Tu vois qu’on suit, Taulier: j’aime bien écrire “Jerseyaise”, l’autre orthographe autorisée, car cela permet de prononcer à la belge “gerre-sè-yè-ze ». J’ai toujours eu des ennuis, pendant mon séjour parisien, à demander mon chemin pour la rue de Rochechouart !
Je suis amoureux des yeux de cette petite vache, de ses jolies muqueuses couleur anthracite, et, par dessus tout, de son lait TRES gras – c’est ça qui fait le bon fromage et merde à Dukan.
Ayant un frère vétérinaire, et mon ex-femme l’étant aussi, j’avais un peu fréquenté leur commerce. J’ai ainsi pu « sauver » une Jerseyaise qui travaillait à Vaour (Tarn), complétant à l’occasion la traite des 70 chèvres d’un troupeau vivant là- bas. Elle présentait un abcès ENORME d’un trayon (un seul), que le véto local avait traité par des injections d’antibiotiques – ce qui est certainement une bonne idée. Malheureusement, le germe ne devait pas être trop sensible, ou la zone tellement abîmée déjà que la pénétration du produit était insuffisante. Toujours est-il que, le coût des visites du praticien aidant, la fermière décida de stopper le traitement qui tardait à produire ses effets – ce qui n’était PAS une bonne idée. Lors de mon séjour (dans une vieille caravane sans roue mais INFESTEE de puces), la pauvre vachotte dépérissait, clairement septique et avec un pis ayant triplé de volume total et changé de couleur, alors que les autres trayons restaient relativement épargnés. Nous avons ligaturé le trayon malade à sa base, et incisé la collection purulente, suivant l’adage « ubi pus, ibi evacua ». Vous dire que l’odeur en fut agréable serait mentir. Deux jours plus tard, la vachote recommençait à s’alimenter. J’ai appris par la suite que le trayon infecté avait fini par se nécroser totalement, se déssécher et tomber, laissant un moignon parfaitement cicatrisé. C’est solide, une Jerseyaise !