Buchonnet : one point !
Lefebvre : 0,5 point. C’est pas idiot comme approche (humour, je n’ai pas cette fatuité) même si cela ne s’applique sûrement pas à tous les vins et que tout le monde ne souhaite pas suivre cette voie-là, mais pourquoi ajouter le verbiage du style « renforcer l’expression de la vie des sols dans le vin » ? Voilà qui déforce entièrement le reste de l’argumentation. Personne, et certainement pas moi, ne niera l’importance du sol, de sa nature mais surtout de ses caractéristiques physiques influençant la manière dont il gère l’eau, mais un sol ne « vit » pas, et il ne transmet rien directement au vin – ou si peu. Il permet à une plante de se développer, harmonieusement si possible, d’orienter son « économie » vers le bois, ou le feuillage, ou le fruit. Il permet à l’écosystème de se développer, de modifier les composés, nitrés et autres, qui s’y trouvent ou y apparaissent. Il encourage la croissance de ce fatras biochimique que sont les bactéries (a bag full of enzymes, a-t-on pu lire), de ce gigantesque égoût naturel qu’est la couche arable (« Tierchemie ist Schmierchemie » écrivait déjà von Liebig). Pourquoi faut-il toujours mélanger une approche d’observation, de bon sens ou même de science à une littérature romanesque, romantique et à l’eau de rose ? Attention, j’adore les arômes en demi-teinte du Klevener d’Heiligenstein dans un verre, et la douce mièvrerie de W. Somerset Maughan dans ses Short Stories, mais ils ne faut pas les faire intervenir dans un avis d’agronome ou de cultivateur.
Wir sind voll und ganz einverstanden en ce qui concerne le souhait de limiter le nombre d’intrants (et si possible de les ramener à zéro, ce qui est un leurre), sur le fait que l’intérêt d’un vin réside, du moins pour autant qu’il est bon, dans son originalité et son caractère spécifique, voire unique. Idem, il vaut mieux, pour le consommateur, reconnaître tout de suite le « type » ou la provenance du vin que de boire toujours et partout la même chose. Et c’est pour le producteur la meilleure garantie de ses débouchés, en tout cas dans la durée.
Enfin, Lefebvre tu tiens un langage de vinificateur de vin blanc surtout, et qui participe de la mode de « l’oxydation maîtrisée » - j’adore cela aussi – mais ce n’est pas la seule voie. De même que ceux qui nous bassinent avec la « volatile noble » dans les rouges veulent souvent dissimuler ainsi la saleté de leur cave et la paresse de leurs populations levuriennes. Mieux vaut une souche « sélectionnée » qui fait bien son boulot qu’une population soit disant « indigène » (ça n’existe pas, il faudrait dire spontanée) qui laisse traîner les sucres et s’implanter tous les contaminants. Je viens du pays de la gueuze et on en sait quelque chose !
Voilà, une fois encore, j’ai essayé de manier la « provoc. positive » car sans contradiction la discussion ne vaut rien. Très intéressant sujet. Dans mes rêves les plus fous, on va inventer un vigneron qui serait à mi-chemin entre un oenologue façon Talence ou Geisenheim et le vieux père Reynaud à CNP ou feu Ernest Burn à Gueberschwihr. Et il « mettrait minable » les froids calculateurs « à la flying wine-makers » mais aussi les fumistes illuminés « Coulée de Serrant-like ». Et si c’était un rêve prémonitoire ..... ?