeunes de s’installer. C’est bon pour la planète et l’emploi. Et ne me dites pas que c’est trop cher : faites une croix sur les saloperies payés au prix du caviar que vous achetez à vos chiarres type M&M's, dangereux, nocifs car bourrés de dioxyde de titane. 

 

Pour les fruits, n’oubliez pas qu’un fruit local et de saison, cueilli à maturité peu de temps avant que vous ne le consommiez, a des qualités gustatives et nutritionnelles bien plus importantes qu’un fruit qui a mûri au frigo sur un bateau - lequel doit en plus souvent être traités avec des produits facilitant sa conservation voire emballé dans une coque plastique qui le protège durant le transport.

 

Attention le slogan achetez Français n’est pas toujours pertinent pour ceux qui veulent acheter des légumes de saison car beaucoup provenant du Sud sont cultivés sous serre chaude en France et sont hors saison. L'affichage du mode de culture n'est pas obligatoire et est donc souvent absent. Le problème est que la culture sous serre nécessite jusqu’à neuf fois plus d’énergie qu’une production à l’air libre - cette technique requiert en effet un chauffage constant pour une température ambiante stable, et parfois même l’utilisation de lumières artificielles… sans compter évidemment l’ajout de produits chimiques si la culture n'est pas bio et que les produits doivent voyager.

 

Les tomates sont le plus « bel exemple » de cette totale dessaisonalisation.

 

 

L’appel du 21 mars pour vivre mieux mangez du printanier local c’est bon pour le moral et votre porte-monnaie…
L’appel du 21 mars pour vivre mieux mangez du printanier local c’est bon pour le moral et votre porte-monnaie…

C’est la saison des asperges alors ne vous privez pas Tout savoir sur l’asperge … et les respounchous 

 

Conseils pratiques

 

Quelques conseils pratiques pour ne pas dénaturer les vitamines contenues dans les légumes :

 

N’éplucher les légumes que si cela est vraiment nécessaire,

 

Laver rapidement sans excès,

 

Ne laisser pas tremper les pommes de terre et les légumes verts trop longtemps surtout si ils sont épluchés ou coupés,

 

Pour les crudités, ne les râper qu’au dernier moment et ajouter aussitôt du vinaigre ou du citron.

 

Superbe interprétation des 4 Saisons par Richard Galliano à l'accordéon 

Un carnet taché de vin « J’avais tout de l’étron qui attire les mouches plutôt que de la fleur qui fait venir les papillons et les abeilles » Charles Bukowski

$
0
0
Un carnet taché de vin « J’avais tout de l’étron qui attire les mouches plutôt que de la fleur qui fait venir les papillons et les abeilles » Charles Bukowski

« Né le 16 août 1920 à Andernach (Allemagne) hors les liens sacrés du mariage, je suis un bâtard, mais pas un enfant illégitime. Mon père était l’un des soldats américains qui occupaient le pays ; ma mère était une jeune Allemande écervelée. Je venais d’avoir 2 ans quand mes parents partirent vivre aux États-Unis – d’abord à Baltimore, puis à Los Angeles où j’ai gâché la majeure partie de ma jeunesse et où je vis encore aujourd’hui.

 

Mon père était une brute et un lâche qui n’avait d’autre satisfaction que de me punir pour mes fautes, vraies ou imaginaires, à coups de lanière de cuir, celle-là même dont il se servait pour affûter son rasoir. Ma mère se contentait de l’approuver. Leur devise préférée était : « Un enfant doit être toujours visible et tenir sa langue. »

 

Confessions d’un vieux dégueulasse (1971)

 

« Un carnet taché de vin » n'est pas un fond de tiroir écrit Anthony Palou dans le Figaro culture. 

 

« Bukowski, c'est l'évidence d'une littérature pas coupée à l'eau tiède. Et c'est pour ça qu'il nous émeut, nous traverse comme une flèche. Il fait dans la vie telle qu'elle va ou ne va pas trop. Ce gars-là, ce pas grand-chose ne fut jamais le premier de la classe, mit tout son talent à n'être que lui. Ses influences? Hemingway, Saroyan, Fante, etc. et comme ses pairs, il s'est acharné à dépuceler la littérature à coup de burin, à aplatir la langue américaine tel le boucher du coin qui attendrit une escalope. À fleur de peau fouettée, il mit aussi toute son énergie au service de ce que nous sommes, de sombres insectes cherchant à s'en sortir. »

 

Bukowski n'utilise jamais le frein à main, il est un vrai raffiné, un tribal civilisé. Il ne carbure pas aux hormones, il est né rageur, ne fut never pas une grande tête molle, s'est décarcassé chaque jour que dieu fait pour affronter un monde pas terrible. Toujours à la limite de l'optimisme, il sait que le boulot, que le jeu aux courses, la biture et la castagne en vaudront toujours la chandelle. »

 

Ce n’est pas l’avis de Philippe Garnier des Inrocks : Racler les souvenirs dans les fonds de tiroirs 

 

« Plus de vingt ans après sa mort, et bientôt un demi-siècle après la publication du Journal d’un vieux dégueulasse, il est peut-être temps de vérifier les prédictions d’Allen Ginsberg sur Bukowski (“poète mineur, il ne durera pas”), ou les estimations sceptiques du monde universitaire américain – Robert Peters, qui aimait l’œuvre, la qualifiait de « gab poetry » (poésie de la parlotte), en référence à son « naturel”, proche de la conversation. »

 

« L’édition reflète bien la tendance actuelle : les livres de témoignages, biographies, études et archives photographiques se sont multipliés outre-Atlantique. Et les parutions posthumes de l’auteur vont bientôt égaler en nombre (déjà considérable) les textes publiés de son vivant. L’année dernière nous avait amené Le Retour du vieux dégueulasse, et Grasset sort à présent ce Carnet taché de vin, similairement estampillé du logo Buko façon bague de cigare, similairement réuni et préfacé par David Stephen Calonne, en passe de devenir le Matthew J. Bruccoli de la Dégueulasserie. Comme Bruccoli avec Hemingway et Fitzgerald, qui ne s’est arrêté de publier leurs fonds de tiroirs et listes de provisions qu’à sa mort en 2008, ce professeur émérite (spécialiste de William Saroyan et Henry Miller, deux influences de jeunesse pour Bukowski) a entrepris l’excavation des archives du Vieux, dispersées entre la Huntington Library à Pasadena, l’université de Californie à Santa Barbara, et les Special Collections de l’université d’Arizona. »

 

 

Un carnet taché de vin « J’avais tout de l’étron qui attire les mouches plutôt que de la fleur qui fait venir les papillons et les abeilles » Charles Bukowski

Confessions d’un vieux dégueulasse (1973)

 

« Je me suis forgé, livre après livre, la réputation d’un éternel soiffard, et elle est plutôt méritée. Je ne pense pas pour autant que mon travail puisse se résumer à cela. Il n’empêche qu’ils sont nombreux ceux que cette réputation émoustille. En général, ils me téléphonent sur le coup de 3 h 30 du matin :

 

« Bukowski ?

 

  • C’est du domaine du possible.

  • Charles Bukowski ?

  • Exactement.

  • Salut, mec. Je t’appelle juste pour qu’on cause un peu tous les deux.

  • T’es bourré mon, mon gars, je l’entends.

  • Ma valise aussi est bourrée. Et alors ?

  • Écoute, je ne sais pas qui tu es mais tu ne peux pas réveiller des gens à pareille heure, et encore moins des inconnus. Ça ne se fait pas.

  • Vraiment ?

  • Vraiment.

  • Pas même Bukowski ?

  • Surtout pas lui. »

Et, point final, je raccroche.

 

Ces gamins sont persuadés avoir trouvé en moi l’âme sœur, tout simplement parce que je ne déteste pas, comme eux, boire plus que de raison et que je n’ai pas caché dans mes textes mon faible pour les coups de fil après minuit. Mais quel besoin ont-ils de vouloir me copier ? À propos de téléphonages, je me souviens encore de la nuit où, déchiré grave et tricard chez toutes celles que j’avais aimées, j’ai appelé l’horloge parlante pour entendre, pendant de longues minutes, la voix d’une femme m’égrener le temps qui passe : « Au quatrième top, il sera exactement 3 heures 30… au quatrième top, il sera exactement 3 heures 30 et 15 secondes… » Hein, que vous la connaissez, sa voix ! Aussi la prochaine fois que l’envie vous vient de me bigophoner, appelez l’horloge parlente et, si vous en êtes encore capable, branlez-vous en l’entendant. »

 

Fragments d’un Carnet taché de Vin 

CHAP.15 opération Chartrons, Colmou le rocardien qui rétrécit la gauche et le Buisson ardent qui brûle les doigts de Mélanchon

$
0
0
CHAP.15 opération Chartrons, Colmou le rocardien qui rétrécit la gauche et le Buisson ardent qui brûle les doigts de Mélanchon

Semaine étrange, pleine d’absence, de trous, de fureurs intérieures, de dépressions suivies de remontées vertigineuses, je ruminais. Toujours précédées d’un long temps de lenteur, masqué par une manière d’être, absente, insondable, mes décisions importantes ont toujours été aussi soudaines qu’imprévisibles. Je tranche ! Laisse derrière moi ce qui n’est qu’après tout du passé sur lequel qui que ce soit n’a de prise. Hôtel de l’avenir, quel avenir s’interroge dans sa langue concise souvent imperméable, Patrick Modiano, par la bouche de son héros qui arpente les rues du Ve au petit matin tout près de l’église Saint-Jacques-Haut-le-Pas ? L’équation est simple, sans aucune inconnue, elle est mon avenir, je ne suis pas le sien, insoluble et je ne cherche pas à la résoudre. Précautionneux et attentif je me contente de me glisser dans tous les espaces qu’elle me donne. Et elle m’en donne. Apaisé face à elle j’en deviens contemplatif. M’envole ! La connexion se fait : amarrée sur l’autre rive du bassin, Milou, la péniche bleue et jaune, devient notre trait d’union, « je l’achète et nous partons ! » Elle sourit. Nos secrets, une forme d’intimité tendre, je m’inquiète, elle s’inquiète, mes mots, les siens. Et puis il y a le regard des autres… qu’importe… peu m’importe… C’est simple : débarrassé de mes vieux habits je revis. Prends de plus en plus de distance avec mon job, j’en ai marre de voir les gens de pouvoir sombrer dans la médiocrité la plus crasse. « Chronique d’un désastre annoncé » avis de gros temps, une vraie grande marée qui va tout emporter. Devant ma petite bande de bras cassés sympathiques je me roule une petite clope, tabac naturel et papier chanvre, et j’entame ma conférence de début semaine en évitant d’avoir l’air désabusé.

 

Au temps d’une Rocardie planant sur un petit nuage bleu ciel, sondages au zénith pour son cher Premier Ministre, souvenir du fameux Congrès de Rennes où les courants du PS s’étripèrent sans prendre de gants, juchés sur des chaises, tout près de moi, le couple Dray-Mélanchon leaders d’une motion à leur nom, très à gauche bien sûr, conspuait les sociaux-traîtres que nous étions. Et dire que Mitterrand avait refusé de voir Julien Dray entrer dans le gouvernement Rocard avec son petit sourire carnassier qui voulait dire : « je ne vais pas vous faire ce cadeau Monsieur le Premier Ministre, donner une gamelle de soupe à l’un de vos adversaires le plus acharné c’est me priver des services d’un roquet qui vous mordra les chevilles à la première occasion… » Par dérision nous les avions baptisés : Gueule de Raie et Méchant Con. Mais, en ce temps-là, les deux larrons ne faisaient pas parti de nos préoccupations premières : l’adversaire à abattre était le puissant et redoutable Laurent Fabius et ses troupes avec à leur tête l’actuel président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone, et entre autres Didier Migaud, alors député de l’Isère et maintenant Premier Président d’une Cour des Comptes qui nous coûte bien cher pour des résultats insignifiants et un inconnu qui n’est pas devenu célèbre : Jean-Pierre Philippe, ex-Mermazien cherchant une belle écuelle, et qui la trouvera sous le gouvernement Jospin en se faisant nommer à la SOPEXA, présentement légitime époux de Longueurs&Pointes, la clopeuse des quais de Paris NKM alliée intermittente de Sarkozy. La Bretagne, foyer principal de la Rocardie, tous ces cathos de gauche passés avec armes et bagages au service de cette Deuxième Gauche honnie par tous les hiérarques du Parti. Les restaurants de Rennes étaient bondés et nous avions dû, un petit carré de suppôts de Rocard, accepter de partager le nôtre avec un bloc des partisans de Lolo du Grand Quevilly. L’atmosphère, tendue au départ, devint plus fluide au fur et à mesure que le vin produisait ses effets de convivialité. Si je vous parle de cet épisode c’est que ce soir-là, Yves Colmou, alors chef de cabinet du Premier Ministre, s’endormit pendant le repas.

 

En dehors des petits cercles du PS et de la gente politique, qui adore les coups fourrés, hantant les couloirs du Parlement, qui connaît Yves Colmou ? Les Préfets ! Ce cher Yves adore orchestrer le ballet des Préfets… Homme de l’ombre, comme l’écrit David Revault d'Allonnes, grand spécialiste de la 2e gauche, dans le Monde « il n'aime rien moins que d'apparaître en pleine lumière. «Moi, je ne m'occupe de rien», tente d'abord d'évacuer Yves Colmou, 58 ans. La réalité est tout autre. Adepte de la discrétion, le «conseiller auprès du premier ministre», numéro deux du cabinet dans l'ordre protocolaire entre la directrice et le directeur adjoint, n'en est pas moins l'un des piliers du système Valls. Conseiller politique et parlementaire, DRH et chasseur de têtes, expert ès cartographies électorales et éclaireur dans les méandres du PS. « Colmou est multifonction, estime un proche de M. Valls. Il est capable d'avoir un œil sur l'administration, le groupe, le parti. C'est le couteau suisse. » Son bureau, plutôt exigu et situé au rez-de-chaussée, ne fait pas partie de ceux, plus vastes et majestueux, qui entourent celui du chef du gouvernement, au premier étage de l'hôtel Matignon. Mais il se trouve juste à côté du salon où se tiennent toutes les réunions importantes. Vieux routier de la Rocardie et de la Jospinie, professionnel de l'appareil et des réseaux socialistes, capable d'égrener sans ciller les résultats électoraux, sur trente ans, des cantons les plus reculés, Yves Colmou ne saurait ignorer que l'essentiel, en politique, se joue ailleurs : en coulisses. »

 

Mais avec le premier tour des élections départementales, Yves Colmou est sorti brutalement de l’ombre, surnommé dans Le Parisien «l’homme qui rétrécit la gauche». Et d’énumérer les tares congénitales de la réforme menée en solitaire, lorsqu’il occupait le même poste Place Beauvau : fin du renouvellement des départements par moitié ce qui démultiplie la tendance générale du scrutin, qualification au second tour à 12 et demi pour cent des inscrits contre 10% jusqu’ici ce qui n'est pas très malin en ces temps d’abstention record et de gauche est faible est divisée.

