Le meilleur reportage que j’ai fait, à mes yeux – certains diront le seul, et encore – a eu lieu en Franconie, courant 2001. Il a été organisé par la branche belge du Deutsches Weininstitut, que je remercie encore. J’ai pris ma voiture (c’est toujours la même, 320.000 km, une Peugeot partner, pub gratuite pour le Lion), mon setter (qui est mort depuis, un Gordon c’est moins endurant qu’un lion), ma bite (elle vit encore, quoique), ma brosse à dents et j’ai parcouru la distance jusqu’à Würzburg d’une traite, par un beau jour de printemps. C’est très beau à traverser, l’Allemagne. J’ai été reçu dans 14 domaines, dont je connaissais déjà la moitié auparavant – j’aime beaucoup cette région et ses vins, et en plus l’accent franconien est charmant, très différent de celui de la Bavière, quoiqu’on en pense. On m’a logé dans des hôtels confortables, pas forcément luxueux. On m’a défrayé un repas par jour, mais ce ne fut pas nécessaire, j’ai partagé la croute des vignerons, chaque fois. J’ai pondu un texte correct en français et en flamand, et j’ai fourni mes propres photos. On était payé au signe, 35 centimes belges je crois, c’était sans doute juste avant le passage à l’euro, donc environ 50 eurocents par ligne, soit 30 € par page. Je recevais aussi 8 francs belges par km (20 eurocents). J’ai emmené mes propres croquettes pour le chien. Et je me suis régalé. J’ai reçu les félicitations des Allemands pour mon récit.
Deux ans plus tard, j’ai proposé un voyage similaire dans les régions viticoles de l’ancienne RDA, où je n’avais jamais mis les pieds. On m’a répondu officiellement que cela n’avait aucun intérêt et qu’il n’y avait pas de budget pour cela. Je jure que c’est vrai.
J’oublie de dire que le journalisme viticole était pour moi une activité secondaire et que je vivais grâce à l’argent que m’alouait l’industrie pharmaceutique ....
Nous avons tous nos compromissions, même Léon.