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Channel: Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
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Commentaire de le Taulier pour un vigneron

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Bonjour Jacques,

 

J’ai écouté une partie de l’émission sur Olivier Cousin.

Je suis loin d’adhérer à tout ce qu’il a dit : sous  un air faussement naïf qui me perturbe,  il pose des questions qui vont  bien au-delà du système d’appellation.

Mon épouse est gauchère et serait plus à l’aise pour conduire à gauche, mais elle conduit à droite car c’est la règle. S’il lui prend de conduire à contresens, ce n’est pas seulement un PV qu’elle risque, mais c’est la vie  des autres, accessoirement la sienne.

On n’en est pas là ici au même niveau du risque, mais le principe est le même : il y a la loi, les règles qui permettent la vie collective, et on est bien obligé de s’y soumettre. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il faut rester les bras croisés : le contexte doit changer. Et la situation d’Olivier Cousin mérite bien qu’on s’y intéresse. Aussi – à nouveau – parce qu’elle dépasse le cadre des AOC.

J’ai participé un moment aux discussions au sein de SEVE, tout à fait par hasard : j’étais dans une liste de destinataires  de mails où  je n’avais rien à faire. Mais j’ai pu assister et participer à quelques échanges.

Pour reprendre l’expression de Mallarmé, je dirais que INAO-SEVE, c’était la face alternative des choses. Ou l’avers et l’envers. L’objet était exactement le même, simplement, on ne le regardait pas sous la même face. Mais les tenants des deux faces étaient aussi doctrinaires l’un que l’autre. UN système exclusif de part et d’autre. Simplement, la frontière ne passait pas aux mêmes endroits.

On n’en est plus là aujourd’hui, et les propos de Patrick en témoignent.

La réflexion qu’avait entamée Renou sur la reformation (ou refondation) des AOC a été tuée dans l’œuf par les sbires même de l’INAO.

Je me souviens de la présentation qui en avait été faite par notre directeur de centre du moment, avec un développement critique immédiat, et la contre-proposition faite dans la foulée, plein de bon sens et d’avenir, comme il se doit : en gros, voilà ce que notre président veut, voilà ce que nous, nous voulons.

L’administratif a pris nettement le pas sur le politique, c’est monnaie courante. La chose n’a pas été faite, et finalement, qu’en serait-il ressorti ? On ne le saura pas, mais la démarche était extrêmement élitiste. Est-ce certainement la raison pour laquelle SEVE y a adhéré avec autant d’enthousiasme. Est-ce aussi la raison pour laquelle elle a été rejetée ?

 Mais l’objectif de Renou était bien que les producteurs se réapproprient l’appellation.  Dans le lointain aussi, fondue dans la brume, Renou dessinait une vision économique, qui est, en dépit de tout ce qui est dit, un des fondements du système : la rente d’appellation.

Système collectif, soit, mais qui doit être efficace :  les systèmes, exigeants et rigoureux, naturellement, c’est la condition sine qua none, qui marchent doivent être préservés. On ne dérange pas, comme le disait Karajan - tout Karajan qu’il était – on en dérange pas un orchestre qui joue.

Et Renou est mort et sa volonté s’est immédiatement volatilisée dans les orientations du personnel au sens large de l’INAO : la réforme des AOC a été télécommandée depuis les bureaux de Paris. Avec une lecture à la clef très populiste, statique, aboulique… comme je vous le disais hier. Muséographique. Et on dérange les orchestres qui jouent…

 

Olivier Cousin en est l’exemple. Je ne sais pas s’il lave plus blanc, et que le fait qu’il soit en bio ou en biodynamie justifie un « classement » à part. Je ne crois pas. L’appellation ne se résume pas à la philosophie culturale du moment. Bio, pourquoi pas mais ce n’est pas toujours en phase non plus avec le développement durable ou d’autres systèmes qui pourraient venir. A chaque nouveauté, faudra-t-il qu’il ait scission ? Mais ici, l’ODG fonctionne comme une « tribu », comme vous le dite, sectaire, exclusive, dirigiste. Dans ce sens, le collectif est une erreur.

D’autre part, il y a la question du nom, qui est centrale.

Dans la nouvelle définition de l’appellation donnée par l’INAO, un terroir est défini comme étant un « territoire délimité ». Donc, pas de terroir sans appellation. Et le nom appartient à l’appellation. C’est un abus de pouvoir : le terroir – et son nom - est préexistant à l’appellation. Mais comme me l’avait signalé ce même directeur de centre, ceux qui sortent de l’appellation ne font plus partie du terroir. Vous imaginez ! Comment peut-on arriver à un tel mode de pensée ? C’est totalement absurde. On en est là aujourd’hui. Mais si elle n’est pas légale, la démarche de Cousin est légitime, et tendra, compte tenu des enjeux et du fonctionnement des AOC, à apparaître de plus en plus souvent. Je fais du vin dans un terroir, avec du raisin de ce terroir, suivant les modes de production constants, reconnus par ma clientèle comme typiques : sur quelle base 


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