 

Mes troupiers fascinés m’écoutaient dérouler la démonstration de Frédéric Métézeau dans son billet politique de France-Culture : Les apprentis sorciers se brûlent toujours les doigts 

 

« Avec ce nouveau mode de scrutin, le gouvernement s’est piégé tout seul mais ce n’est pas la première fois et c’est une nouvelle preuve que les redécoupeurs de cantons, les tripatouilleurs de calendrier, les appsrentis-sorciers des élections se brûlent toujours les doigts. Que ces réformes lancées comme des grandes avancées démocratiques avec en arrière-pensée l’espoir d’une victoire sans forcer, leur reviennent dans le visage comme le boomerang d’une défaite inattendue…

 

1986 : premières élections législatives à la proportionnelle sous la Vème République qui n'évitent pas la défaite de la gauche au pouvoir, 35 députés FN entrent à l'Assemblée et c’est la cohabitation.

 

1988 : la droite est passé par là et Charles Pasqua avec ses grand ciseaux pour le rétablissement du scrutin majoritaire mais la gauche retrouve la majorité, certes relative.

 

1997 : Jacques Chirac bouleverse le calendrier et dissout l’Assemblée Nationale, ses stratèges croient au bain de jouvence pour la suite du septennat, c’est la douche froide.

 

2002 : Lionel Jospin et Jacques Chirac (aiguillonnés par VGE) passent au quinquennat avec inversion du calendrier électoral. L’entourage du Premier ministre dont Manuel Valls et Yves Colmou y voient une réforme d’une si grande modernité et d’une si grande logique institutionnelle qu’elle va porter leur champion et son si bon bilan vers l’Elysée. Chou blanc donc…

 

2012 : redécoupage Marleix pour les législatives avec la création de 11 circonscriptions pour les Français de l’étranger (la 1ère Etats-Unis Canada, la 2ème Amérique centrale Amérique du sud, la 5ème Espagne Portugal et Monaco, la 8ème Italie, Grèce, Chypre, Israël, la 11ème qui couvre la moitié de la planète : la Russie, toute l’Asie et l’Océanie !) mais en juin 2012 malgré les craintes du PS la droite n’en remporte que 3 sur 11.

 

À l’inverse, en 2011 la gauche remporte le Sénat sans aucune réforme de ce scrutin pourtant censé favoriser la droite.

 

Moralité : la carte électorale et le mode de scrutin ne changent pas une élection. Un scrutin reste une démarche politique.

 

Jusqu’ici, redécoupages et tripatouillages pouvaient limiter les dégâts mais cette année cela risque d’être le contraire, reste que les scrutins sont de plus en plus illisibles pour les Français. Quand il était président, Nicolas Sarkozy confiait « les Français sont le peuple le plus politique du monde ». Il est vrai qu’avec une monarchie, deux empires, cinq républiques et quantité de réformes nous avons goûté à tout avec des cuistots très imaginatifs dans l’arrière-cuisine électorale mais aujourd’hui on frise l’indigestion ou pire… l’indifférence. »

 

J’abordais en dessert le cas de Mélanchon, un beau cas que je connais sur le bout des doigts depuis que je l’avais croisé alors qu’il était grouillot du maire de Massy Claude Germon

 

Dans leur dernier livre Le Mauvais Génie,  Ariane Chemin et Vanessa Schneider, grands reporters au Monde, révèlent comment Patrick Buisson, ancien prof d’histoire, proche des « néofascistes » Alain Renault et François Duprat, a bénéficié d’une mansuétude fascinante au sein de la Sarkozie. Non content d’insuffler ses thèses identitaires au président de la République, il a irrigué toute la droite, fabriquant de nombreux « bébés Buisson ». Dans le sillage de l’ex-directeur de la rédaction de Minute, un inframonde politique, réactionnaire ou ultracatholique, a retrouvé le chemin du pouvoir. Ça tout le monde le sait, ou presque, mais pour Mélanchon, à part nous les Grandes Oreilles, pas grand monde. Le journalisme d’investigation a besoin de sources, de vraies gorges profondes.

 

« J’en suis sûr. Je suis écouté. » La voix de Jean-Luc Mélenchon a blanchi. Près de lui, à quelques mètres, un collaborateur voit des gouttes perler sur son front. Le candidat du Front de gauche à la présidentielle vient de raccrocher après quelques mots murmurés au téléphone, mais la conversation semble l’avoir plongé dans une angoisse irraisonnée. Comme si le seul fait de s’être entretenu avec ce mystérieux correspondant avait suffi à le plonger dans cet étrange accès de fébrilité. (…)

 

L’homme avec lequel Jean-Luc Mélenchon était en ligne n’est autre que Patrick Buisson. (…) Buisson et Mélenchon se sont rencontrés au début de l’année 1993. Un jeune journaliste de Valeurs actuelles, Éric Branca, a décidé de s’atteler à une biographie de Philippe de Villiers. Patrick Buisson rejoint le projet en cours de route. Il donne au livre du souffle, du lyrisme, de la flamme. Pour clore l’ouvrage, les deux auteurs demandent à quatre « hérétiques » qui « ne supportent ni les carcans ni les contraintes » de donner leur avis sur le vicomte vendéen. Buisson a choisi Raoul Girardet, Marie-France Garaud, Bernard Debré et Jean-Luc Mélenchon.

 

« Mélenchon est l’un des derniers socialistes à se référer à une grille d’interprétation marxiste de l’économie et de la société, écrit Buisson après avoir reçu le texte du socialiste. Paradoxalement, ce n’est ni un brasseur de vulgate ni un adepte de la langue de bois. » Il est conquis. « Il faut absolument que tu me le présentes », demande-t‑il à Branca. Le début d’un long dialogue et d’une amitié. (…)

 

« Mélenchon a pris l’habitude de consulter son nouvel ami avant chaque décision stratégique. Buisson met avec plaisir sa science des sondages à son service. (…) Lorsque l’ami Jean-Luc Mélenchon se décide à concourir à la présidentielle, son conseiller occulte le convainc chiffres à l’appui, qu’il a un espace à conquérir à gauche du PS »

 

Régulièrement remise sur le tapis depuis 2012, comme une petite ritournelle que l’on chantonne quand revient le beau temps, ainsi de la présence de Jean-Luc Mélenchon en 2007 à la remise de la légion d’honneur de Buisson comme preuve flagrante de leur proximité. Face à Marc Oliver Fogiel, récemment dans l'émission Le Divan, Mélenchon propose un argumentaire plus sophistiqué mais pas vraiment plus convaincant. « Aller à la légion d'honneur de Patrick Buisson par Nicolas Sarkozy, c’est une curiosité, c'est une gourmandise, un spectacle gratuit. Comme si vous me disiez 'ah ! On a trouvé un papillon qui a des pattes, des pattes de lapin. J'y vais. Je vois le président de la république qui dit remercier l'homme qui lui a permis d'être élu. C'est extraordinaire !».

 

Ce n’est pas de la langue de bois mais de la langue de pute comme l’adore le monde médiatique. Ça ne draine pas les voix des gens d’en bas mais la Merluche, qui a tété au sein des hiérarques Mitterrandien, le sait mieux que quiconque : le peuple c’est beau mais, à démagogue, démagogue et demi, il préfère l’original à la copie… Alors le pont avec Buisson n’est pas une vue de l’esprit…

Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?

$
0
0
Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?

J’en viens à me demander si notre slogan soixante-huitard, que nous croyions éculé, « élections, piège à cons ! », n’est pas d’une brûlante actualité. Quand je vois ce que l’avenir nous promet j’en viens même à regretter la royauté. Au moins, avec eux, même s’il y en eut de tous les acabits, le bon peuple ne pouvait s’en prendre qu’à Dieu. Aujourd’hui, il confond l’isoloir avec le défouloir ou, quand il se dit intelligent, comme l’immense Onfray, orphelin de la gauche, qui a déclaré « Il y a 90% des gens qui sont de gauche et qui ne se reconnaissent pas dans Hollande, Mélenchon ou Besancenot. En gros, vous me dites que la gauche, ce sont trois cageots et qu'il va falloir aller puiser ». Michel Onfray reproche à Hollande de suivre la politique libérale de Nicolas Sarkozy, à Mélenchon de soutenir des personnalités « toxiques et dangereuses » comme Vladimir Poutine ou Fidel Castro et accuse aussi le NPA d'être « d'une certaine manière dans l'antisémitisme », dans leur propos contre Israël et leur soutien à la Palestine.

 

Le philosophe de la Normandie profonde ira sans doute à la pêche, moi pas même si je ne vote pas vu qu’à Paris nous mettons tous nos œufs dans le même panier. Bon, je ne vais pas en faire tout un fromage sur un scrutin local où les gloses nationales sentent trop l’impatience de certains à prendre en main notre destin.

 

Revenons au Roi, en l’occurrence le Roi Soleil, Louis XIV et son fils dit le Grand Dauphin qui, s'étant arrêtéz à Maroilles après la signature de la paix de Nimègue (1678) pour s’y restaurer auraient beaucoup apprécié la saveur du fromage que les paysans leur servirent en collation.

 

Dans cette belle région herbagée du Nord de la France il existait un impôt dit « les droits du dauphin » réservé aux charretiers qui devaient verser à Cambrai un denier pour chaque chariot venant du Hainaut.

 

Le Roi Soleil était heureux des avantages qu’il venait de tirer du traité de Nimègue consentit, sur la requête de son fils, à dispenser les paysans des droits du dauphin. En signe de reconnaissance, ceux-ci baptisèrent le fromage apprécié par les bouches royales du nom de « dauphin »

 

Cette légende a pris corps à la suite d'une remarque fortuite faite par des chercheurs. Il n'est fait mention du dauphin, il s'agissait d'un fromage aromatisé aux herbes, dans les comptes de l'abbaye de Maroilles qu'après 1670. Et l'on peut estimer, avec Léon Albert Fargues, l'éminent historien du Maroilles, que la « création ou la modification d'un fromage ne se fait pas du jour au lendemain ». Par la suite, on s'est rendu compte, en examinant les archives, que dans l'acte du roi déterminant les droits du Dauphin les charretiers de Maroilles étaient exemptés de la taxe de 1 denier perçue à Cambrai sur chaque chariot du Hainaut qui passait dans la ville.

Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?
Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?

Le Dauphin est préparé à base de Maroilles blanc, c’est à dire de Maroilles à peine sorti du moule. Cette pâte est alors mélangée à des herbes et des épices (estragon, poivre et clous de girofle à l’occasion) avant d’être placée en cave humide.

 

Durant les 2 à 4 mois d’affinage, sa croûte est régulièrement lavée à l’eau salée. Celle-ci prend alors une teinte orange.

 

La forme que prend le Dauphin est variable, bien qu'il soit souvent présenté en pain et sous la forme de poisson stylisé. Il pèse 200 grammes en pain, et 500 grammes en poisson…

 

Selon le fromager Androuet :

 

Choix à l'aspect du dauphin : croûte lisse orangée, pouvant tendre vers le brun.

 

Choix à l'odeur du dauphin : puissante assez pénétrante et légèrement ammoniaquée.

 

Choix au toucher: souple sans excès.

 

Choix au goût: relevé et aromatisé.

 

Comme nous sommes dans le Nord j’en profite pour vous recommander 3 fromages politiques :

Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?
  • Le vieux gris ou gris de Lille, puant macéré ou encore fromage fort de Béthune :

En 1960, lors de sa venue à Lille, Nikita Khroutchtev, ancien maître de l’URSS y fit grand honneur. C’est une pâte de Maroilles. Salé deux fois, sans croûte, de couleur grisâtre à odeur légèrement ammoniacale, son goût est plus prononcé, plus salé et un peu piquant. Sa pâte est souple, sans trou. L’affinage du Gris de Lille, connu autrefois, sous le nom de Maroilles gris, est plus long que son cousin : il dure 5 ou 6 mois.

Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?
  • La mimolette dite boule de Lille ou Vieux Lille :

On affirme que c’était le fromage préféré du Général de Gaulle. Fromage en boule à croûte grise et à chair orangée, d’un poids de 4 kg (au départ) qu’on désigne encore sous le nom de Vieux Hollande dans la région lilloise.

 

On le désigne ainsi : demi-vieux, vieux gras, vieux cassant. Son affinage atteint parfois 24 mois (entre 16 et 18 mois, le fromage est donc à plénitude et développe alors tout son arôme, c’est à cette époque qu’il est le meilleur), sa croûte naturelle est brossée régulièrement afin que les cirons n’attaquent pas toujours la croûte au même endroit ; on fabrique la mimolette dans d’autres régions de France, mais beaucoup viennent vieillir dans les célèbres caves du nord, spécialisées dans le brossage et le travail du “maillet de bois” (c’est au son que l’on détermine si la boule est bonne ou trouée).

Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?
  • Le Rollot :

Le souvenir de Louis XIV s’attache à ce fromage ; on raconte en effet que le roi Soleil s’étant arrêté pour déjeuner dans la région, un Rollot lui fut servi par un nommé Debourges. Le Roi s’en régala tant qu’il lui décerna le titre de Fromage Royal. Au XVIIIe siècle dans cette région, il n’était pas rare que, des propriétaires en règlement des fermages qui leur étaient dus, exigent en complément, la fourniture de quelques délicieux Rollots. Le Rollot tient son nom d’une petite localité du Santerre en Picardie, dans les environs de Montdidier. C’est un petit fromage au lait de vache de 8 à 9 cm de diamètre sur 3,5 cm de hauteur. Son extérieur est rougeâtre. Sa fabrication a beaucoup diminué et a presque disparu à ce jour. Madame Henguelle près de Fruges, en fabrique une petite centaine par jour de manière tout à fait traditionnelle. (Certains industriels de l’avesnois le commercialisent en forme de cœur).

 

Pour accompagner ces fortes personnalités je vous conseille pour le vin du puissant La Papesse 2013 un vinsobres domaine de Gramenon 100% Grenache 15°

Beau comme la mort d’un impôt « Le dauphin fromage flamand qu’on mange très fait et qui excite à  boire » Alexandre Dumas : à boire quoi ?

Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons « la prohibition valait mieux que l’absence totale d’alcool »

$
0
0
Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons « la prohibition valait mieux que l’absence totale d’alcool »

Le vieux schnock en question ce n’est pas moi, et les jeunes cons sont étasuniens, des étudiants fraîchement diplômés de l’Université devant lesquels Kurt Vonnegut, disparu en 2007, le vieux schnock en question, prononçait des discours lors des cérémonies de remise de diplômes. « À l’écrit comme à l’oral, Vonnegut usait de mots directs et de phrases franches, ceux et celles que les gens pensaient mais ne disaient pas, des idées qui exprimaient des sentiments profonds, qui démontaient les préconceptions et vous faisaient voir les choses sous un autre angle» note dans la postface l’écrivain Dan Wakefield, ami de longue date également originaire d’Indianapolis. Chaleur taquine, dérision imprègnent le recueil de 9 discours « Elle est pas belle, la vie ? Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons » traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Guillaume-Jean Milan. Denoël, 180 pp., 15 €. La simplicité bonhomme et une franchise étonnante faisait de Kurt Vonnegut l’un des orateurs les plus demandés pour les cérémonies de remise de diplômes en Amérique.

Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons « la prohibition valait mieux que l’absence totale d’alcool »

Je vous livre mes soulignés, crayon de papier bien sûr, de lecture…

 

« Quand j’étais petit, à Indianapolis, il y avait un humoriste du nom de Kin Hubbard. Il écrivait chaque jour un petit billet pour The Indianapolis News. Indianapolis a grand besoin d’humoristes. Souvent de type était aussi spirituel qu’Oscar Wilde. Un jour il a dit, par exemple, que la prohibition valait mieux que l’absence totale d’alcool»

 

« Des années durant j’ai cherché la meilleure blague du monde. Je crois l’avoir trouvée. Je vais vous la raconter, mais il va falloir m’aider. Vous devrez dire « Non » quand je lèverai la main comme ça. D’accord ? Ne me laissez pas tomber.

Vous savez pourquoi la crème est incroyablement plus chère que le lait ?

LE PUBLIC : Non.

Parce que les vaches détestent s’accroupir sur des petits pots.

Voilà la meilleure blague que je connaisse. »

 

« Qu’attendent les gens légèrement plus vieux des gens légèrement plus jeunes ? Qu’on leur reconnaisse le mérite d’avoir survécu si longtemps, et souvent, on peut l’imaginer, dans des conditions difficiles. Les gens légèrement plus jeunes rechignent incroyablement à leur accorder cela. »

 

« … vous avez passé la majeure partie des seize dernières années, ou plus, à apprendre à lire et à écrire… Il est terriblement difficile d’apprendre à lire et à écrire. Ce n’est tout simplement jamais fini… »

 

« Deux sujets essentiels demeurent néanmoins à traiter : la solitude et l’ennui. Quel que soit l’âge que nous avons aujourd’hui, nous nous ennuierons et nous sentirons seuls pour ce qui nous reste à vivre. »

 

 

« … la haine bat la cocaïne à plate couture.

C’est grâce à la haine, rien de plus, que Hitler a fait renaître une nation éreintée, en faillite et à moitié affamée. Vous imaginez. »

 

Kin Hubbard à nouveau :

 

« Il n’y a pas de honte à être pauvre… mais un peu quand même. »

 

« Personnellement, j’ai un beau-fils qui a été avalé par son ordinateur. Il a disparu dedans et je ne sais pas si nous pourrons l’en sortir un jour. En plus il a femme et enfants ! »

 

« William Ross Wallace : « La main qui balance le berceau dirige le monde. »

Et de grâce éloignez-moi cet enfant des ordinateurs, de la télé, à moins que vous ne vouliez en faire un imbécile solitaire qui vous pique l’argent dans votre porte-monnaie pour s’acheter du matériel.

Ne renoncez pas aux livres. Ils sont si agréables – ce poids amical. »

 

Question posée à Joe Heller auteur de Catch 22 lors d’une fête chez un multimillionnaire à Long Island : « Joe, quel effet ça te fait de voir que dans la seule journée d’hier notre amphitryon a sans doute gagné davantage que ce Catch 22, l’un des livres les plus célèbres de tous les temps, a rapporté dans le monde entier durant les quarante dernières années ? »

Joe a répondu : « J’ai quelque chose qu’il ne pourra jamais avoir. »

J’ai répliqué : « Quoi donc, Joe ? »

Il a rétorqué : « La conscience d’en avoir assez. »

 

Mark Twain, au terme d’une vie riche de sens, se demanda pourquoi nous vivions tous ?

Il trouva six mots pour le satisfaire : « Faire bonne impression à nos voisins. »

 

« … le pouvoir nous corrompt, et que le pouvoir absolu nous corrompt absolument. Les êtres humains sont des chimpanzés qui se soûlent de pouvoir à en devenir fous. »

 

« Le formidable écrivain Albert Murray, qui fut historien de jazz entre autres choses, m’a énoncé une atrocité, durant l’esclavage, dans notre pays même, dont nous ne nous remettrons jamais : le taux de suicide par habitant était nettement supérieur chez les propriétaires d’esclaves que chez les esclaves.

Selon Al Murray c’est parce que les esclaves savaient gérer la dépression, contrairement à leurs propriétaires blancs. Ils jouaient du blues. »

 

Bertrand Russell disait que la planète était « l’asile d’aliénés de l’univers. »

 

« Les Arabes ont aussi inventé les chiffres qu’on utilise, dont un symbole pour le zéro, ce que personne d’autre n’avait fait jusque-là.

Vous pensez que les Arabes sont stupides ? Essayez-donc de faire une division avec des chiffres romains ? »

 

« Nous diffusons la démocratie n’est-ce pas ?

De la même façon que les explorateurs européens ont apporté le christianisme aux Indiens, qu’on appelle désormais « Amérindiens ». Ce qui me rappelle l’histoire de ces Espagnols qui s’apprêtaient à brûler vif un Amérindien parce qu’il s’était énervé. Il fut conduit au bûcher à coups de fouet, en guise de divertissement, et un Espagnol attacha une croix au bout d’un long bâton, qu’il souleva pour que l’Amérindien puisse l’embrasser.

L’Amérindien demanda pourquoi il devait l’embrasser, l’espagnol lui répondit qu’il irait au paradis s’il le faisait. Et l’Amérindien demanda s’il y avait des Espagnols au paradis. On lui répondit qu’il y en avait, et l’Amérindien dit qu’il n’irait jamais.

Quel ingrat, quand même ! Quels ingrats ces habitants de Bagdad ! »

 

« Je connais des diplômés de Yale, de la haute société, qui parlent et écrivent comme un pied. »

 

« Nous vivons à une époque où les gens ne s’excusent jamais de quoi que soit. Ils pleurent et piquent une crise… »

 

« Je m’excuse pour ce désastre qu’est aujourd’hui la planète. Mais elle a toujours été un désastre. Il n’y a jamais eu de « bon vieux temps », il y a seulement du temps. Et comme je le dis à mes petits-enfants : « Pas la peine de me regarder, moi-même je viens d’arriver. »

 

« J’ai engagé un de mes voisins – il était bricoleur – pour ajouter un « L » à ma maison, où je pourrais écrire. Il a tout fait de A à Z – il a construit les fondations, puis les murs et le toit. Il a tout fait lui-même. Et quand tout a été fini, il a fait quelques pas en arrière et dit : « Mais comment ai-je pu faire ça ? On l’a fait ! Elle pas belle la vie ? »

 

L’oncle Alex Vonnegut, un courtier d’assurances « m’a dit que quand les choses allaient vraiment très bien, il fallait toujours le constater. Il parlait d’occasions très simples, pas de grandes victoires. Boire de la citronnade à l’ombre d’un arbre, sentir les effluves d’une boulangerie, pêcher ou écouter de la musique venant d’une salle de concert tandis qu’on est dehors dans le noir ou, si je puis me le permettre, après un baiser. Il m’a dit qu’il était important dans pareilles circonstances de dire à voix haute: « Elle est pas belle, la vie ? »

Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons « la prohibition valait mieux que l’absence totale d’alcool »

Biographie de Kurt Vonnegut 

 

Extraits

 

« Kurt Vonnegut était une conscience. Le porte-parole de la contre-culture née du désarroi d'une génération que l'on disait volontiers "perdue" ainsi que du rejet de la guerre du Vietnam - son premier chef-d’œuvre, l'extraordinaire Abattoir 5, fut publié en 1969 et resta trois ans en tête des listes de meilleures ventes! 

 

« Avec une tornade de cheveux roux et bouclés sur la tête, ses longues moustaches en broussaille, son jean trop large et ses bretelles de fermier, Kurt Vonnegut faisait irrésistiblement penser à un épouvantail. Ou à un clochard céleste, tout droit sorti d'un roman de son copain Kerouac. Il allait et venait pieds nus, et son grand corps décharné tremblait dès qu'il allumait ses cigarettes, l'une après l'autre. Il avait l'air égaré. Parlait peu - ou seulement par aphorismes géniaux, entre deux larges rasades de vodka-orange: « On est ce qu'on fait semblant d'être, aussi faut-il faire très attention à ce qu'on fait semblant d'être ». Ecrivait moins encore, conscient que son oeuvre parlait déjà pour lui. Il a fallu que l'Amérique, ce pays qu'il adorait, tombe bien bas pour qu'il sorte de sa retraite et publie, en 2005, son dernier livre, Un homme sans patrie, bombe anti-Bush d'une virulence et d'un comique plutôt revigorants - et encore une fois best-seller aux Etats-Unis: « Non, je ne me présente pas à la présidence, même si je sais, moi, qu'une phrase doit avoir, pour être complète, un sujet et un verbe. » L'Amérique lettrée, celle qui pense par elle-même et le plus souvent contre elle-même perd un de ses héros. Et les lecteurs, un de leurs amis. »

Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !

$
0
0
Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !

C’est plus classe que de lui balancer « occupe-toi de tes fesses ! » puisqu’en argot, les « oignons » désignent les fesses.

 

Et je ne vous demande pas de vous mettre en rangs d'oignons, expression qui n'a pas grand-chose à voir avec les rangées d'oignons du jardin. Elle est du cru du baron d'Oignon, maître de cérémonie à la cour des Valois, avait l'habitude de crier, lorsqu'il assignait leur place aux seigneurs : « Messieurs, serrez vos rangs ». Entre eux, les seigneurs se moquaient des rangs d'Oignon.

Peter Glazebrook présente son oignon géant durant le "Autumn flower show" à Harrogate (Royaume-Uni),

Peter Glazebrook présente son oignon géant durant le "Autumn flower show" à Harrogate (Royaume-Uni),

Oignon ou ognon

 

Le terme « ognon » est apparu dans la langue française en 1273. La forme définitive, « oignon », apparaîtra au XIVe siècle. Le mot vient du latin populaire unio, unionis qui, en Gaule, a éliminé caepa (d'où viennent « cive », « ciboule », « civette », « ciboulette »), mot employé jusque-là pour décrire ce légume.

 

Pourquoi unio? Tout simplement parce que l'oignon est l'une des rares alliacées dont le bulbe ne se divise pas (on parle ici de l'oignon dans le sens étroit du terme, ce qui exclut l'échalote) et est donc uni.

 

Selon la nouvelle nomenclature botanique, les plantes du genre Allium appartiennent désormais à la famille des alliacées, même si on les trouve encore parfois classées comme liliacées ou amaryllidacées.

 

« Bien qu'on n'ait pas trouvé l'ancêtre sauvage de l'oignon, son premier centre de domestication pourrait être le sud-ouest asiatique. C'est d’ailleurs certainement l'un des légumes les plus anciennement cultivés. On en fait mention dans des textes de l’Égypte antique datant de plus de 4 000 ans, ainsi que dans la Bible où l'on rapporte que, durant leur exode (1 500 ans avant notre ère), les Hébreux pleuraient son absence, de même que celle de l'ail et du poireau. En Grèce et à Rome, on en cultivait déjà de nombreuses variétés. Les Romains lui consacraient même des jardins particuliers, les cepinae.

 

Malgré tout, même si on en cultivait déjà quelques variétés au IXe siècle, l'oignon ne sera vraiment populaire en Europe qu'au Moyen Âge. Ce sera l'une des premières plantes européennes à être cultivées en Amérique, d'abord dans les Caraïbes, où Christophe Colomb l'y introduira. Au XVIIe siècle, il est établi dans le nord des États-Unis de même qu'au Canada, où il est cultivé tant par les colons que par les Amérindiens. Les Européens l'introduiront dans l'est de l'Asie au XIXe siècle bien que, dans ces régions, on préfère toujours consommer les nombreuses espèces indigènes qui lui sont apparentées. Aujourd'hui, on le produit dans toutes les régions tempérées du globe et des essais visant à l'implanter dans les régions semi-désertiques sont en cours. »

 

Mais revenons à l’expression s’occuper de ses oignons.

 

Du côté des étasuniens on trouve l'expression « know your onions » connaître ses oignons. Cette locution née dans les années 1920 faisait référence aux nombreuses variétés d'oignons que l'on cultivait à cette époque aux Etats-Unis, et qui rendait l'identification des espèces difficile. "Connaître ses oignons" signifiait donc savoir quelles étaient les espèces cultivées, et par extension, tout connaître sur un sujet. « S'occuper de ses oignons » voudrait donc dire « se mêler seulement de ce qu'on connaît ».

 

Au XIXe l'oigne, apocope d’oignon, désignait en argot aussi bien l'anus ou le cul que les pieds. L'expression « se le mettre dans l'oigne » voulait d'ailleurs dire mépriser.

 

Dans le centre de la France, c’était une marque d'indépendance des femmes, leur droit de cultiver un coin de jardin où elles faisaient pousser des oignons avant d'aller les vendre sur le marché pour se faire un peu d'argent de poche. Il était donc courant d'entendre les hommes dire aux femmes qui voulaient imprudemment se mêler de leurs affaires « occupe-toi de tes oignons » ou bien « ce n'est pas tes oignons ».

 

Toujours à propos d'oignon lorsqu’il désigne le postérieur, on peut tenter de remettre au goût du jour une expression complètement oubliée de la première moitié du siècle dernier qui pourrait avantageusement remplacer les très usuels avoir du cul, du bol ou de la chance par : « avoir l'oignon qui décalotte ».

 

« Arrivé à son étage, le second, il avait d'ailleurs réussi à se persuader que la psychologie de Pradonet, c'était pas ses oignons, non plus que celle de son hôtesse. »

 

Raymond Queneau - Pierrot mon ami

 

« J't'ai déjà répondu que j'avais assez de mal à m'occuper de mes oignons, sans aller m'amuser à jardiner les salades de mon voisin »

 

Mais hormis le mystère de l’origine de la soupe à l’oignon servie au lit dans un pot de chambre au petit matin de la nuit de noces aux mariés en Vendée bien sûr, la grande question avec les oignons c’est : pourquoi font-ils pleurer ?

 

« Parce qu’on trouve dans l’ail et l’oignon des dérivés soufrés contenant des acides aminés. Ils donnent à l’oignon son goût délicieux mais, quand on coupe un oignon, un de leurs composés, le S-1-propenyl-cystéine-sulfoxyde, est cassé par une enzyme pour donner du propanthial S-oxyde, qui est volatil et irritant. C’est lui qui fait pleurer.

 

Au contact de l’eau – en l’occurrence vos yeux –, ce composé s’hydrolyse an propanol, acide sulfurique et sulfure d’hydrogène. L’œil tente de diluer l’acide en produisant des larmes. Pour empêcher cet effet désagréable, vous pouvez soit arrêter de manger des oignons, soit mettre des lunettes quand vous les coupez, soit les couper sous l’eau, ou du moins, les garder bien humides. »

 

Bern Eggen dans Pourquoi les manchots n’ont pas froid aux pieds (réponses aux lecteurs de New Scientist)

 

Michel Thuriaux suggère de tenir un morceau de sucre entre ses dents, pour absorber la substance irritante. Un allumette marche très bien aussi.

 

Pour finir florilège de vin Pelure d'oignon à déguster en écoutant Les Oignons de Sidney Bechet

Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !
Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !
Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !
Ne pleure pas Jeannette t’auras ta « Pelure d’oignon » vieillie en fût de chêne à Beaune mais occupe-toi de tes oignons !

