Hervé, J'ai lu ton commentaire à midi, mais je n'ai pas eu le temps de répondre. Ce soir, Jean Michel a répondu bien mieux que moi.
Tu dis: "...encore qu’on peut se demander, en lisant les commentaires, ce que serait les AOC du Sud de la France si on avait planté du Cabernet Sauvignon partout, hein, comme à Trevallon…." Je te rejoins bien sûr. Elois Durbac a choisi à l'époque. Il ne le regrette pas. Mais ce qui est scandaleux, c'est que l'on puisse prétendre à l'appellation Baux de Provence aujourd'hui, avec 100% de cépages bordelais, dans une bouteille, parce que sur le domaine, ces cépages respectent le pourcentage autorisé. Mais ça c'est pour la petite histoire.
Quand tu dis: "A renaissance des appellations, ça vous vaut des regards admiratifs", c'est de la provocation gratuite. La grande
majorité des vignerons sont fiers de leur histoire des appellations, mais sont déçus de l'évolution qu'il en est faite. L'INAO est devenu en moins de 20 ans, une très grosse machine, ou le
formalisme supplante la logique élémentaire, ou le protectionnisme corporatiste stérilise l'évolution. Est-ce que l'IGP est une sous AOP? Non!!! Je suis désolé, et je l'ai prouvé en créant sur un
terroir "vin de pays" à l'époque, un domaine qui produit des vins de grande qualité. Est-ce que les vins de Daumas Gassac, méritent moins que les tiens en AOP? C'est là, toute l’ambigüité et la difficulté de construire une marque de qualité au travers d'une appellation. "Une appellation est une marque
collective" oui, mais plus que ça, c'est une grande pyramide: avec en bas, la base, le gros du volume qu'il faut faire évoluer vers une meilleure qualité, le milieu de la pyramide est
constitué de beaux domaines qui font bon, et qui sont l'image de cette appellation, tout en haut, au sommet, ils sont très peu, ce sont les exceptions du vignoble (les grands noms, les châteaux,
etc..., mais pas qu'eux, ils faut penser: à tous ces marginaux qui ont cru à un cépages oublié, les 1ers 100% Carignan, le regretté Jacky à la Verrerie pourrait nous en parler, le Tannat de mon
ami Alain Brumont. Il faut penser aux 1re complantations de Jean Michel, aux 1eres malos faites sur des appellations traditionnellement sans, à Chignin, par exemple, les vins de voile de Robert
Plageoles, les cuvaisons longues et les élevages longs ou en barriques, (j'ai donné!), les vignes en bio, il y a 20 ou 30 ans, les sans soufre avec une technologie méticuleuse, et les risques que
cela fait courir, les blancs macérés que l'on commence à gouter, etc...) C'est tous ces marginaux qui tire la pyramide par le haut.Alors comment les prendre en compte, et ne pas les jeter comme
cela c'est fait jusqu'à maintenant? Une appellation doit vivre et évoluer sinon elle meurt, et c'est bien là le problème. Vers quelle évolution?
J'ai été agréablement surpris de voir Jules Tourmeau répondre au texte de Jacques, sachant qu'il a passé une partie de sa carrière à Angers, qu'il connait parfaitement la région et les vignes concernées par le texte de Jacques.
Et si M. Buer s'est permis de répondre à Jacques, c'est je crois, qu'il a conscience que l'appellation a plus à perdre, qu'à gagner, (c'est
ma conviction) avec ces problèmes "marginaux" comme tu le dis ou le laisses entendre. Je pense qu'il sait d’où vient l'AOC, les erreurs commises, mais il n'a pas le droit d'en parler, les
difficultés et les atouts.Qu'il me contredise, si je me trompe.
La machine a beaucoup grossi, le pilotage est devenu complexe et surtout les vignerons que nous sommes, n'ont pas toujours été raisonnables
et courageux dans leurs décisions. L’intérêt personnel est souvent passé avant l’intérêt général. J'ai donné ma démission du bureau des Vins de Savoie pour cette raison. Hervé, je te souhaite un
bon Noël et de bien terminer cette année 2012. Michel.