On apprend toujours en lisant certains blogs, mêm quand on croit tout savoir (qui, moi ?) ou quand les autres vous reprochent de ne pas « échanger » dès lors que vous égratignez les « gloires intouchables », surtout si elles sont steineriennes (qui ferait ça ?).
Les vignerons sont des individualistes, généralement. Mon président de cru, Bernard Rouby, le dit souvent à mon encontre et manie ce terme comme un cinglant reproche, comme une tare. Sommes-nous obligés de sombrer dans le corporatisme, dans l’esprit de « gilde » (suis flamand) pour ne pas être taxés de fachos ? On peut voir midi à sa porte et savoir qu’il existe d’autres fuseaux horaires. On peut critiquer sévèrement – mais avec courtoisie – et même ad hominem, sans déclencher de la haine.
J’ai bu en quelques jours deux vins du même vigneron, célèbre dans sa région et même au-delà, mais que je n’ai pas eu la chance de rencontrer. L’un (issu du melon) était un modèle de vivacité, de complexité, de gras et d’élégance. L’autre, même millésime pourtant, issu de folle blanche, m’a singulièrement déplu : un des plus mauvais vins que j’aie bus depuis longtemps. Or, généralement, le Muscadet m’ennuie (la plupart – ai pas dit tous !!!!- n’ont aucune ambition) alors que le Gros Plant me désaltère et que j’aime sa vivacité.
J’ai pris comme ligne de ne plus jamais critiquer publiquement le vin d’un confrère – sauf si je n’ai que du bien à en dire - depuis que je n’ai plus de plume officielle et que mes mains sont devenues celles d’un honnête homme. Donc, si j’écrivais (irréel) tout le bien que je pense du premier cité, on irait me coller une étiquette A. Tandis que si j’esquintais le second, on me traiterait de tous les noms en tant que B.
Enfin, de Moor, je ne crois pas du tout manier moins bien la langue française – ni certaines autres d’ailleurs – que les plumitifs qui débarquent chez moi, et n’ai aucune crainte à aborder quelque sujet que ce soit avec eux, sachant que souvent ils ne rendent qu’une partie de ce qu’ils ont entendu, et parfois de manière biaisée. C’est le jeu et c’est leur droit. Ils ne doivent pas se transformer en publicistes pour nos domaines. Et à te lire, toi, tu n’as certainement pas de complexe à faire non plus. Nous DEVONS les convaincre de nos convictions. Et s’ils préfèrent tendre la main au plus offrant ou au plus grand ... tant pis. C’est sans doute pour cela que la gloire ne nous étrangle pas. Pas grave !