Nouvelle attaque des hygiénistes le Dr Binet-Sanglé affirme que Jésus se murgeait grave au vin et qu’il était alcoolique

$
0
0
Nouvelle attaque des hygiénistes le Dr Binet-Sanglé affirme que Jésus se murgeait grave au vin et qu’il était alcoolique
Nouvelle attaque des hygiénistes le Dr Binet-Sanglé affirme que Jésus se murgeait grave au vin et qu’il était alcoolique
Nouvelle attaque des hygiénistes le Dr Binet-Sanglé affirme que Jésus se murgeait grave au vin et qu’il était alcoolique

Mais jusqu’où iront-ils ?

 

La coupe déjà pleine débordait : pensez-donc l’amendement félon du sieur Véran provoquait des vapeurs à Jacques Dupont, et qu’il fallut dare-dare lui faire respirer des sels dans la salle de dégustation du syndicat de Pomerol pour qu’il reprenne ses esprits, poussait même le placide Président Farges  à dégainer ses Rafales de derrière les fagots « Quand le président de la République vient à Mérignac chez Dassault Aviation pour se féliciter des ventes de Rafale, c'est très bien. Mais les Rafale rapportent 3 milliards, et la filière viticole pèse 20 milliards. Disons qu'il y a deux poids, deux mesures... »

 

De mes lointaines études de droit constitutionnel je me souviens d’une notion d’importance : la séparation des pouvoirs entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Alors qu’un amendement d’un député en Commission des Affaires Sociales – celle-ci étant plutôt composée de parlementaires ayant une oreille attentive aux chants des hygiénistes – provoquât de telles outrances à l’égard des membres du gouvernement et du Président relève du grand n’importe quoi. Pour l’heure ils n’en peuvent mais. Tout se passera dans l’hémicycle lors de l’examen du texte et des amendements, alors la Ministre de la Santé pourra s’y opposer. Être vigilant est de bonne politique mais accuser de reniement à la parole donnée avant même le débat public ne soit engagé participe d'une forme de poujadisme qui ne grandit pas la cause défendue.

 

Bref, couiner avant d’avoir mal est bien dans l’air du temps. Ces fourbes socialos il ne faut jamais leur faire confiance, toujours prêts à mordre la main qui leur a tendu si généreusement un beau verre de vin. « De la bombe ! » quoi. Au bon vieux temps de Roselyne on préférait faire dans la dentelle.

 

C'est au pied  du mur que l'on juge le maçon. J'estime que l'amendement d'Olivier Véran (PS), qui propose de moduler l'actuel message sanitaire l'abus d'alcool est dangereux pour la santé en laissant toute latitude au Ministère de la Santé la possibilité d'adapter ce message, selon sa volonté, est un durcissement inacceptable de la loi actuelle et qu'il faut s'y opposer. Et je suis certain qu'il y aura une majorité pour cela. Pas la peine de pousser des hauts cris, d'en rajouter des tonnes. 

 

Plus sérieusement, je suis pour que Vin&Société se mobilise contre l’odieuse attaque des hygiénistes qui par les écrits du Dr Binet-Sanglé, dit Binet-Cinglé, soutiennent que Jésus est alcoolique et que sa « morale n'est inspirée que par la haine, la crainte et la pitié. Ses disciples sont des alcooliques patentés. « On buvait beaucoup [de vin], ainsi qu'en témoigne le fameux épisode des noces de Cana, où nous voyons servir aux convives six cruches de vin de deux ou trois métrètes, c'est-à-dire de soixante à quatre-vingt-dix litres chacune. » Mais de tous, c'est assurément le Christ qui est le plus atteint :

 

De l'hérédo-alcoolique, il avait la constitution médiocre, la faiblesse musculaire, la pauvreté des conceptions, du jugement et du raisonnement, les idées fixes, la déséquilibration intellectuelle, l'incohérence, l'hypersuggestibilité, les idées de grandeur, de persécution, mystiques, la déséquilibration émotive et sentimentale (alternances d'exaltation et de dépression, accès de tendresse, accès de colère), la tristesse chronique, l'irrésolution, le manque d'énergie, l'impulsivité, la paresse, le besoin de vagabonder »

 

C'est simple, Jésus « est fou à lier ». Autrement dit, il est à la fois aliéné, paranoïaque, mégalomane, téhomégalomane, et théomégalomane hystéroïde.

 

Comment va réagir François ?

 

Dans un sondage effectué en décembre dernier pour Le Parisien et Itélé près de 9 Français sur 10 avaient une bonne opinion du souverain pontife, qu'ils soient catholiques ou non.

 

Mais François montera à la tribune du Sénat avec un magnum de chambolle-musigny !

 

La folie de Jésus, son hérédité, sa constitution, sa physiologie du Dr Binet-Sanglé publié chez un éditeur de référence, Maloine, a fait les délices de Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière dans leur Dictionnaire de la bêtise.

 

Aujourd'hui très recherchée par les bibliophiles, l'œuvre de Binet-Sanglé est consultable ICI

 

Merci à Pierre Menard écrivain, auteur de "20 bonnes raisons d'arrêter de lire" et "Comment paraître intelligent" auteur de cette excellente chronique Jésus, cet alcoolique notoire dont j’ai extrait quelques citations.

Nouvelle attaque des hygiénistes le Dr Binet-Sanglé affirme que Jésus se murgeait grave au vin et qu’il était alcoolique

En 1 heure ½ maximum la récolte était vendue, parce qu’elle venait d’une terre cultivée avec amour et que l’amour ça donne bon goût…

$
0
0
En 1 heure ½ maximum la récolte était vendue, parce qu’elle venait d’une terre cultivée avec amour et que l’amour ça donne bon goût…

Comme vous pouvez vous en douter je n’ai pas mis les pieds au grand barnum mercanti de la Mutualité, Omnivore, pas besoin de tout ce cinéma pour foodistas qui ne savent que Twitter pour savoir où se trouvent les bons produits, bien les préparer et les manger sans chichis. Notre monde mondialisé est peuplé de parasites qui vivent grassement sur la bête en se parant de plumes de paon, des petits laquais au service des barons de la bouffe industrialisée.

 

Après ce petit couplet, destiné à me dégager les bronches, j’en viens au sujet du jour et affirmer « Si a 50 ans tu n’as pas lu Andrea Camilleri, tu n’as pas réussi ta vie… »

 

Ce type est un génie, l’un des écrivains les plus aimé d’Italie, et il le mérite grandement, ses romans basés sur des faits réels exclus de l’histoire officielle sont de vrais bijoux où il cultive un amour savoureux et roboratif. Il est remarquablement traduit par Dominique Vittoz qui sait conserver toute la saveur de sa langue inimitable.

 

Son dernier opus, La Reine de Poméranie, recueil de 8 nouvelles, ne faillit pas à sa réputation de génial compositeur de scènes de vie des gens de peu et des « grands chavaroutes » dans une société à taille humaine où vices et vertus finissent toujours par prêter à sourire. La plume peut se faire féroce mais l’atmosphère reste bon enfant, Camilleri sait garder une légèreté qui laisse la place à l’optimisme. Ne nous y trompons pas nous sommes tous, à notre manière, des Vigàtais – habitants de la bourgade sicilienne de Vigàta imaginé par ce diable de Camilleri.

 

En général les recueils de nouvelles rassemblent des textes de qualité inégale où une pépite soutien l’ensemble, ici dans celui de Camilleri elles sont tous, sans exception, de vrais petits romans passionnants avec toujours des chutes surprenantes ou remarquables. L’art de la chute est la marque des grands romanciers.

 

J’ai donc eu beaucoup de difficultés à choisir la nouvelle dont j’allais extraire quelques pépites.

 

J’ai choisi Les chaussures neuves.

 

Ce pour plein de raisons, tout d’abord parce que c’est une histoire de paysans, ensuite parce l’âne baptisé Benito Mussolini, en plein régime fasciste, par un fieffé communiste y tient une belle place, enfin parce que cette tranche de vie de la famille Sgargiato touche mon cœur de petit vendéen crotté. Bien évidemment je ne vous révèlerai pas le cœur de cette histoire de « chaussures neuves » où la vie rude des paysans de ce temps laisse une large place à des sentiments qui m’ont émus jusqu’aux larmes.

 

Si vous ne courez pas jusqu’à la librairie la plus proche acheter ce livre de Camilleri il va me falloir rendre mon tablier pour aller planter mes choux ailleurs.

 

« Bartolomè Sgargiato était un paysan qui habitait à l’extérieur de Vigàta, sur la montagne du Crasto, où il possédait une petite maison, héritée de son père Jachino.

 

Il vivait là avec sa femme Assunta, leur fils aîné Jachino qui avait dix-neuf ans, leur deuxième fils ‘Ngilino qui en avait dix-sept et leur fille Catarina qui, avec ses quinze printemps, semblait déjà une femme. À côté de la maison, une étable abritait un âne, une cinquantaine de poules et une dizaine de lapins. La maison était placée au milieu d’un terrain de deux arpents de bonne terre cultivée en potager. Et c’était le potager qui, avec les œufs, nourrissait la maisonnée.

 

Tous les matins, un des fils à tour de rôle descendait à Vigàta avec l’âne enfardelé pour vendre à la criée les légumes tout frais et les fruits de saison, pommes de terre nouvelles, fèves, pois chiches, concombres, cornichons. En une heure et demie maximum, la récolte était vendue, parce qu’elle venait d’une terre cultivée avec amour par Bartolomè et ses enfants et que l’amour, ça donne bon goût. »

 

« Par le fait les Sgargiato affanaient dans la campagne tous les jours que Dieu fait, du matin au soir. Comme les dimanches étaient travaillés aussi, sur toute une année les jours de repos se réduisaient à quatre : la saint Càlo, Pâques, Noël et le jour de l’an.

 

En janvier, ils semaient en pleine terre les fèves, les fenouils, les petits pois et, sous abri, les oignons, les carottes, les tomates, les céleris, le persil, les radis, les concombres, les aubergines, les poivrons, les courgettes.

 

En février, l’ail, les asperges, les choux, la roquette.

 

En mars, les pommes de terre. Et ils buttaient les artichauts.

 

En avril, ils buttaient les fèves et les pommes de terre, ils ramaient les petits pois et ils plantaient le basilic, les pastèques et les melons.

 

Et ainsi de suite, tout au long de l’année.

 

Mais avant tout un potager a faute d’eau. Surtout quand il reçoit peu de pluie l’hiver et qu’il se trouve en plein soleil l’été.

 

Heureusement le terrain possédait un puits suffisamment alimenté pour arroser le jardin. Sauf que tous les après-midi la famille s’estringnolait quatre heures durant pour puiser l’eau.

 

Des années plus tôt, Bartolomè avait acheté une pompe à la coopérative agricole. Reliée à une bardouflée de tuyaux en pente, elle envoyait l’eau où il y en avait faute. Mais la pompe marchait à bras d’homme, au moyen d’un levier en bois qu’il fallait actionner sans décesser si on voulait que l’eau coule en continu.

 

Et ce levier, ce n’était pas des rises. On avait beau graisser le mécanisme, rien n’y valait. Aussi comme ainsi, au bout d’une demi-heure, on avait le bras tout endolori à ne plus pouvoir le dégrober. Alors un autre membre de la famille prenait le relais. Les deux femmes étaient toisées en un petit quart d’heure. Puis le premier reprenait le flambeau. »

 

Que voulez-vous quand je lis Camilleri j’en suis tout ébravagé

 

Comme moi La Vie aime beaucoup La Reine de Poméranie

Les 3 B de Berthe Berthomeau mon cordon bleu de mère… Clémence Lefeuvre son beurre blanc et son muscadet pur melon de Bourgogne

$
0
0
Les 3 B de Berthe Berthomeau mon cordon bleu de mère… Clémence Lefeuvre son beurre blanc et son muscadet pur melon de Bourgogne

Dieu quelle n’aimait pas son prénom ma sainte mère si bonne cuisinière !

 

Berthe au grand pied, pensez-donc !

 

Berthe Berthomeau par les liens du mariage, ça tenait pour elle d’une forme de malédiction…

 

Elle aurait pu adopter son second prénom : Clotilde, mais c’était celui d’une lointaine parente avec qui les Gravouil – nom de jeune fille de maman – était fâché depuis une éternité. Comme dans la Sicile de Camilleri les fâcheries entre familles puisaient leur source en des terroirs insondables. « Il faut savoir que les d’Asaro et les Petralonga étaient à chiffe-tirées depuis l’époque de l’empereur Frédéric II. Non seulement ils ne s’adressaient pas la parole, mais tous les prétextes étaient bons pour se mener une guerre sans pitié, chaque famille rameutant parents et alliés, des plus proches aux plus éloignés »

 

Quant à son troisième prénom Armantine, il était d’une laideur insoutenable.

 

Résignée, maman porta son prénom comme une croix jusqu’aux jours où ses petits-enfants lui donnèrent de la mamie Berthe.

 

Et pourtant, ce prénom honni est celui de la mère de Charlemagne, cette Berthe que « les récits médiévaux surnomment « au grand pied ». De cette histoire, très populaire au Moyen Âge, il existe de nombreuses versions. Soulignons-le encore une fois : toutes n’ont que de très lointains rapports avec la réalité historique. Que l’on ne s’étonne donc pas, par exemple, d’y voir Berthe présentée comme la fille du roi d’une Hongrie qui, à l’époque supposée, n’existait pas encore. »

Les 3 B de Berthe Berthomeau mon cordon bleu de mère… Clémence Lefeuvre son beurre blanc et son muscadet pur melon de Bourgogne

« Jadis régnait sur la France le roi Pépin, fils de Charles Martel. On le surnommait Pépin le Bref, en raison de sa petite taille : il ne mesurait pas plus de cinq pieds de haut, à ce que rapportent les chroniques. Mais excepté cela, il n’y avait rien à reprendre en lui, car il était bon chevalier, plein de prouesse et de belle mine, et souverain puissant et respecté. À maintes reprises, il avait victorieusement défendu sa terre contre les païens : Huns et Vandales, Saxons et Maures.

 

Ce roi, n’ayant point d’épouse, se décida un jour à se marier, comme son rang l’exigeait… »

 

Pépin assembla ses barons en la grande-salle de son palais à Paris pour leur dire qu’il avait décidé de prendre femme « afin de donner au royaume de France un héritier qui le maintiendra et le protégera » après sa mort.

 

Ses hommes liges, ses grands vassaux, se concertèrent longuement car ce n’était pas une mince affaire que de trouver une femme au roi de France.

 

C’est le duc Amaury de Bourgogne, chevalier plein de prouesse et sage prudhomme, dont on écoutait volontiers les avis, proposa :

 

« Sire, je crois connaître une pucelle qui vous plairait fort : c’est Berthe, la fille du roi Floire de Hongrie. Sa beauté est renommée dans toute la chrétienté ; elle est bien apprise, instruite et parlant bien français, sage et accomplie en tout ce qui sied à une noble dame, et on la tient pour pieuse et de bonnes mœurs. Quant à son lignage, on n’en saurait trouver de plus excellent, que ce soit du côté paternel ou maternel. Son père est un puissant souverain, dont l’alliance vous en sera précieuse… »

 

Ainsi comme ainsi, comme l’écrirait Camilleri, une ambassade au roi Floire de Hongrie se rendit à Bude pour lui demander la main de sa fille…

 

En voilà une belle histoire maman, sûr qu’elle t’aurait plu et réconcilié avec Berthe au grand pied.

 

Reste que, si j’ai conté la légende de Berthe au grand pied c’est pour mieux vous vanter les talents de cuisinière de ma mère, la Berthe Berthomeau.

Les 3 B de Berthe Berthomeau mon cordon bleu de mère… Clémence Lefeuvre son beurre blanc et son muscadet pur melon de Bourgogne

Les 3 B de Berthe Berthomeau : béchamel, béarnaise et beurre blanc…

 

  • La béchamel, contrairement à une idée reçue tenace, n’est pas une invention de Louis de Béchameil, marquis de Nointel (1630-1703) mais l’œuvre de François-Pierre de La Varenne, cuisinier du marquis d’Uxelles, qui l’évoque dans son Cuisinier françois, publié en 1651.

Le Béchameil en question, fin gourmet, maître d’hôtel du jeune Louis XIV au lendemain de la Fronde après avoir été au service de la maison d’Orléans en qualité de surintendant, l’aurait un chouïa amélioré et s’en serait attribué la paternité en 1700.

 

Le duc d’Escars ironise sur cette captation d’héritage :

 

« Est-il heureux, ce petit Béchameil ! J’avais fait servir des émincés de blancs de volaille à la crème plus de vingt ans avant qu’il fût au monde, et pourtant je n’ai jamais eu le bonheur de pouvoir donner mon nom à la plus petite sauce ! »

 

De Béchameil en béchamelle la sauce devint béchamel…

 

La sauce béchamel d'après le Guide culinaire d'Auguste Escoffier 

 

Pour 5 litres de sauce : 650 g de roux blanc et 5 litres de lait bouillant.

 

Eléments auxiliaires :

 

300 grammes de veau bien blanc et maigre, détaillé en dés, étuvé au beurre et à blanc avec : 2 petits oignons ciselés; une brindille de thym, une pincée de mignonnette, une râpure de muscade

 

Traitement :

Délayer le roux avec le lait bouillant ; faire prendre l'ébullition en remuant, et ajouter : assaisonnement, condiments, et veau étuvé. Cuire doucement pendant une heure ; passer à l'étamine et tamponner la surface de la sauce avec un morceau de beurre. Lorsque la sauce Béchamel est destinée à des préparations absolument maigres, le veau en est supprimé, mais les aromates indiqués doivent être conservés.

 

On peut aussi faire cette sauce aussi rapidement en procédant ainsi : ajouter dans le lait bouilli, l'assaisonnement, l'oignon émincé, thym, mignonnette et muscade ; couvrir et tenir sur le côté du feu pendant 10 minutes.

 

Passer ce lait infusé sur le roux ; faire prendre l'ébullition, et cuire la sauce pendant 15 à 20 minutes seulement.

 

  • La béarnaise est-elle originaire du Béarn ?

Bien évidemment, l’origine de la sauce béarnaise divise les historiens. Ce que l’on sait avec certitude est qu’elle est inventée, non pas dans le Béarn, mais au château de Saint-Germain-en-Laye, dans le pavillon baptisé du nom d’Henri IV, roi béarnais. S’il faut en croire le fameux gastronome Curnonsky (1872-1956), c’est Jean-Louis-François Collinet, chef cuisinier du château, en 1860, qui en serait l’auteur. » in François Pigaillen L'Histoire de la casserole.

 

Le paradoxe Bayrou ou quand la sauce béarnaise ne prend pas 

 

ENTRECÔTE GRILLÉE SAUCE BÉARNAISE 

 

  • Le beurre blanc de Clémence Lefeuvre

 

« Comme cela arrive parfois dans l’histoire de la gastronomie, son invention (le beurre blanc) est issue d’une erreur. Vers 1890, Clémence Lefeuvre (1860-1932), cuisinière au château de Goulaine, près de Nantes, prépare une sauce béarnaise pour accompagner un brocheton qu’elle doit servir au marquis de Goulaine. Elle oublie d’incorporer les œufs et obtient ce qu’elle nomme le beurre blanc. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’elle ouvre plus tard un restaurant au lieu-dit La Chebuette. Elle reçoit régulièrement à sa table Aristide Briand, grand amateur de son beurre blanc et qui déclare à sa mort que « sa perte est quelque peu un deuil national ». Le beurre blanc a été depuis importé à Paris, au restaurant La Mère Michel, rue Rennequin, qui la popularisé » in L'Histoire de la casserole Henri Pigaillen

Les 3 B de Berthe Berthomeau mon cordon bleu de mère… Clémence Lefeuvre son beurre blanc et son muscadet pur melon de Bourgogne

C'est finalement le dessin d'Angélique Cousseau, de l'école AGR de Nantes, qui a été le plus "liké" pour représenter le muscadet du prix Clémence-Lefeuvre 2015.

 

Comme c'est désormais une tradition, le dessin qui définira l'étiquette d'un des grands prix du muscadet, le Clémence-Lefeuvre, est issu de l'imagination des élèves de l'école de design AGR de Nantes.

 

La semaine dernière encore, cinq dessins étaient en lice. Pour choisir l'heureux élu, il suffisait de liker le dessin sur la page Facebook du Prix Clémence-Lefeuvre. Avec 324 voix, c'est celui d'une jeune Vendéenne, Angélique Cousseau, en 4e année de cycle supérieur, qui a été choisi.

Les 3 B de Berthe Berthomeau mon cordon bleu de mère… Clémence Lefeuvre son beurre blanc et son muscadet pur melon de Bourgogne

J’ai eu des déboires avec la restauration de ce tableau d’un ciboire qui s’emboit alors je n’ai pas laissé de pourboire…

$
0
0
J’ai eu des déboires avec la restauration de ce tableau d’un ciboire qui s’emboit alors je n’ai pas laissé de pourboire…

Non je n’ai pas bu !

 

C’est le mot déboire, utilisé par un confrère blogueur pour dénommer un wine maker d'exception, qui m’a incité, non à boire, mais à rechercher les mots dont boire est le suffixe.

 

Déboire désignait autrefois le goût désagréable que laisse une mauvaise boisson dans la bouche, ce qui se rapproche de l’expression « avoir des déboires »

 

Ce vin rouge et vermeil, mais fade et doucereux, n’avait rien qu’un goût et qu’un déboire affreux…

 

Boileau, Satire de l’Auvergnat fumeux.

 

Comme le jurent nos cousins de la Belle Province « ah! Ciboire! »

 

« Criss de tabarnak d’hostie de calice de ciboire d’étole de viarge, oussé kié le sacramant de calice de morceau de casse-tête du tabarnak ! (François Blais, Vie d’Anne-Sophie Bonenfant, p. 124).

 

Mais le juron québécois «ciboire» rime pour nous avec le verbe «boire» mais se prononce «Cibouère» et bien sûr fait référence à la coupe consacrée où l’on conserve les saintes hosties pour la communion des fidèles. Du latin ciborium « grande coupe », dérivé de cibare « nourrir, alimenter ».

 

Pour emboire, verbe transitif du 3e groupe, c’est imbiber en termes de Sculpture : « Emboire d’huile ou de cire un moule de plâtre. Le frotter d’huile ou de cire fondue pour empêcher la matière qu’on y coulera de s’y attacher. »

 

En peinture s’emboire signifie devenir terne, mat et se confondre en parlant des couleurs et des différentes touches d’un tableau.

 

Ce tableau s’emboit.

 

Reste le fameux pourboire, le pourliche : pour licher, boire donc…

 

J’ai 22 ans, je suis ouvreuse dans un théâtre parisien. Autrement dit, je place le public. La particularité de mon statut ? Il tient au fait que je ne suis payée qu’au pourboire. Je suis donc dans l’obligation d’informer les spectateurs, que le « tip » qu’ils me donnent est mon unique rémunération. J’ajoute que s’ils n’ont rien prévu (ou sont contre ce système), je les place tout de même et avec le sourire :

 

« En revanche, excusez-moi Messieurs-dames, je me permets de vous informer que je suis uniquement rémunérée au pourboire. Mais si vous n’avez rien prévu, ou rien sur vous, pas de problème ! Il n’y a aucune obligation. »

 

Chaque soir, aux alentours de 20 heures, le spectateur, qui était jusque là enthousiaste d’aller au théâtre, est soudainement mis mal à l’aise par la jeune fille, qu’il n’aurait jamais remarquée autrement. Cette jeune fille, c’est moi. Ce moment de malaise, c’est celui où je les informe de mon statut d’ouvreuse rémunérée au service. »

 

 

Faut-il laisser un pourboire ?

 

Une question que l'on se pose à chaque voyage dans un pays dont on ne connaît ni les us, ni les coutumes.

 

En général, il est toujours bienvenu de laisser un petit peu d'argent aux serveurs, employés d'hôtels, guides, etc.

 

Or, dans certains pays, il est carrément obligatoire de laisser de 15 à 20 % de la note, comme en Amérique du Nord. Dans d'autres, comme au Japon, le pourboire est une pratique insultante.

 

Pour s'y retrouver, voici un petit récapitulatif de l'usage du pourboire par pays.

 

La petite gratification laissée après un repas ou une course en taxi est de moins en moins généreuse. 16 % des Français avouent même ne plus rien donner.

J’ai eu des déboires avec la restauration de ce tableau d’un ciboire qui s’emboit alors je n’ai pas laissé de pourboire…

L’ « Osso-buco a modo mio » et le prosecco « vin informel qui accompagne un moment de pause », on le boit « en toute simplicité »

$
0
0
L’ « Osso-buco a modo mio » et le prosecco « vin informel qui accompagne un moment de pause », on le boit « en toute simplicité »

O sole mio

 

Du soleil dans nos cœurs et dans nos âmes !

 

La semaine écoulée n’a pas été avare de larmes et de fureur avec ce garçon bien comme il faut qui déclarait à celle qui était alors sa petite amie « Un jour, je vais faire quelque chose qui va changer tout le système, et tout le monde connaîtra mon nom et s'en souviendra ».

 

Et il l’a fait en précipitant vers la mort ceux dont il avait charge et qu’il devait amener à bon port.

 

La célèbre chanson napolitaine née en 1898, sous la plume du poète Giovanni Capurro sur une musique du chanteur Eduardo Di Capua, tous deux napolitains, fut vite reprise par « Enrico Caruso et elle deviendra très vite le cheval de bataille des ténors lors des fins de concert, Benjamino Gigli, Tito Schipa, Giuseppe Di Stefano, Mario Lanza, etc... En 1960, Elvis Presley la dépoussière sous le nom d'It's Now or Never et connaît un grand succès. En France, Dario Moreno, Luis Mariano et Dalida s'essayent à la reprise. Plus récemment, Luciano Pavarotti la reprend en 1998… »

 

Alors, en ce dimanche matin pluvieux, j’ai décidé de surfer sur l’O.

 

1- L’O du prosecco

 

« Le prosecco est un « vin informel qui accompagne un moment de pause », on le boit « en toute simplicité », assure Giancarlo Vettorello, qui dirige l’association des producteurs de prosecco supérieur. Le prosecco, vin pétillant italien, se vend bien et même de mieux en mieux à l’étranger, où son caractère léger et son prix séduisent au point de concurrencer désormais le champagne dans certains pays comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

 

Aux Etats-Unis, les ventes ont bondi de 34%

 

Trois appellations cohabitent dans le petit monde du prosecco, produit exclusivement dans le nord-est de l’Italie, à environ 70 km au nord de Venise: le supérieur, le DOC (équivalent de l’appellation d’origine contrôlée en France) et le prosecco d’Asolo.

 

Les vignes perchées sur les collines escarpées de Conigliano ou de Valdobbiadene ont produit l’an dernier quelque 380 millions de bouteilles, dont plus de 300 millions pour le seul prosecco DOC. Parmi ces dernières, 70% ont été vendues à l’étranger, un record, tout particulièrement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, a indiqué à l’AFP le directeur général de l’association des producteurs de prosecco DOC, Luca Giavi.

 

Aux Etats-Unis, les ventes ont bondi de 34% l’an dernier, et de plus de 60% au Royaume-Uni, selon M. Giavi. Il y a dix ans encore, le prosecco était vendu presque exclusivement en Italie. L’exportation concernait surtout l’Allemagne et la Suisse. »

 

Les raisons de ce succès ? « Nos vins sont croquants comme un fruit à peine cueilli d’un arbre », assure M. Vettorello. Grossiste en vins basée en Ecosse, Angela Lynas estime plus prosaïquement qu’au Royaume-Uni, le succès du prosecco « tient à la crise économique, à son prix ». Une bouteille se vend entre 8 et 15 euros, soit environ trois fois moins cher qu’un champagne. »

 

Le prosecco est-il en train de détrôner le champagne dans le monde ? lire ICI 

Prosecco  disponible chez RAP

Prosecco disponible chez RAP

2-L’O de l’osso-buco

 

J’aime depuis toujours l’osso-buco mais, dans la caverne des saveurs de mon amie Alessandra Pierini j’ai, vendredi en fin de journée, croisé Alba Pezone, une italienne de Paris qui vient d’écrire « Ma petite épicerie Italienne » chez Hachette qui m’a fait revisiter ma façon bien traditionnelle de le préparer.

 

En italien osso signifie « os » et buco « trou », en référence au morceau de viande utilisé (la tranche de jarret)

 

Le jarret de veau est un morceau tendre mais légèrement gras peut être prélevé entre le cuisseau et la crosse (jarret postérieur) ou entre l’épaule et la crosse (jarret antérieur). C’est une pièce de viande assez fibreuse et gélatineuse davantage destinée à être braisée ou mijotée. Et son os riche en moelle peut être utilisé comme base pour de nombreux bouillons ou fonds de sauce.

 

 

L’ « Osso-buco a modo mio » et le prosecco « vin informel qui accompagne un moment de pause », on le boit « en toute simplicité »

L’Osso-buco a modo mio d’Alba, à sa façon donc, sort ce plat de sa routine :

 

- pour le choix des morceaux du jarret de veau elle sort de l’ombre la bonne appellation : les rouelles qu’elle ficelle pour que la viande ne se détache pas de l’os.

 

- elle ajoute du citron de Syracuse et deux oranges non traitées découpés en quartiers, ainsi que 6 anchois à l’huile d’olive.

 

- luxe suprême, comme sa grand-mère, qui disait qu’elle le faisait « parce que c’est bon », elle place en début de cuisson une croûte de parmesan.

 

- et grande innovation, sa recette est blanche, Alba ne rougit pas son osso buco, l’omniprésente tomate est laissée au placard. Plus délicat note-t-elle !

 

- enfin, si vous ne voulez pas commettre une faute de goût : bannissez les tagliatelles au profit d’un risotto à la milanaise… Sur ce point je suis en phase avec la première préconisation moins avec la seconde : je pratique le riz blanc qui se marrie élégamment avec la sauce.

 

Voilà, la messe est dites mais je n’irai pas jusqu’à vous conseiller de boire du prosecco avec l’ « Osso-buco a modo mio ». Je vous suggérerais plutôt le fin pinot noir Orchis mascula de Claire Naudin.

L’ « Osso-buco a modo mio » et le prosecco « vin informel qui accompagne un moment de pause », on le boit « en toute simplicité »

Pour terminer place à Caruso, Pavarotti, Presley et à notre Dalida nationale…

CHAP.15 opération Chartrons, NKM à Sarkozy : « Tu devrais manger du porc, ça rend plus aimable » et t’en fait pas Nicolas on s’en souviendra de ton ni-ni

$
0
0
CHAP.15 opération Chartrons, NKM à Sarkozy : « Tu devrais manger du porc, ça rend plus aimable » et t’en fait pas Nicolas on s’en souviendra de ton ni-ni

La solitude est un cercueil de verre, je ne sais pourquoi le titre du livre de Ray Bradbury est venu de suite roder dans ma tête dès l’annonce du crash de l’A320. Intuition que cette descente programmée, froide, inexorable, avait pour origine la main d’un homme enfermé dans sa prison intime. Les psys, jamais en reste d’explications, parlent de « suicide altruiste » qui ne relève d’aucun schéma rationnel, mais de ressorts psychologiques bien particuliers. « Au cours d’un tel acte, la personne est envahie par une idée – de ruine, de menace, de culpabilité… Alors, elle ne voit pas d’autre solution que de programmer sa mort et celle de son entourage. Elle ne réalise pas, sur l’instant, le drame humain que peut représenter la mort de 150 personnes. Il y a une perte des échelles de valeur. ». L’ex-petite amie trouble un peu le panorama clinique en déclarant que le copilote lui aurait dit « Un jour, je vais faire quelque chose qui va changer tout le système, et tout le monde connaîtra mon nom et s'en souviendra ». Exister, marquer d’une empreinte indélébile son passage sur terre, se cacher, donner le change aux autres et puis aller jusqu’au bout de son choix sanglant : s’immoler ! « On retrouve cela dans des suicides altruistes où des parents décrits comme aimants tuent leurs enfants… ». 8 minutes dans le poste de pilotage, être le seul maître à bord après Dieu, le point final d’un rêve déçu, spectaculaire, demain le monde entier saura, et tel est le cas. Puissance posthume, radicale, pouvoir absolu, ça n’a pas de sens sauf pour ce garçon qui n’aurait jamais dû s’asseoir là où il était. Les troubles psychologiques et physiques sont très probablement sous-estimés. « La médecine aéronautique est une médecine vétérinaire ! Comme l’animal, le patient ne dit rien. Il a peur qu’on lui retire sa licence. Il n’existe aucune catégorie de personnes qui explique aller aussi bien ! » Si Andreas Lubitz «a fait ça», «c’est parce qu’il a compris qu’à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d’un emploi à la Lufthansa, comme commandant de bord et comme pilote de long courrier était pratiquement impossible» Puzzle humain indéchiffrable, se mettre dans la peau de… mission impossible… sauf pour le romancier.

 

Écrire !

 

Comment entrer en écriture ?

 

« Venice, Californie, avait autrefois de quoi plaire à ceux qui aiment être tristes : du brouillard à peu près tous les soirs, et le grondement des installations de forage au long de la côte, et le clapotis de l’eau noire dans les canaux, et le crissement du sable contre les fenêtres quand le vent se levait et chantait sur les aires dégagées et les promenades désertes. »

 

C’est la première phrase, le premier paragraphe de La solitude est un cercueil de verre publié en 1985 sous le titre original Death is a lonely Business par Ray Bradbury qui, dans ce roman, ne maîtrisait pas forcément tous les codes du roman noir américain mais son humour, sa capacité à créer des ambiances, à restituer ce qui fait le charme d’une énigme policière : dans le vieux tramway rouge, grinçant, le jeune narrateur tête brûlée, romancier en devenir, seul avec un poivrot ivre qui lui souffle «Oh ! La solitude est un cercueil de verre. » avant de disparaître alors qu’en contrebas, dans le canal, un vieil homme se balance, mort, dans une ancienne cage à lion. L’inspecteur Crumley n’a pas d’épaisseur, il flotte tout autant que le narrateur dans un Vénice du bout du bout du monde plein de nostalgie.

 

Dans La solitude est un cercueil de verre Ray Bradbury ne peut se départir de sa plume de romancier, il ne se soumet pas à l’implacable réalisme du roman noir qui noue des intrigues complexes pour mieux les démêler. Lui écrit, car pour lui «l'écriture s'apparente à un noyau de passion enrobé d'une coquille d'intelligence », celle-ci ne devant « servir qu'à s'assurer qu'on ne fait pas de grosses bêtises ». « Dans la vie, comme dans l'écriture, il faut agir par passion : les gens voient que vous êtes honnête et vous pardonnent beaucoup », soulignait Bradbury.

 

Page 25

 

« A l’intérieur m’attendaient :

 

Un studio vide de six sur six contenant un divan élimé, une étagère comprenant quatorze livres et beaucoup d’espace disponible, un fauteuil rembourré acheté au rabais chez Good Will Industries, un bureau en pin brut venu de chez Sears Roebuck et sur lequel trônait une machine à écrire Underwood Standard modèle 1934, non huilée, aussi grosse qu’un piano de concert et aussi bruyante que des sabots dansant des claquettes sur un parquet nu. »

 

Pour entrer en écriture j’ai besoin d’elle, elle me transfuse force et sérénité. Besoin de cette proximité simple, dénuée de tout désir de possession, de domination, de l’attention, de la tendresse, un fil tendu, un équilibre toujours instable, la manque parfois, vivre au présent j’y tiens et je m’y tiens. Le sourire d’Émilie suffit à mon bonheur du jour.

 

Entre les deux tours, le crash inédit de l’Airbus rejette les petits débats misérables au rang de leur médiocrité. J’ai rassemblé ma fine équipe au 50 pour boire et nous buvons. Ducourtioux, toujours aussi prolixe et démonstratif, déroule un raisonnement pour lui imparable : « Puisque l’homme au karcher nous fait le coup du ni-ni prenons en acte et renvoyons lui la réponse en boomerang : entre la Marine et toi nous ne choisirons pas. Nous ne te donnerons pas nos voix puisque d’après toi nous sommes à égalité d’exécration avec elle. Tu seras élu tout de même, mais mal élu, avec la Marine au cul et nous absents… »

 

Et d’enchaîner : « Bien sûr il ne faut pas sous-estimer la force électorale du Front national, il est bien installé dans le paysage politique français. Mais il ne faut pas non plus la surévaluer car c’est le niveau des abstentions qui grossit artificiellement son importance. Dimanche 22 mars, à l’occasion du premier tour des élections départementales, 5,15 millions d’électeurs ont voté pour ses candidats, et cela faisait 9,3% de plus qu’aux élections de 2014, mais la France compte plus de 43 millions d’électeurs. Le Front national reste donc très loin de pouvoir disposer d’une majorité électorale.

 

La droite, au premier tour des élections départementales, a d’ailleurs progressé plus spectaculairement que le Front national puisque les candidats de l’UMP­UDI, rassemblés derrière Nicolas Sarkozy, ont progressé, eux, de 44,2% par rapport à 2014 ; ils sont passés de 5,07 millions à 7,32 millions. Cela montre qu’il y a eu un effet Sarkozy plus fort que l’effet Le Pen.

 

Bien que le Parti socialiste ait subi une déroute le bloc des gauches, lui aussi, a progressé : il est passé de 6,45 millions d’électeurs à 7,48 millions. Cela montre que si le Front national progresse, sa progression reste modérée. Et comme le Front national fait cavalier seul, n’a pas d’alliés et se complaît dans l’isolement, il lui sera difficile de dépasser à la fois la droite et la gauche qui lui feront toujours barrage parce que, sinon, elles se suicideraient politiquement.

 

Voilà pourquoi, si la situation économique et sociale de la France ne s’améliore pas, il lui arrivera sans doute d’enregistrer quelques succès aux élections législatives mais voilà, pourquoi aussi Marine Le Pen ne sera jamais élue président de la République parce que les rejets que ses idées et son programme suscitent seront toujours plus mobilisateurs que les adhésions dont elle bénéficie aux élections intermédiaires grâce à l’effet amplificateur des taux d’abstention. »

 

- Rassurez-vous mes petits loups je ne fais là que relayer l’analyse d’Alain Rollat un bon spécialiste de l’extrême-droite

 

J’approuve et j’ironise « la pilule a du mal à passer pour Longueurs&Pointes, elle doit défendre le « ni-ni » de talonnettes qui, toujours aussi léger et élégant, voyant sa mine déconfite dimanche au soir du premier tour des élections départementales, il n'a pu s'empêcher de la vanner : « Pour te faire retrouver le sourire, je t'annonce que j'ai fixé à 70 le nombre de parrains parlementaires nécessaires pour te présenter à la primaire » Du tac au tac la NKM qui avait tenté de faire abaisser ce seuil de 25 à 10, lui a conseillé de « manger du porc, ça te rendrait plus aimable » Le respect du chef se perd à l’ex-RPR !

 

Je rapporte qu’au Salon du livre, lors de la séance de dédicaces de Juppé, la plupart des dédicataires - et leur file était imposante - lui demandaient, exigeaient et parfois le suppliaient de se présenter à la prochaine élection présidentielle. « À la fois gêné, flatté et amusé, Juppé opinait pour aussitôt brandir la réédition de son Montesquieu. Satisfait, mais prudent. Seulement, quelques dizaines de mètres plus loin, n'échappant pas aux caméras et aux micros des journalistes fouineurs, des militants juppéistes - oui, ça existe, la preuve ! - arpentaient la file d'attente cherchant à obtenir les adresses mail des uns et des autres, « comme ça, nous vous enverrons du matériel de campagne et vous pourrez nous aider ». Le « nous », c'est évidemment d'Alain Juppé dont il s'agit. »

 

En politique, Juppé est un cartésien. Il estime que l’on ne peut pas cogner sur Marine Le Pen, sport pratiqué au quotidien avec obstination, par le Sarko et proposer le ni-ni aux électeurs de la droite républicaine. « La contradiction est trop importante pour être soutenable à moyen et long terme. On ne peut pas prôner l'alliance avec les centristes - condition préalable à une victoire présidentielle - et doubler le FN sur sa droite en prônant la suppression des repas de substitution. Contradiction une fois encore insurmontable dont Sarkozy ne peut plus se relever.

 

Car le maire de Bordeaux est persuadé qu'après un tel déport à la droite de la droite, Sarkozy, plus jamais, n'incarnera le pôle central de la vie politique française. Il ne reviendra pas de cet enfer idéologique parce que les extrêmes droitiers n'abandonneront plus Marine Le Pen et que les républicains du centre, eux, ont perdu à jamais toute confiance en lui. Construction apparemment cohérente. Et Juppé veut se convaincre que, cette fois, la cohérence triomphera. Et puisqu'il l'incarne, cette cohérence... »

 

Nous nous quittons. J’ai acheté une bouteille de Prosecco nature pour Émilie. Il pleut sur Paris.

 

À La Bonne Santé : chronique d’un café-relais face au porche de la prison disparu près de chez moi

$
0
0
À La Bonne Santé : chronique d’un café-relais face au porche de la prison disparu près de chez moi

Seuls les films gardent en mémoire les images de lieux rayés de la carte par les pelleteuses. Ainsi, un nanar des années 70 passant sur la chaîne Polar L’Ardoise avec Adamo, Michel Constantin, Jess Hahn dans les premiers rôles et Simone Valère, Jean Desailly, Boby Lapointe, Jacques Legras, Fernand Sardou dans le pur alimentaire. Tous les poncifs du fameux code du milieu s’y égrènent. Si j’ai visionné ce film c’est pour y retrouver les images d’un Paris englouti, ses 403, ses DS, ses taxis et ses cafés avec bar en formica dernier cri.

 

Comme Philippe – Adamo dit Sciences-Po –, Théo et Bob partagent la même cellule à la prison de la Santé et qu’ils en sortent, leur peine purgée, par la grande porte qui donne sur la rue de la Santé, plusieurs plans nous montre le café À La Bonne Santé.

 

Celui-ci, lorsque la guillotine coupait encore des têtes dans la cour de la prison de la Santé, lorsqu’il était ouvert au bon gré des autorités, accueillait les amis, les connaissances du condamné à mort.

 

« L’énorme horloge, à chiffres romains, accrochée sur le mur délabré, indique quatorze heures. Dès que j’aurai terminé mes recherches, je filerai avaler un sandwich À La Bonne Santé, le café-relais en face du porche, où se retrouvent, pêle-mêle, le monde de la Santé : les gardiens, les parents des prisonniers qui viennent y déposer leurs colis afin d’éviter la longue attente au guichet creusé dans le haut mur de la prison, les jeunes avocats en racolage de clientèle, les flics, et des gardes mobiles en instance de convoi. Ça grouille, ça bruit, ça pleure, entre deux sifflements de percolateur, entre deux sonneries de téléphone. On se serre dans la salle étroite, on s’y bouscule, on se lie, en quelques mots, avec l’un, avec l’autre. Monde étrange né de l’agglomération d’hommes, bien dissemblables, réunis par leur faute de l’autre côté de la rue, derrière les murs de la citadelle. »

Roger Borniche L’affaire de la môme Moineau

 

« Irène avait prétexté un malaise pour ne pas se rendre au lycée et avait pris le métro jusqu’à la Santé. Les murs de la maison d’arrêt qui apparurent tout d’un coup lui coupèrent le souffle. Il faisait froid, elle avait un peu peur. Elle n’était encore jamais venue dans ce quartier. Elle n’avait même plus l’impression d’être à Paris. Elle se serait crue dans une ville d’Europe centrale au XIXe siècle. Les rues étaient désertes. Elle s’arrêta devant la porte de la prison. Le café sur le trottoir d’en face s’appelait La bonne santé. Des groupes de femmes attablées à l’intérieur attendaient de rendre visite à leurs maris. Irène était en avance, comme toujours, et elle décida d’aller boire un café.

Les tables, les bruits appartenaient à un autre monde. Le patron portait un tablier à l’ancienne et un torchon jeté par-dessus son épaule, comme dans un vieux film. Elle écouta les conversations aux tables voisines, certaines de ces femmes étaient accompagnées de tout un tas de gosses. Elles parlaient de leurs avocats, de conditionnelle, de préventive, de jugement. Irène n’avait jamais vu de telles femmes. Même à Pigalle. Elle se rendait compte que les compagnes de prisonniers avaient un quotidien qui n’était qu’à elles, avec corvées spéciales qui les mettaient à part des autres femmes. Et elle, Irène, que faisait-elle là ? Elle avait presque peur en les écoutant. Elle craignait de finir par faire partie de ce monde, et elle ne se sentait pas assez forte pour ça. D’ailleurs, en les regardant, elle leur trouvait des traits tirés, des visages creusés par la fatigue, elles étaient trop brosses et trop pâles. Comme si elles-mêmes vivaient enfermées. »

Louis Sanders La chute de monsieur Fernand

 

« Aussi, il voulait en avoir le cœur net et avait décidé de se rendre à la prison d’assez bonne heure et de coincer le gardien Monmmousseau À La Bonne Santé le bistro où il prenait chaque matin, son café arrosé. »

André Burnat Police des mœurs

 

J’ai habité rue Vergniaud dans le XIIIe et chaque matin je passais à vélo rue de la Santé pour aller au boulot. Je ne me suis jamais arrêté À La Bonne Santé. Et puis, un jour il a fermé et presque toute cette partie des numéros impairs de la rue de la Santé, de la rue Léon-Maurice Nordmann au bd Arago, qui faisait face au long mur de la prison de la Santé a été détruite pour faire place à des immeubles.

 

La seule photo que j’ai retrouvé d’À La Bonne Santé est très ancienne si l’un d’entre vous dispose d’un cliché de sa dernière façade avant destruction je suis preneur. Merci

À La Bonne Santé : chronique d’un café-relais face au porche de la prison disparu près de chez moi
À La Bonne Santé : chronique d’un café-relais face au porche de la prison disparu près de chez moi

Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc

$
0
0
Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc
Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc

Nos amis de la revue LeRouge&leBlanc savent aller dénicher des vignerons qui sortent des sentiers ordinaires battus et rebattus par les semelles des plumitifs serfs. C’est heureux, ça donne de l’oxygène dans le milieu bien confiné qui brasse de l’air pour se donner l’impression d’exister. Compliment justifié qui doit être tempéré par la constatation d’un léger essoufflement, une forme de ronronnement de cette revue sans équivalent. Un nouveau souffle, un renouveau de la politique éditoriale, des angles plus aigus, l’ouverture à de nouveaux talents… je ne sais, mais ce que je sais c’est que dans http://www.vignes-du-maynes.com/son extrême difficulté à exister l’équipe de LeRouge&leBlanc se doit de remettre l’ouvrage sur le métier. Bon courage !

 

La famille Guillot, Pierre, Alain, et Julien, 3 générations de fortes têtes, vignerons engagés de la première heure dans la bataille « pour que le vin produit soit le plus naturel possible, de la vigne à la cave. »

Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc

Les années 50, l’après-guerre, le plan Marshall, ses tracteurs, sa chimie, ses facilités après la difficulté « Pierre Guillot achète à Cruzille une maison comprenant un clos de 2 ha de vignes. Pionnier pour son époque, il était convaincu que le vins devait s’élaborer sans les nombreux intrants que les œnologues lui conseillaient d’utiliser, d’autant qu’il s’était découvert une intolérance au soufre. Autant dire qu’il ne marchait pas dans le sens du vent et que son petit-fils a grandi dans une pépinière d’avant-gardistes de l’agrobiologie… « Quand j’étais petit, autour de la table il y avait Suzanne Michon, Pierre Rabih, Claude Bourguignon, Xavier Florin (1)… Dans les années 60, ils travaillaient avec Lemaire-Boucher (2-3) pour l’agriculture, ils faisaient partie de Nature&Progrès et de l’école Michon. »

 

  1. Divers membres de l’École de Beaujeu, fondée par Victor et Suzanne Michon en 1983, et où étaient enseignées l’agrobiologie et la biodynamie.

« À Beaujeu, en plein cœur du Beaujolais, de 1983 à 1998, se sont croisés agroécologistes, biodynamistes, permaculteurs, vétérinaires homéopathes, phytothérapeutes, microbiologistes des sols...

 

Créée par Suzanne et Victor Michon, anciens Résistants, l'Ecole de Beaujeu a profondément marqué tous ceux qui ont eu la chance d'y suivre une formation.

 

Avec Olivier Pichaud, ancien élève puis enseignant, agronome, aujourd’hui cocher-laboureur de vignes. » 

Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc

« Les Guillot ne font pas bon ménage avec les différentes autorités. Et leurs convictions bio leur ont valu – hier plus encore qu’aujourd’hui – bien des hostilités et des tracas. Julien a récemment dû passer devant une commission pour défendre son Mâcon-Cruzille 2012 qui avait été recalé par ICONE, l’organisme certificateur des vins de Bourgogne, pour des touches oxydatives, alors que tout était vendu, et dans les plus fameux restaurants du monde. »

 

« Je ne vinifie pas du tout comme mon père, et mon père ne vinifiait pas du tout comme son père ». Il y a bien un fil conducteur entre eux, c’est le moins puisse dire, mais chacun semble avoir appris de l’autre et donné une nouvelle direction en terme technique et stylistique. Le fil conducteur c’est peut-être avant tout un patrimoine et des expériences qu’on ne balaie pas avec sa fringante jeunesse : c’est un régal d’entendre Julien raconter que sa grand-mère disait toujours qu’il ne fallait pas juger ni toucher un vin avant Pâques, et qu’une année où il s’était permis de la faire, elle lui a exprimé son mécontentement à coup de canne sur la tête… »

 

« Ainsi entre tradition héritée des moines de Cluny et précision permise par les acquis de la science biologique et agrobiologique, les Guillot font parler le terroir de Cruzille avec une volonté d’authenticité toujours plus exigeante. Une volonté qui a fait du Clos des Maynes un domaine pionnier, et aujourd’hui un exemple qui ne manque de faire des émules. »

 

  1. Naissance de la méthode Lemaire-Boucher      2. ​Du Pétain dans Marianne 
Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc
Le naturisme ne date pas d’aujourd’hui : la méthode Pierre Guillot Clos des Vignes du Maynes Macon-Cruzille by LeRouge&leBlanc

James Joyce et la fin des quotas laitiers « … des génisses du comté d’Angus, des bouvillards au pedigree sans tache avec les jeunes laitières primées du herdbook… »

$
0
0
James Joyce et la fin des quotas laitiers « … des génisses du comté d’Angus, des bouvillards au pedigree sans tache avec les jeunes laitières primées du herdbook… »

Si, ce 1er avril, j’ai convoqué James Joyce, l’auteur d’Ulysse, pour vous mettre sous le nez une Révolution, silencieuse pour l’heure, la fin de 30 ans de quotas laitiers, l’un des derniers piliers de la fameuse PAC dézingué, adieu la stabilité d’un système protégé, vive la compétitivité, que coule le lait maternisé en poudre pour les bébés de l’Empire du Milieu, ce n’est pas pour vous faire le coup de Poisson d’avril.

 

Alors pourquoi ?

 

Pour plein de raisons qui n’en sont pas !

 

L’Irlande d’abord, lorsque Michel Rocard présida le Conseil des Ministres, de ce qui était alors la Communauté Européenne à 12, et qu’il accoucha dans la douleur la fameuse réforme des quotas laitiers, il tira une belle épine du pied de son collègue irlandais très lié à l’industrie du lait de son pays. Celui-ci pris sa succession et lui renvoya l’ascenseur dans ce qui devint les accords de Dublin réformant le marché du vin.

 

Si vous n’y comprenez goutte, ça n’est pas grave, goutte de lait ou goutte de vin, moi ça m'évoque l’Irlandais, surnom donné à James Joyce lors de son séjour à Paris, où il s'installa en 1920 sur les conseils d'Ezra Pound, alors qu’il a vécu la plus grande partie de sa vie hors de son pays natal. En 1921, après une année de travail acharné, il y terminera Ulysse.

 

* en couverture : James Joyce par Pierre Le-Tan

 

Ensuite, parce que je suis fasciné par la phrase de 408 signes ci-dessous tirée d’Ulysse :

 

 

A Paris, 1924. Portrait de Patrick Tuohy

A Paris, 1924. Portrait de Patrick Tuohy

« Et par le même chemin s’écoulent d’innombrables troupeaux de sonnaillers et de massives mères brebis, de béliers à leur première tonte, d’agneaux, d’oies d’automne, de jeunes bœufs, de juments renâclantes, de veaux étêtés, de moutons angoras et de moutons de parcs, de bouvarts de chez Cuffe et de bêtes impropres à la reproduction, de truies et de cochons bien doublés, et les variétés les plus diversement variées des pourceaux les plus distingués, des génisses du comté d’Angus, des bouvillards au pedigree sans tache avec les jeunes laitières primées du herdbook et les bœufs : et là se fait entendre un perpétuel piétinement, caquètement, mugissement, beuglement, bêlement, meuglement, grondement, rognonnement, mâchonnement, broutement des moutons et des porcs et des vaches à la démarche pesante venus des pâturages de Lush et de Rush et de Carrickmines et des vallées baignées d’eaux courantes de Thomond, des marécages de l’inaccessible M’Gillicuddy et du seigneurial et insondable Shannon, et des pentes douces du berceau de la race de Kiar, leurs mamelles distendues par la surabondance du lait, et enfin dénient des barriques de beurre et de petit-lait et de tonnelets et des poitrines d’agneaux et des mesures de froment et des œufs oblongs par mille et mille, de toutes grosseurs, d’agate et d’ambre. »

 

Enfin parce qu’à sa publication en 1922, Ulysse de James Joyce fit scandale et connut la censure. Aux Etats-Unis, où il sortit dans un premier temps sous forme de feuilleton dans le magazine américain The Little Review entre mars 1918 et décembre 1920, avant d'être publié dans son intégralité le 2 février 1922 à Paris par la librairie Shakespeare and Company fondée par Sylvia Beachil, il fit l’objet d’un procès pour obscénité. « Dans cette œuvre monumentale de plus de mille pages l’écrivain parodie tous les genres et styles littéraires, se jouant même des règles d’orthographe, Joyce transforme le voyage d’Ulysse en une errance sexuelle : contrairement à Homère où la fidèle Pénélope attend son infidèle de mari, Joyce inverse la situation, faisant d’Ulysse un homme chaste, frustré, obsédé par les infidélités de sa femme. »

 

« Ulysse a très tôt divisé le milieu littéraire. À sa publication, Virginia Woolf, comme beaucoup d'autres, n'hésite pas à le qualifier de livre «prétentieux» et «vulgaire», tandis que l'écrivain H.G. Wells parle à son sujet d'«obsession du cloaque». Même un lecteur averti comme l'écrivain argentin Jorge Luis Borges mettait en garde, en 1925, contre l'opacité du texte, reconnaissant ne l'avoir «pratiqué que par fragments». Pierre Ancery

 

« On a beaucoup répété qu'Ulysse était illisible et, par conséquent, les commentaires insistent sur les questions formelles. « Joyce a voulu dérégler le langage », entend-on. Mais pas du tout : il a voulu au contraire le régler autrement, à la mesure d'un monde en plein dérèglement (ça continue de plus belle). Il y avait quelque chose de pourri du côté de l'anglais, de l'Irlande, de la civilisation occidentale, de la métaphysique, de l'espace, du temps, de la religion, des objets, des hommes, des femmes. Joyce a simplement voulu faire le ménage dans ce foutoir. Le résultat est explosif, mais toujours très clair (sauf du point de vue de la domination ou de la servitude). C'est le sens d'Ulysse qui fait question, pas les mots pour le dire. » Philippe Sollers

 

Comparaison n’étant pas raison, mais l’instauration des quotas laitiers fit scandale et valut à Michel Rocard de recevoir une volée de bois vert du hautain lorrain François Guillaume patron de la toute puissante FNSEA mais aussi de se faire vilipender par la gauche paysanne. Au risque de paraître provocateur c’était là le signe d’une bonne et vraie réforme qui produisit ses effets bénéfiques pendant 30 ans. Les ramenards, style Pousson, qui critiquent les politicards qui font rien pour alléger le fardeau du petit peuple, devraient faire le compte de leur capacité à soutenir ceux qui eurent le courage d’affronter les jamais contents.

 

Et puis pour finir, un peu de dérision, à l’instar de l’illisibilité de l’Irlandais, l’une des critiques récurrentes faites au chouchou des sondages était son phrasé mitraillette qui, selon ses détracteurs, rendait son discours incompréhensible.

 

Mais ils sont où les électeurs râleurs ?

 

Mitterrand 14 ans dont 2 de cohabitation.

Chirac 12 ans dont 5 de cohabitation.

 

Bravo les artistes !

Mitterrand avec 2 r aimait le Chateaubriand, avec un d et sans accent circonflexe, qui est à la «bouche»* ce que la madeleine de Proust est à la pâtisserie

$
0
0
Mitterrand avec 2 r aimait le Chateaubriand, avec un d et sans accent circonflexe, qui est à la «bouche»*  ce que la madeleine de Proust est à la pâtisserie

Au temps où La Villette c’était les abattoirs avec ses chevillards et autres viandards les restaurants spécialisés dans la bidoche draguaient leur chalandise. L’un d’eux le Cochon d’Or, selon le mitterrandolâtre Pierre Bergé, était aussi fréquenté par le François de Jarnac car il était très prisé des amateurs de bonne viande. « Là, les cuisiniers savaient que la règle d’or pour servir un entrecôte – je tiens au masculin, comme Mme Saint-Ange – est de le laisser reposer autant de temps qu’il a mis à cuire. Non, il ne faut pas l’envelopper dans du papier d’aluminium, qui lui donnerait un goût de viande bouillie ; le recouvrir d’une assiette suffit amplement. Ils n’oubliaient pas, pendant la cuisson, de badigeonner régulièrement la viande avec du beurre clarifié pour éviter une fâcheuse carbonisation. Bref, dans ce restaurant tout était réuni pour plaire à ceux qui n’étaient pas touchés ni par la grâce de ce qu’on a appelé la nouvelle cuisine ni par la décoration des assiettes sur lesquelles des marmitons se penchent en se prenant pour des artistes. Mais y a-t-il encore des marmitons ? » écrit-il.

 

Le grand courtisan qu’il était parfois y accompagnait François Mitterrand. « Il ne prenait pas d’entrée – il savait ce qui viendrait – et préférait attendre. Car il fallait attendre. Quand le chateaubriand arrivait accompagné de ses pommes soufflées, suivi de l’indispensable sauce béarnaise, on comprenait qu’on n’était pas venu pour rien. De fait, comme on dit dans les guides, cela valait le voyage. Mais pour dire le vrai, François Mitterrand préférait les restaurants de poissons. »

 

J’avoue que je ne suis pas un grand amateur de Chateaubriand, je laisse planer le doute, et si je chronique ce matin sur son origine c’est pour deux raisons, comme toujours, une bonne et une mauvaise sans vous préciser laquelle est la mauvaise…

 

La première c’est que les Mitterrandiens de stricte observance, j’en ai eu un comme Ministre en la personne de Louis Mermaz, étaient très sourcilleux sur la déclinaison phonique du patronyme du François de Jarnac ; pour eux, et à juste raison, ceux qui le nommait Mitr’and, tel le Georges Marchais, se rangeaient dans le camp de ses adversaires les plus acharnés à le salir. Pour ma part, n’ayant jamais porté à l’ancien Garde des Sceaux du gouvernement Guy Mollet une grande sympathie je n’ai pas, pour autant, avalé une part de son nom. Comme mon boss, le Michel, nous ne mangions point de ce pain-là.

 

La seconde, c’est que dans une chronique, « Sauvez le Chateaubriand », longue comme un jour sans pain, le polémiste Laurent Dispot, s’insurge contre « la manipulation subreptice (qui) consiste à profiter de l’équivalence de prononciation, pour la faufiler de l’oral à l’écrit »

 

Notre homme, après avoir étalé toute l’étendue de sa culture, glisse quelques lignes sur l’objet de son courroux « le statut du chateaubriand n’est pas du tout celui du champagne associé à la Champagne. Il n’a rien à voir avec la ville et la région de Châteaubriant. »

 

Pour ne rien vous cacher, même en n’étant pas un grand amateur de Chateaubriand, il ne m’était jamais venu à l’esprit d’attribuer l’origine de la viande au bassin de production de Châteaubriant qui n’est pas particulièrement renommé pour la qualité de son troupeau bovin.

 

Et c’est là où il me prend une envie de faire remarquer à ce cher Dispot que toutes ses circonvolutions sur le Chateaubriand pour exiger une orthographe conforme à l’origine de cette recette sont certes louables mais qu’à aucun moment il n’est question ni de l’origine de la viande : race et lieu d’élevage, ni des conditions d’élevage, d’abattage et de mûrissement de la viande.

 

L’essentiel c’est la viande, sa maturation, pas le mode opératoire de la recette monsieur Dispot !

 

Les pièces du dossier

 

  1. « Beaucoup ignorent l’origine du nom et de la recette de cette viande fondante qui les fait fondre, y entendent quelque chose comme « château brillant ». Certes, on peut de délecter de tournedos Rossini sans entonner des airs d’opéra, et raffoler de carpaccio sans rien connaître à la peinture vénitienne. N’empêche : rien ne pourra défaire l’intime intrinsèque du lien généalogique d’un plat avec la personne dont il porte le nom. Surtout pas quand celle-ci entretient avec lui un rapport de filiation charnelle comme c’est le cas de Chateaubriand et de Rossini qui ont créé eux-mêmes les recettes portant leur nom.

Le chateaubriand est à la « bouche »* ce que la madeleine de Proust est à la pâtisserie. Sauf que c’est beaucoup plus grave, vu que Monsieur le vicomte fut partie prenante dans l’invention de cette virile recette de viande, alors que le môme Marcel ne mit jamais la main à la pâte, et que même, dans son premier jet (si j’ose dire), il parlait d’une biscotte… »

 

« Bouche » est ici selon l’auteur la cuisine et la boucherie jouant la même partition.

 

  1. La recette « Passons aux choses sérieuses : cinq cents grammes dans le filet, et même huit cents pour quatre ou cinq personnes ; jusqu’à dix centimètres de hauteur ; marinade (poivre, ail, thym) ; si les procédures sont respectées, il n’est pas illégitime de recourir au faux-filet, à l’aloyau, au cœur de rumsteack, au merlan ; le filet se tranche perpendiculairement aux fibres ; si le morceau est trop mince, le présenter dans sa longueur. L’idéal de la cuisson est la nuance subtile entre le rose pâle à cœur et le saignant léger. Une réduction de beurre, d’échalotes, si possible confites, de vin blanc, d’estragon, et de jus de citron. Poêlée de haricots verts ; variation : des cèpes ; ou les deux ensembles. Des pommes de terre en quartier (de noblesse, bien sûr) d’abord blanchies puis passées au four. Je désapprouve les pommes soufflées ; elles sont toujours amusantes, mais, comme d’habitude, l’huile de friture est ici un destructeur de goût, un parasite nuisible. Éviter tout ce qui tue la viande ; elle est là pour revivre par la cuisine. Le cresson frais est parfait. Les manipulations spectaculaires qui consistent à flamber un chateaubriand dans l’assiette n’ont de sens que de tricher en donnant du corps, mais un corps étranger, celui de l’alcool, à une viande qui, par là, reconnaîtrait ne pas en avoir. Cela revient à condamner le Vicomte au bûcher. je n’appelle pas ce qui sort de ce dérisoire autodafé un chateaubriand mais une jeannedarc. »

Le CHATEAUBRIAND selon Cuisine et Vins de France

 

« Il fait partie des plus grands classiques de la gastronomie française. Le chateaubriand est « le » steak par excellence et aucun restaurant français digne de ce nom ne peut se permettre de ne pas l’avoir sur sa carte. Le chateaubriand est en fait un filet de bœuf d’une épaisseur de deux à quatre centimètres, c’est d’ailleurs cette épaisseur qui fait sa particularité. Il y a des restaurants qui proposent des morceaux plus épais, allant jusqu’à dix centimètres !

 

On peut s’étonner du nom donné à un simple morceau de viande ! Deux explications sont proposées. Il y a d’abord la version qui penche pour le célèbre homme de lettres, François-René de Chateaubriand, dont le cuisinier, un certain Montmireil, aurait créé la Grillade de bœuf à la Chateaubriand. Une explication qui ne fait pas l’unanimité puisque la recette n’apparaît qu’environ trente ans après la mort de l’écrivain. Une autre explication fait référence à la ville de Châteaubriant en Loire Atlantique, réputée pour ses élevages bovins. »

 

Le Chateaubriand le restaurant « Même pas sept ans d’existence, et déjà un mythe. L’emblème d’une époque qui a décidé de changer de régime culinaire, de tout envoyer valser et de repousser les limites. Le vaisseau d’Iñaki Aizpitarte, capitaine rock star, est le résultat quotidien d’une recette unique dont l’équilibre subtil continue d’offrir une des expériences restauratoires les plus excitantes : la salle de bistrot à l’élégance parfaite, tout en détails, le staff beau mais toujours un peu fêlé, l’ambiance électrique de Studio 54 des années 2010, la remise en question permanente des hiérarchies internes, des modalités d’accueil et des possibles… »

 

Mitterrand avec 2 r aimait le Chateaubriand, avec un d et sans accent circonflexe, qui est à la «bouche»*  ce que la madeleine de Proust est à la pâtisserie

Et si vous tenez vraiment à manger 1 Chateaubriand, pas au Chateaubriand y font pas, mais peut-être à Châteaubriant, je vous conseille de commander au sommelier 1 Côte Rôtie 2012 de Jean-Michel Stéphan, une cuvée nature bien sûr provenant des 2 côtes la Brune et la Blonde. Selon les Papilles « cette cuvée détient une robe profonde et limpide, le nez est aromatique aux arômes de fruits noirs et d’épices accompagné d’une pointe de notes lardées et mine de crayon ; la bouche est agréable, la matière est ample et veloutée, les tanins sont fins et soyeux. »

Mitterrand avec 2 r aimait le Chateaubriand, avec un d et sans accent circonflexe, qui est à la «bouche»*  ce que la madeleine de Proust est à la pâtisserie

Chiche : abrogeons la loi Évin!

$
0
0
Chiche : abrogeons la loi Évin!

Je suis très à l’aise face à tout le ramdam fait en ce moment autour de la loi santé de Marisol Touraine car je me suis toujours battu contre la politique de harcèlement de l’ANPAA visant à ce que les juges fabriquent un arsenal jurisprudentiel pour faire de la loi Évin le meilleur bouc-émissaire de la petite sphère des gens du vin.

 

Sur Face de Bouc, tout y passe, y compris le recyclage d’un vieil article de la RVF daté de 2013 qui permet aux fronts bas, même des gars qui revendiquent le titre de journalistes, de raconter tout et n’importe quoi. Ça plaît beaucoup, surtout de tirer sur l’ambulance gouvernementale qui n’est déjà pas au mieux de sa forme.

 

Rappelons à tout ce petit monde incapable de suivre le contenu réel de ce dossier, d’en saisir les tenants et les aboutissants, de mesurer les rapports de force, que Claude Évin, au nom prédestiné, fut le père d’une loi dont la lettre était le fruit de la plume de Claude Got et de ses 2 compères professeurs de cancérologie, dans la stricte lignée de ses prédécesseurs au Ministère de la Santé : Simone Veil, Jacques Barrot, Michèle Barzach… rien que d’affreux socialo-communistes.

 

Alors, comme j’en ai ras la coupe de lire tant d’approximations, j’ai une proposition simple : abrogeons la fameuse loi Évin ! Ouvrons grandes les vannes ! Libéralisons, comme pour les quotas laitiers, et que les « meilleurs gagnent » si je puis m’exprimer ainsi.

 

Bonne journée à tous et ne venez pas vous plaindre des affreux, sales et méchants qui ont plein de pognon pour vous abreuver de publicité à la télé. Oui, oui, la loi Évin c’est pour la pub pas pour les petits chroniqueurs à deux balles comme moi qui, depuis des mois et des mois, pondent sur le Net sans tomber sous les foudres des juges.

Chiche : abrogeons la loi Évin!

« Merci, Monsieur, d’avoir rendu son âme à ma crèmerie… » cher Pierre Jancou, Dieu qu’il est difficile de passer derrière la plume de François Simon

$
0
0
« Merci, Monsieur, d’avoir rendu son âme à ma crèmerie… » cher Pierre Jancou, Dieu qu’il est difficile de passer derrière la plume de François Simon

Aller à l’essentiel ! Agir ! Garder les portes et les fenêtres grandes ouvertes. Garder aussi « cette animalité qui appartient aux gens qui aiment marcher, grimper les montagnes, suivre le sillage d’une jolie fille… » Incandescent ! « La combustion prend vite, chez lui. Sans doute parce qu’il n’a pas de temps à perdre. Ni à donner sans regarder. C’est cette immédiateté que l’on aime dans sa cuisine. Cette façon vive, incisive de vous sauter au bec. »

 

« La cuisine de Pierre Jancou a du chien. De la dégaine. Elle sait marcher dans la rue. Fumer une cibiche sur le trottoir. »

 

« Pierre Jancou n’aime pas être enfermé. Mettez-le dans un local, il faut qu’il ouvre la fenêtre, la porte. « Je suis comme un chien, j’ai besoin d’air. » L’enfermement est une des clés de sa vie privée aussi bien que professionnelle. Avoir au moins l’illusion de pouvoir s’envoler, pour mieux revenir sur sa branche. Sa cuisine est donc libre. Libre de cloisons, ouverte sur la salle, histoire de « sentir » (autre clé de notre homme) et de délivrer une cuisine spontanée.

 

« Il y a chez Pierre Jancou comme une attraction pour le vide, le changement d’air. Tourner une page pour en écrire une autre. Pousser jusqu’au bout l’expression d’une époque, pour mieux quérir la suivante. »

 

Pierre, Dieu qu’il est difficile de passer derrière la plume de François Simon, si juste, si précise, en taille-douce sensible et pudique, incisive aussi ; lui qui dit guère te connaître mais qui t’a suivi dans tous tes restaurants dont il a de suite « aimé la clientèle, les filles sauvages, les garçons aux regards directs… Une sorte de dolce vita à la parisienne… » a mis ses pas dans tes pas, t’a suivi pendant quelques mois, histoire de voir de quel bois l’homme que tu es se chauffe… »

 

Le résultat est à la hauteur : un superbe ouvrage « La table vivante » Pierre Jancou chez Skira.

 

 

« Merci, Monsieur, d’avoir rendu son âme à ma crèmerie… » cher Pierre Jancou, Dieu qu’il est difficile de passer derrière la plume de François Simon

Loin de la production ordinaire glacée et glaciale, sans vie, qui s’étale sur les rayons cuisine des libraires, c’est un livre, un vrai, nourri par un texte dont je me plais à souligner de nouveau la pertinence et la qualité, fécondé par une iconographie exceptionnelle et les très belles photos de Marti Bruno. Et tes recettes, Pierre, sont en situation, dans la vie, ta vie et la nôtre.

 

J’emprunte la plume de Pierre Hermé, un de tes habitués de la Crèmerie, pour en évoquer 2 :

 

« Son lapin était savoureux, moelleux et agrémenté d’une polenta. L’ensemble était remarquable. Je me souviens aussi du gâteau de Zoé, gâteau au chocolat que Pierre a tenu à me faire partager, assez fier de faire goûter au pâtissier le dessert de la maison. Un gâteau simple et très bon, avec du chocolat de grande qualité et un soupçon de fleur d’oranger. »

 

Zoé c’est ta fille et c’est le prénom de ma première petite-fille…

 

« Le lapin est servi avec des crostini de polenta. Pierre Hermé accepte volontiers l’accord que lui suggère Pierre Jancou : un soliste 2004, de chez Jean-Marc Brignot, un « vin qui s’est fait tout seul, un pur savagnin du Jura, servi à température de cave, 12°C. »

« Merci, Monsieur, d’avoir rendu son âme à ma crèmerie… » cher Pierre Jancou, Dieu qu’il est difficile de passer derrière la plume de François Simon
« Merci, Monsieur, d’avoir rendu son âme à ma crèmerie… » cher Pierre Jancou, Dieu qu’il est difficile de passer derrière la plume de François Simon

« Car la Crémerie devient vite l’ambassade des vins dit « naturels », Pierre Jancou a trouvé avec eux sa rédemption. Bienvenue, les vins « pleins de défauts », mais sans sulfites, l’allergie de Pierre ! »

 

Nous sommes dotés de prénoms d’apôtres, toi Pierre sur cette pierre je bâtirai… et tu as beaucoup bâti… ce qui te vaut au temps de Racines la 4e de couverture de Libé signée Caroline de Bodinat.

 

« Avec sa gueule de magazine, sa trogne de bad boy ripailleur, il est peigné comme Attila, sapé de préférence éthique et durable, cotonnade, fibre de bambou, tout ça. Vieille Rolex du grand-père et chevalière héraldique, on a affaire à un type brut et doux, carré et droit, qui pense noir ou blanc, jamais gris. Plutôt Kangoo des familles dans le style de vie, que prédateur roulant en tapette à souris siglée Carrera. »

 

Ça te vaut, comme l’écrit avec gourmandise François Simon, l’adulation des blogueurs et des belettes. « La boboïtude est en train d’arriver sur Paris. Elle procède comme les inondations dans les immeubles, auréolant méthodiquement les étages innocents. Elle se déplace de table en table, asseyant son sérieux décontracté un poil docte et barbant, sa passion pour les produits, la barbe de trois jours, l’adhésion sociale, sa nonchalance un brin tendue. »

 

Toi et moi, le Jacques de Compostelle, nous nous sommes croisés lors de ta partie de ping-pong, évoquée par François Simon, avec l’homme de chez Marie-Claire qui quêtait une invitation chez Vivant. J’en fus en première ligne.

 

Chez toi on boit « comme on porte un coup de clairon, coude levé et regard droit vers le plafond. »

 

« Le public, lui aussi progresse. Au début, il y avait comme un îlot de résistances, des « beatniks » réfractaires. Maintenant le vin naturel explose littéralement. Lassés sans doute des duperies du marché, fatigués du cynisme de l’agro-alimentaire, les consommateurs se replient vers des univers un peu plus candides, adoptent des conduites plus vertueuses et basculent vers une toute autre consommation. On s’écarte ainsi de la viande à tout bout de champ, on détricote une alimentation jusqu’alors versée dans les excès de sucre et de sel. La population prend un peu trop vite du poids, vieillit mal ou parfois trop vite. Soudainement, il y a comme un sursaut. On décide de vivre plus longtemps, en pleine forme, aux aguets. »

 

« La Crèmerie » « Merci, Monsieur, d’avoir rendu son âme à ma crèmerie… », « Racines » en hommage à Claude Courtois… « Vivant »… pour les vins « vivants » bien sûr, aujourd’hui « Heimat » dans la maison où Molière mourut en février 1673. « Il venait de jouer la pièce Le Malade imaginaire » au Palais-Royal. Et, fort malade, s’endormit après avoir mangé un morceau de parmesan. »

 

« Heimat dit Waltrand Legros dans l’émission Karambolage, n’a ni uniforme ni drapeau, c’est le pays que chacun porte à l’intérieur de soi. »

 

Bien d’accord avec François Simon « Pierre Jancou is like a rolling stone. »

 

Viewing all 7671 articles
Browse latest View live


<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>